Massacres à Beni : la Cojeunak plaide pour le remplacement de la chaîne de commandement militaire

Jeudi 27 Septembre 2018 - 18:00

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Les jeunes nande vivant à Kinshasa ont donné de la voix, suite à un énième acte de barbarie commis dans la région, ouvrant ainsi le bal à de multiples suspicions et gesticulations. 

La Coordination de la jeunesse nande vivant à Kinshasa ( Cojeunak) a réagi, le 27 septembre, aux massacres perpétrés à Beni. Par la voix de son porte-parole, Trésor Kakule Kolobani, la Cojeunak a décrié le silence du gouvernement congolais et de la communauté internationale face à « des atrocités qui sévissent au Nord-Kivu ». « Contrairement au phénomène Kamwina N’sapu, la situation de Beni semble n’être la priorité puisqu’il n’y a jamais eu des morts d’experts internationaux  », s'est indignée la Cojeunak.

Dénonçant une attitude jugée de « reflexes discriminatoires » de la part de l’ONU, ces jeunes nande trouvent, en effet, inconcevable qu’en dépit de la  tuerie des quatorze Casques bleus tanzaniens, la Monusco reste toujours une « mission d’observation des morts ».

Une situation préméditée

Après analyses et observations de toutes les démarches entreprises jusque-là pour trouver une trêve aux massacres de Beni, la Cojeunak dit conclure qu’il y a une machine d’implantation de la  population allochtone d’origine inconnue qui est en marche dans cette partie de la République démocratique du Congo. « Pour les plus indiscrets, cela démontre un conflit géopolitique car la zone où les présumés ADF sont actifs est située en plein bloc pétrolier du graben albertine. D’où une volonté délibérée de dépeupler la région où les Nande sont majoritaires, pour y placer des personnes qui seront là pour sacrifier la région nord du parc des Virunga en échange des pétrodollars dans un réseau mafieux au modèle du trafic illégal du coltan congolais », a soutenu la Cojeunak qui pense que ces hostilités constituent un génocide bien planifié et non du terrorisme.

Face à cette réalité, les jeunes nande estiment que les ministres ayant la responsabilité de la défense, de l’intérieur, de la justice et des affaires étrangères devraient démissionner d’eux-mêmes pour avoir failli « au sens patriotique à leurs missions respectives ». L’intensité et la durée des atrocités que subit la population de Beni, sont-ils convaincus, ne devraient laisser personne indifférente.

Aussi, la Cojeunak en appelle à l’humanisme de tous ceux qui peuvent aider à trouver la solution rapide et durable, afin de mettre en œuvre leur expertise au bénéfice de la population traumatisée par ces massacres. « Les massacres du samedi 22 septembre 2018 sont une manière de remuer le couteau dans la plaie d’une population déjà meurtrie, traumatisée et, même, troublée par l’épidémie à virus Ebola, accentuant ainsi l’inquiétude du sort d’un peuple déjà amoindri par des hostilités, enlèvements, kidnapping, incendies, vol, viol, etc., qui sont devenus un mode de vie dans toute la province du Nord-Kivu », ont regretté ces jeunes nande.

Ils ont dit attendre des autorités compétentes la traçabilité des équipements militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo, plusieurs fois retrouvés auprès des égorgeurs, semant la confusion entre les présumés ADF-Nalu et les forces loyalistes, présageant la trahison au sein de l’armée congolaise. Ces jeunes nande ont exhorté également à la relève et au remplacement de la chaîne de commandement militaire par des non originaires, « les anciennes unités étant gangrenées par des opérations floues de mixage et brassage des ex-rebelles, œuvrant toujours dans le même milieu et qui, souvent, n’obtempèrent qu’aux commandements des leurs ex-chefs hiérarchiques ».

La Cojeunak a plaidé également pour l’application stricte de l’interdiction des déplacements massifs des personnes inconnues vers des zones touchées directement par des massacres, conformément à la note circulaire provinciale; ainsi que pour la mise en place d’une enquête indépendante internationale afin de mettre à nu la supposée guerre asymétrique et répartir les responsabilités dans ces massacres.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Le logo de la Cojeunak

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