Mildred Moukenga : « La foire culturelle vise à sensibiliser les populations à la connaissance et la valorisation du patrimoine culturel congolais »

Dimanche 30 Juillet 2017 - 15:47

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Du 24 août au 02 Septembre 2017, Mildred Moukenga, promotrice culturelle, organisera la première édition de la foire culturelle du Congo.  Prélude à cette foire, le quotidien "Les Dépêches de Brazzaville" s'est rapproché de l’initiatrice de ce concept pour en savoir plus.

Dépêches de Brazzaville (DB). Qu' entendez-vous par la foire culturelle du Congo ?

Mildred Moukenga (MM). La foire culturelle du Congo est un instrument que nous mettons en place pour essayer de pallier ce grand fléau, qui est l’acculturation de notre société. Une manière de faire un retour à notre source culturelle pour y puiser les valeurs humaines ultimes et passer au modernisme sans s’aliéner. La foire culturelle du Congo, c’est donc un nouveau concept que nous avons créé afin de nous aider à conserver durablement et en sécurité notre patrimoine culturel tout en le mettant disponible au grand public. Chaque année nous donnerons aux Congolais l’occasion de connaître en profondeur la culture d’un département. De la Likouala au Kouilou, nous compterons au moins une douzaine d’éditions.

DB. A quand  la première édition et sur quel thème ?

MM. La première édition aura lieu du 24 août au 02 septembre 2017 au gymnase Nicole-Oba à Talangaï sur le thème : "Les profondeurs de la Likouala" ; une opportunité pour ceux qui n’ont jamais visité ce département de découvrir sa richesse. Nous exposerons des objets antiques, comme le "Mokoto" ou le "Mougondo", un instrument de musique, qui a longtemps joué un grand rôle pour faciliter la communication dans les villages, on pourrait dire qu’il est l’ancêtre du téléphone. Nous présenterons quelques mets célèbres originaires de ce département, les recettes seront éditées et publiées.

DB. Pourquoi un tel concept ?

MM. Tout d’abord il est important de rappeler que la culture touche tous les domaines de la vie humaine. Sa définition est contextuelle. Il y a culture comme connaissance ou sagesse, culture comme production agricole ou encore culture comme civilisation d’un peuple, et comme instance spirituelle et normative de la société. La culture fait de l’être humain un être historique, le détermine dans son expression fondamentale, dans ses actes. Sa singularité et dans sa vision du monde. Dans cette logique, on ne peut pas considérer une personne sans culture. Par ailleurs, le choc culturel causé par la mondialisation et le rythme très accéléré du brassage culturel, crée chez certaines personnes une profonde désorientation. Le changement qui se fait de manière trop rapide en milieu culturel, a plusieurs conséquences telles que la perte et le refus de l’identité culturelle, mais aussi un déséquilibre interne tout simplement. Ce qui justifie souvent un manque d’intérêt pour notre propre culture et notre histoire.

DB. Qu’est ce qui sera exposé au cours de cette foire ?

MM. Il y aura des expositions d’objets d’art, les danses, les rites, l’art culinaire et les mythes seront également présentés au cours de cette foire. Outre les expositions, nous parlerons des mythes. Car, un peu comme la mythologie grecque, que nous étudions d’ailleurs à l’école, il est important que nous connaissions nos propres mythes. Nous devons apprendre à faire parler les personnes âgées et à écrire nous-même, notre histoire car il y a un grand déséquilibre entre les récits écrits de l’extérieur et ceux écrits de l’intérieur. Plusieurs ethno-sociologues l’ont d’ailleurs souligné. Les récits et les contes seront également dits pour les enfants afin de leur faire découvrir des héros et des héroïnes de leur propre histoire, comparable aux récits de Cendrillon, de Raiponce, d’Arielle ou encore de Blanche Neige. La foire culturelle du Congo est donc une campagne de sensibilisation des populations à la connaissance, la préservation et la valorisation de notre patrimoine culturel.

DB. Craignez-vous la disparition de la culture ancestrale ?

MM. Dès lors que nous avons honte de parler nos dialectes,  nos propres enfants ne les parleront certainement pas. Nous nous sommes débarrassés aussi de la  majorité de nos objets antiques, car nos religions nous l’interdisent. Notre art culinaire, nos us et coutumes sont victimes de marginalisation. Ce désintéressement fera de nous des aliénés, des acculturés et des déracinés si nous ne bouleversons pas la tendance. Nous sommes portés à croire que dans les années à venir, notre culture risquerait de disparaitre du fait de son abandon par nous-mêmes au profit des autres cultures. C’est donc pour cette raison que nous avons pensé qu’il est temps de défendre notre culture.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo : Mildred Moukenga, promotrice culturelle initiatrice du concept Foire culturelle du Congo

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