Mémoire : Il y a 25 ans s’éteignait Sony Labou Tansi

Jeudi 11 Juin 2020 - 18:45

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Marcel Ntsoni, plus connu sous son nom de plume Sony Labou Tansi, est l’un des plus grands écrivains du Congo Brazzaville. Le 14 juin, le monde littéraire francophone commémore les 25 ans de sa mort. L’artiste continue à marquer les esprits par ses œuvres.  

Sony Labou Tansi est mort à Brazzaville le 14 juin 1995 à 47 ans en République du Congo. Le 5 juin, il aurait eu 73 ans d’âge s’il était encore en vie. Toutefois, on peut dire que Sony est toujours vivant à travers l’abondante œuvre littéraire et culturelle qu’il a léguée à la postérité. Une œuvre qui continue d’inspirer de nouvelles générations d’écrivains et d’artistes de scène comme Alain Mabanckou, Habib Marius Nguié, Dieudonné Niangouna, Morley Moussala, Leslynna Bery, etc. L’homme fut en effet un être pluridisciplinaire, il était à la fois romancier, dramaturge, poète, comédien et pédagogue. Sans oublier le fait qu’il a flirté un peu avec la politique comme représentant du peuple au Parlement, où il ne siégeait presque pas, parce que ne pouvant supporter la fourberie du monde politique.

 Sony était vrai et véridique comme le témoigne la plupart de ceux qui l’ont connu. Ce trait de sa personnalité transparait visiblement à travers sa plume et ses interventions publiques. Son discours captivant et anticonformiste, émaillé d’images percutantes, lui donnait l’air d’un personnage atypique. A l’écrit comme au parlé, il était le même, constant dans son caractère et dans son style. Ses œuvres à effet de fiction frisent une certaine révolte face aux vilénies existentielles et aux maux de toutes les races. La dérision était son fort, riant de toutes les situations, même les plus fâcheuses par la magie de la démesure ou de l’amplification du langage. 

De 1979 à 1995, Sony a publié des ouvrages majeurs qui lui ont valu une grande notoriété sur le plan national et international. Il s’agit entre autres de « La Vie et demie », « L'Anté-peuple », « Les sept solitudes de Lorsa Lopez » publié de son vivant. Certains de ses manuscrits ont été édités à titre posthume comme « La Rue des mouches » ou « Une chouette petite vie bien osée ». Prix RFI théâtre 1979, grand prix littéraire d’Afrique noire, palme de la francophonie et bien d’autres trophées lui ont été décernés de son vivant. Un prix Sony Labou Tansi a été même créé depuis 2003 en France pour la promotion du théâtre contemporain d’expression française. La dernière nominée pour ce prix est Marine Bachelot Nguyen au sujet de sa pièce intitulée « Le fils ».

La passion que Sony a eue du théâtre le poussa à abandonner la profession d’enseignant au profit de l’écriture et des arts scéniques. Pour mieux vivre cette vocation, il a fondé en 1979 la troupe Rocado Zulu Théâtre, évoluant aux côtés de Nicolas Bissi, Marie-Léontine Tsibinda... Un espace éponyme perpétue son action culturelle à Brazzaville. M. Célestin Ganongo, directeur du Cercle culturel Sony Labou Tansi, affirme que « Sony Labou Tansi est l’un des ténors de l’histoire culturelle congolaise et francophone. Il a formé de nombreux artistes et a écrit beaucoup de livres en quelques années ; des écrits qui sont lus et étudiés ici et ailleurs. Sony Labou Tansi mérite un digne hommage pour cette immense richesse immatérielle qu’il nous a léguée, un véritable trésor qui anoblit notre mémoire, notre identité et le patrimoine universel. Nous devons l’exploiter, le promouvoir et en faire bénéficier aux nouvelles générations ».  

Quant à Daniel Matokot, auteur d’un essai littéraire sur Le rire carnavalesque dans les romans de Sony Labou Tansi, « les romans de Sony Labou Tansi se laissent difficilement enfermer dans une classification. Le renouvellement du discours romanesque négro-africain apporté par le style Laboutan se remarque, non seulement par le choix et l’originalité des thèmes abordés, mais surtout dans la volonté de créer une écriture nouvelle ». Sony est donc considéré comme un auteur original. Même après un quart de siècle après sa mort, « ce monstre de la plume » (c’est comme ça que le poète Gaetan Ngoua qualifie Sony) continue de nous parler et d’éveiller les consciences par son génie et l’exemple de sa vie.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

L'écrivain congolais Sony Labou Tansi

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