Marie Misamu : des souvenirs toujours vivaces

Samedi 23 Janvier 2016 - 15:30

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Après Alain Moloto, les funérailles de Marie Misamu pourraient vraisemblablement donner lieu à un débordement. L’engouement, ou mieux, l’attraction que continue d’exercer la défunte sur l’imagerie collective des kinois est sans pareille.

Depuis la nouvelle de son décès à ce jour, la ville est quasi suspendue sur cette triste actualité avec, en toile de fond, une médiatisation à outrance qui n’a d’égale que la sympathie vouée à cette cantatrice d’exception. Difficile dans ces conditions, de tout canaliser vers l’Association des artistes-musiciens chrétiens dont le monopole dans l’organisation des obsèques a été plus d’une fois mis à mal par des personnes sans foi ni loi, jouant aux trouble-fêtes. Des esprits malins ont, en effet, profité de cette circonstance exceptionnelle pour réaliser de bonnes affaires en exploitant à des fins mercantiles l’image de Marie Misamu. Des T-shirt ou encore des macarons frappés à l’effigie de l’illustre disparue continuent de se vendre comme des petits pains, au grand dam du Comité d’organisation visiblement dépassé. Dieu seul sait si les fonds ainsi récoltés seront canalisés vers la famille biologique de la défunte. Entretemps, les derniers albums de la star sont devenus quasi introuvables sur le marché suite à une demande toujours grandissante.

Et comme si cela ne suffisait pas, le corps sans vie de Marie Misamu enveloppé dans un drap était posté sur le net. D’autres encore le montrant quelques instants avant d’être enfouie dans un des tiroirs de la morgue ont choqué plus d’un et crée un tollé général dans l’opinion. Qui a pris ces photos ? Pour quelle motivation ? Nul ne sait.  Saisi, l’inspecteur général de la Police nationale/ville de Kinshasa a vite fait de mettre la main sur les agents de la morgue de l’hôpital Ngaliema sur qui pèsent d’énormes soupçons. En attendant de tirer au clair cette affaire, d’autres initiatives plus constructives ne cessent d’être prises par ceux qui avaient porté à cœur cette étoile filante du gospel congolais. Ses pairs artistes musiciens se sont organisés par petits groupes pour lui rendre hommage à travers des chansons mixées à la va-vite dans des studios de Kinshasa. Leurs collègues de la musique populaire ne sont pas en reste et entendent, eux aussi, rendre à la regrettée une fière chandelle. A leur manière bien entendu.

Plus de doute. Kinshasa, Brazzaville et toute l’Afrique continuent de pleurer cette cantatrice qui aura été une des premières à avoir booster la musique chrétienne dans les années 90 à l’ombre de feu Debaba. A ses côtés, elle a développé le style gospel avec la sortie notamment de son premier album « Dieu reconnaît tout » qui connu un succès retentissant. Dans la foulée, elle a aiguillé son talent aux côtés d’autres grands noms du gospel à l’image de feu Charles Mombaya, le tout assaisonné par des collaborations artistiques enrichissantes avec de nombreux artistes émérites. Il était écrit quelque part, qu’elle serait une célébrité et son parcours l’a démontré. C’est à l’âge de onze ans que Dieu l’avait placé sur orbite. Après l'école, ses amis se réunissaient autour d'elle pour l'entendre chanter. Prémonitoire, cette séquence de son enfance prouve à suffisance qu’elle était l’élue de Dieu et qu’elle n’allait qu’arpenter une voie déjà tracée et déblayée  jusqu’à titiller les cimes du succès.  

Au-delà de ses qualités artistiques incommensurables, le personnage forçait l’admiration de par son esprit d’ouverture marqué par une générosité hors pair. Sans frontière, elle côtoyait tout le monde, se refusant de mettre des barrières sur ses épanchements de cœur. Née le 16 novembre 1974 à Kinshasa, elle meurt curieusement le 16 janvier 2016, comme si le chiffre seize en elle cachait tout un mystère, celui d’une destinée dont personne ne saura en décrypter les contours si ce n’est son seul créateur. Dieu a donné, Dieu a repris.   

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Marie Misamu

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