Médecine pour tous. Le souffle au cœur

Jeudi 9 Mai 2019 - 12:16

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Définition et mécanismes des souffles cardiaques

Le souffle est un bruit vibrant prolongé, distinct des bruits normaux du cœur, perçu par le médecin à travers le stéthoscope posé sur la zone du cœur.

L’échocardiographie-Döppler a désormais établi que les souffles correspondent aux turbulences qui se produisent au niveau des orifices du cœur.

Les mécanismes des souffles peuvent être expliqués à partir des repères anatomiques ci-après du cœur normal. Celui-ci comporte deux parties séparées par une cloison musculaire commune (septum), le cœur gauche qui draine le sang oxygéné (sang rouge vif) et le cœur droit qui draine le sang désaturé (sang couleur « vin rouge »). Le cœur gauche, comprend le ventricule gauche (VG) et l’oreillette gauche (OG). Celle-ci reçoit le sang rouge vif oxygéné par les poumons et l’envoie au VG selon un rythme régulier. Le VG gauche propulse ce sang oxygéné (O2) à tout l’organisme par l’aortetronc de toutes les artères. Le ventricule droit (VD), alimenté par l’oreillette droite (OD) selon un schéma identique, envoie le sang désaturé (CO2aux poumons par l’artère pulmonaire, vaisseau unique auquel il est connecté. Les poumons débarrassent ce sang du CO2 et le rechargent en oxygène puis l’envoient au cœur gauche, et le cycle recommence. On comprend à travers ces mouvements que le cœur a quatre orifices qui sont ainsi appelés : connexions VG-OG ou valve mitrale, VG-aorte ou valve aortique, VD-OD ou valve tricuspide et VD-artère pulmonaire ou valve pulmonaire. Les valves sont également appelées «orifices». En cas de lésions des orifices du cœur (rétrécissement ou dilatation/déchirure), la circulation du sang sera troublée par des turbulences et des vibrations. Celles-ci résultent du gradient de pression entre l’amont et l’aval de la lésion (ex: 160 et 100 mmHg) qui accroît la vitesse de la circulation sanguine. Parfois, il n’y a pas de lésion mais une simple accélération de la vitesse circulatoire du sang (cas de l’anémie par exemple).

Au totalles souffles cardiaques sont attribués à l’un des mécanismes suivants : a) augmentation du flux sanguin à travers une valve normale ou anormale ; b) écoulement à travers un orifice rétréci ou irrégulier ; c) écoulement sanguin à contre courant, à travers une valve non étanche ou à travers un orifice anormal (shunt) ; d) rétrécissement de l’isthme de l’aorte (=jonction crosse–aorte thoracique).

Classification des souffles. Selon la phase d’activité du cœur (systole/contraction=éjection, diastole/repos =remplissage) et selon le siège de la lésion, on distingue : A) Les souffles systoliques. Ils se produisent au niveau des orifices du cœur : aortique, mitral, tricuspidepulmonaireshunt (communication inter-ventriculaire notamment). B) Les souffles et roulements diastoliques, siégeant aux mêmes orifices. C) Le souffle continu, sous-claviculaire gauche, du canal artériel (=communication aorte-artère pulmonaire).

Causes du souffle au cœur. A) Chez l’enfant et l’adolescent les souffles sont souvent fonctionnels (=sans lésion). Cependant, il faut savoir penser aux malformations congénitales (communication inter-ventriculaire notamment), aux obstacles divers, etc. Dans les pays en voie de développement prédominent en outre les séquelles valvulaires du rhumatisme articulaire aigu lui-même conséquence des angines à répétions. B) Chez l’adulte il s’agit souvent du rétrécissement athéromateux des orifices du cœur (rétrécissement aortique notamment), des infections et des destructions des valves (endocardite infectieuse), etc. Enfin, l’anémie est souvent accompagnée d’un souffle au cœur.

Conduite à tenir devant un souffle au cœurAfin de ne pas passer à côté d’une lésion curable (cardiopathie congénitale notamment), il est raisonnable, chez l’enfant comme chez l’adulte, de pratiquer un bilan minimal qui orientera. Celui-ci comprendra un électrocardiogramme, une radiographie du thorax et une échocardiographie-Döppler. En effet, désormais presque toutes les maladies du cœur sont curables (médecine, chirurgie, cardiologie interventionnelle).

Prévention du souffle au cœur. Principalement, il faut faire le dépistage systématique des cardiopathies congénitales, lutter contre l’athérosclérose et prévenir le rhumatisme articulaire aigu, pourvoyeur des valvulopathies acquises de l’enfant et de l’adolescent, par un traitement antibiotique des angines.

Conclusion. Le souffle au cœur est dans bien des cas fonctionnel. Cependant, il faut accepter que le médecin en fasse le bilan afin de ne pas passer à côté d’une lésion dont les complications ne s’annonceront que tardivement.

Christophe Bouramoué, professeur émérite, nbouramoue@yahoo.fr

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