Médias : FFJ dénonce l’arrestation d’un journaliste à Kinshasa

Lundi 13 Juin 2016 - 16:04

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Le professionnel des médias est la tête d’affiche d’une contestation contre la hausse des prix d’Internet.

L’organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist (FFJ), a exigé, le 12 juin, la relaxation sans condition de Patient Ligodi, journaliste et directeur de Univers FM, une radio émettant à Kinshasa et de Politico.cd, un journal en ligne publié à partir de Kinshasa.

Dans un communiqué, l’ONG a noté que Ligodi a été mis en état d’arrestation le 11 juin vers 22 heures, par des hommes en tenue civile se réclamant des services de sécurité qui l’ont interpellé avant de le conduire à un endroit non encore déterminé. FFJ a précisé que ce journaliste a été interpellé en pleine manifestation pacifique nocturne baptisée « Nuit débout »- en ressemblance avec le mouvement anti-Loi de travail en France - devant l’immeuble du gouvernement à Gombe, en signe de protestation contre la hausse de prix de fourniture de service Internet. « Ligodi doit être immédiatement libéré puisque les effets de la cause qu’il a défendue se sont non seulement ressentis dans l’opinion mais aussi puisqu’il s’agit d’une exigence pour le public d’accéder à l’information qui a été entamée. C’est une faiblesse du gouvernement et il devra l’assumer », est-il souligné dans un communiqué de chairmanship de FFJ.

Il est noté que les opérateurs de télécommunication ont tous drastiquement revu à la hausse le prix d’Internet mobile dans le pays. Il y a peu, 50 gigabits coûtaient 100 dollars américains alors qu’aujourd’hui, le même volume coÜte 500 dollars américains. « Aucune explication n’a été donnée tant par les opérateurs que par le gouvernement pour justifier cette hausse vertigineuse du coût alors que la tendance mondiale est à la gratuité », a relevé FFJ.

FFJ a fait observer que les médias ainsi que les entrepreneurs du numérique sont parmi les plus affectés. Plusieurs médias congolais ont entamé leur transformation digitale en proposant des offres adaptées à un public de plus en plus connecté. « Des ‘’grands’’ médias traditionnels kinois par exemple se déploient de plus en plus sur Twitter, YouTube et Facebook en plus de leurs sites Internet. On constate également la floraison des pureplayers d’infos qui offrent une alternative aux canaux traditionnels. Ce développement va sans doute être stoppé par cette hausse du cout d’accès qui impacte déjà tant sur les producteurs d’informations que sur les consommateurs finaux », a regretté FFJ.

Cette association a également rappelé que le député Patrick Muyaya a adressé le 27 mai une question écrite au Vice-premier ministre et ministre des Nouvelles technologies de l’information et de la Communication, Thomas Luhaka, sur cette hausse du coût d’Internet mobile dans le pays.

Un autre journaliste menacé sous l’instigation d’un ministre

L’ONG a, par ailleurs, désapprouvé la menace d’agression, le 09 juin, de Michel Koyakpa, journaliste à Canal Congo Télévision (CCTV).

Citant les informations qui lui sont parvenues, FFJ a noté qu’« un groupe d’hommes munis de gourdins, accompagné d’éléments de la Police nationale armés, se réclamant du ministre de l’Aménagement du territoire, urbanisme et habitat, Omer Egwake, s’est pointé au siège de la télévision, dans la commune de la Gombe exigeant, avec agressivité et insistance, de voir Koyakpa qu’ils ont dit vouloir corriger pour des faits qu’ils ont jugés répréhensibles contre Omer Egwake, ancien membre du MLC, passé dans la Majorité présidentielle ». « Accompagnés de l’épouse du ministre, Mme Maty Pindi, ils ont cherché à m’avoir pour m’agresser en expliquant au gardien posté à l’entrée de notre chaîne que s’ils m’avaient eu, ils allaient en finir avec moi », a déclaré Koyakpa, à FFJ.

FFJ a admis qu’un des proches du ministre joint au téléphone n’a pas souhaité s’exprimer. Par ailleurs, le journaliste a reconnu n’avoir réalisé aucun reportage télévisé sur une activité du ministre qui donnerait lieu à ce qui a paru à ses yeux comme une descente punitive. « Qu’il soit établi qu’il s’agit d’une affaire privée ou liée à l’exercice de son métier d’informer, la personne attaquée reste attachée à sa fonction de journaliste et la partie lésée devrait préciser la raison d’une telle menace qui s’apparente à une expédition punitive dans ce pays où les dirigeants, réputés pour la plupart détourneurs des biens de l’Etat, poursuivent tout journaliste gênant pour imputations dommageables, chef d’inculpation pour lequel, il est facilement condamné au regard d’une loi liberticide sur la presse», a dénoncé FFJ.

Lucien Dianzenza

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