Meurtre de deux experts onusiens : Ouverture du procès sur fond de contestation de la Cour militaire

Mardi 6 Juin 2017 - 16:17

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Le tribunal militaire de Garnison de Kananga est, selon la défense, incompétent pour traiter de l’affaire, de par les personnes qui y sont déférées et de par la matière à traiter.

 

Comme promis, il s’est ouvert le lundi 5 juin dernier à Kananga le procès des présumés assassins de deux experts de l’ONU tués dans le Kasaï central en mars dernier dans des circonstances non encore élucidées. C’est sur des bases contestataires que cette affaire se négocie avec, en toile de fond, l’incompétence du tribunal militaire de Garnison de Kananga soulevée par la défense dès la première audience. La défense met en cause l’incapacité de la Cour militaire à mener à bien ce procès qui, selon elle, résulte d’une « enquête bâclée » qui aurait dû être approfondie. À la barre, seulement deux prévenus sur les seize au total, quatorze autres s’étant volatilisés dans la nature.

Les avocats de ces deux accusés dénoncent notamment la théâtralisation de ce procès qui présage un verdict biaisé d’avance. « La justice militaire incrimine un élève et un coupeur de noix de palme », ironise Me Serge Miseka à cette séance d’ouverture consacrée à l‘identification des prévenus. Il remet en cause la qualité des personnes composant la Cour militaire ainsi que la matière à traiter estimant que les faits pour lesquels on accuse ses clients sont obscurs. Une seule question, a-t-il déclaré, « a été compartimentée en six questions».   

Et d’ajouter : « Il est vrai que les experts sont morts. Mais ils sont morts comment et par qui ? Par l’élève qui avait le cahier ou par le grimpeur de noix de palme. C’est ce qui nous pousse à déclarer que le tribunal est incompétent ». Il plaide pour un procès équitable et que justice soit faite pour les uns et les autres. Enfonçant le clou, Me Serge Miseka estime que beaucoup des choses ne sont pas du tout claires dans ce procès qui ne rassure guère en termes de crédibilité.

De leur côté, les Nations unies soupçonnent le gouvernement congolais d'avoir enquêté un peu trop vite. Pour Washington, Michael Sharp, Zaida Catalan et leurs familles méritent justice et l’on a intérêt à approfondir l’enquête pour véritablement découvrir le pot aux roses.  

 

Alain Diasso

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