Manifestations publiques: le Comité laïc de coordination appelle à la résistance

Lundi 8 Janvier 2018 - 17:04

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Le bras de fer se poursuit entre le gouvernement et l’Eglise catholique qui n’entend pas baisser les bras dans ses actions de rue, tout en demandant au président Joseph Kabila de déclarer publiquement qu'il ne sera pas candidat à sa propre succession.  

L'épreuve de force entre l’Eglise catholique et le pouvoir de Kinshasa ne fait que s’accentuer. Ce n’est plus le grand amour. Les rapports entre les deux parties sont désormais teintés de suspicions sur fond d’escalade verbale, dans un contexte social tendu lié au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, au-delà des délais constitutionnels. On est très loin des images fortes du chef de l’Etat congolais devisant avec le pape, au détour d’une visite au Saint-Siège. Cette symbolique de concorde entre le Vatican et le gouvernement congolais tend aujourd’hui à être sacrifiée sur l’autel des intérêts politiques avec, à la clé, un choc frontal qui risque de faire mal à la République.

Les derniers propos de l’archevêque de Kinshasa qualifiant de « barbarie » les brutalités de la police face à des chrétiens désarmés, lors des manifestations du 31 décembre, assortis de cette phrase assassine « que les médiocres dégagent », n'ont fait qu’exacerber la fracture entre l’épiscopat catholique et le gouvernement. Mal digérés par les autorités qui ont demandé à la justice de se saisir du dossier et d’établir des responsabilités par rapport aux violences et dérapages déplorés lors de la marche des catholiques, les propos du cardinal Monsengwo ont fait tâche d’huile. Alors que ses déclarations ont entraîné une levée de boucliers de la part du gouvernement qui a mis en garde le Comité laïc de coordination (CLC), initiateur de cette marche, contre toute récidive, le prélat catholique, quant à lui, demeure imperturbable.

Le CLC appuyé par le Nonce apostolique

Les menaces du gouvernement paraissent n’avoir aucun effet sur sa personne.  L’homme de Dieu, dont la démarche s’inscrit dans l'histoire de l’Église du Congo, engagée depuis l'indépendance (1960) dans les questions de société, est resté égal à lui-même faisant honneur à sa réputation d'opposant numéro un. De quoi requinquer le moral des membres du CLC qui, forts du soutien de l’archevêque de Kinshasa à leur action, ont appelé le peuple congolais à la résistance. Dans un communiqué publié le 6 janvier, cette structure de l’Eglise catholique a, en effet, invité les chrétiens et les « hommes et femmes de bonne volonté à la résistance et à la persévérance ».

Sur la même lancée, le Nonce apostolique, Luis Mariano Montemayor, a, dans un communiqué, appuyé l’action du CLC en n'excluant pas l’organisation d’autres initiatives dans les prochains mois. « Il faut se préparer à répondre aux éventuelles adhésions dans votre circonscription ecclésiastique », a déclaré le représentant du Pape, légitimant du coup l’initiative du CLC qui ne demande pas mieux que l’application intégrale de l’accord du 31 décembre 2016. 

Un bras de fer jusqu'à quand?

Le désamour s’est donc installé entre le clergé catholique et le gouvernement qui, d’après certaines indiscrétions, envisagerait l’option de mettre le cardinal (désigné comme instigateur de la marche du 31 décembre 2017) derrière les barreaux via un processus judiciaire qui serait en train d’être concocté dans les officines du parti présidentiel. Ce qu’a démenti le président de la Ligue des jeunes de ce parti, Patrick Nkanga Bekanga, pour qui il s’agit là d’une simple intoxication.

Qu’à cela ne tienne. Une chose est sûre, c’est que l’Eglise catholique, sous la houlette du cardinal Laurent Monsengwo, vient de détrôner l’opposition politique de son piédestal en s’affichant comme l’unique contre-pouvoir dans un environnement social majoritairement catholique, malgré la prolifération des églises évangéliques dites du « réveil » disqualifiées, selon des analystes, du fait de leurs accointances avec la « Kabilie ». Jusqu'à quand va durer ce bras de fer pouvoir-Eglise catholique ? L’avenir nous le dira.   

Alain Diasso

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