Lutte contre la pauvreté : 59 millions de personnes sous-alimentées en Afrique centrale

Jeudi 3 Novembre 2016 - 19:15

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Le premier ministre, Clément Mouamba, a ouvert le 3 novembre au Complexe sportif la Concorde de Kintelé à Brazzaville, l’atelier de repositionnement institutionnel de la nutrition comme facteur de développement, en vue d’interpeller les gouvernements de la sous-région de la communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) sur la question de la malnutrition

En effet, la cérémonie a été marquée par des présentations des statistiques sur la situation nutritionnelle entre 2009 et 2016, en Afrique centrale et dans le monde. Ces données ont été présentées notamment par: le coordonnateur sous- régional de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’Agriculture (FAO) pour l’Afrique centrale, Dan Rugabira; le secrétaire adjoint chargé du département de l’intégration sociale et culture, Andres Edu Mba Mokuy, et le secrétaire général de la présidence de la République du Congo, Jean Baptiste Ondaye.

Autre temps fort : une présentation scénique des enfants, interpellant les décideurs sur la malnutrition, ainsi que les échanges sur la situation nutritionnelle au Congo : réponse, défis et opportunités; les maladies non transmissibles liées à l’alimentation et impacts socio-économique; allocation budgétaire en faveur de la nutrition et défis liés au décaissement des engagements financiers et bien d’autres.

Dan Rugabira explique dans son allocution que le monde a connu une baisse de sa population de personnes sous-alimentées passant d’un milliard entre 1990 et 1992 à 795 millions en 2014-2016 soit une diminution de 216 millions de personnes.

L’Afrique centrale qui avait environ 25 millions, de personnes sous-alimentées à la même période a vu cette population augmentée jusqu’à atteindre 59 millions. « Cette situation est d’autant encore plus grave car notre sous-région ne s’aligne pas sur les tendances mondiales et régionales à la baisse. Néanmoins, malgré cette réduction de personnes sous-alimentées, poursuit-il, le nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans en retard de croissance a particulièrement augmenté. C’est la preuve que la sécurité alimentaire, à elle seule, ne suffit pas pour améliorer la situation nutritionnelle des populations », a-t-il indiqué.

Le coordonnateur sous régional de  la FAO souligne également que l’Afrique est en crise, car lorsqu’un tiers d’enfants souffre de retard de croissance, les jeunes sont plus exposés à contracter des maladies non transmissibles et connaissent des retards scolaires plus élevés. Outre ceux-ci, l’on observe à une faible productivité et revenu, qui font qu’ils ne participeront pas pleinement au développement économique.  

Pour Jean Baptiste Ondaye, la malnutrition est devenue l’un des plus importants problèmes de santé publique car elle est la cause de la mortalité infanto- juvénile.

Selon lui, la malnutrition a un impact négatif sur la croissance économique. Les statistiques des pays de la CEEAC sur la situation nutritionnelle entre 2009 et 2013, publiées dans le rapport 2015 du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) montrent que l’’insuffisance pondérale, touche 24% de la population en République démocratique du Congo et la République centrafricaine, Angola 16%, Cameroun 15% et 12% au Congo.

 Les retards de croissance : 44% de personnes en RDC, en RCA 33%, au Cameroun 29%, Angola et le Congo 25%. La prévalence de l’émaciation est de 9% en RDC, 8% en Angola, 7% en RCA et 6% au Congo et au Cameroun. L’indice du surpoids est de 7% au Cameroun, 5% en RDC, 4% au Congo et 2% en RCA.

L’enquête de démographie et de santé réalisée en République du Congo en 2011-2012, révèle que 24% des enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance. Ce taux poursuit-il, est de 20% en milieu urbain et 30% en milieu rural. Le département de la Lékoumou présente un taux de retard de croissance le plus élevé 39% et Brazzaville le plus faible 19%.

Ouvrant les travaux en présence des membres du gouvernement, le Premier ministre, Clément Mouamba a rappelé que l’échange entre les participants venus des pays de la CEEAC ne porte aussi sur les faiblesses des systèmes de production de nourriture des différents pays de la sous-région. « Ces pays ont en commun une situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle décalée par rapport au potentiel agroécologique et la dotation factorielle dont ils disposent. La pression du droit à la nourriture a longtemps occulté la dimension nutritionnelle qui est restée très peu présente dans les stratégies publiques de définition des normes de production et de consommation. Ces stratégies ont vocation à être multidimensionnelles. Elles requièrent ainsi la contribution de plusieurs secteurs qui relèvent de l’économie, du social, scientifique du culturel et de l’environnement », a-t-il conclu.  

 

 

Lydie Gisèle Oko

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