Mission du FMI en RDC : trois déclarations fortes de l’équipe des évaluateurs

Jeudi 6 Juin 2019 - 19:30

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Les déclarations se rapportent à la confirmation du doublement des activités non minières l’année en cours, la nécessité d’une mobilisation plus forte des recettes internes et enfin aux améliorations nécessaires à apporter au niveau de l’environnement des affaires et des investissements.  

Publié le 5 juin, le communiqué de presse des services du Fonds monétaire international (FMI), au terme de la mission d’évaluation  au titre de l’Article IV en République démocratique du Congo (RDC), ne contient en fait que des conclusions préliminaires. En outre, les opinions émises ne reflètent pas nécessairement celles du Conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods dont les décisions sont très attendues. En fait, elles serviront à la rédaction d’un rapport plus exhaustif qui sera présenté au Conseil d’administration pour examen et décision après bien entendu l’approbation de la direction.

Au terme de cette visite en RDC s’étalant du 22 mai au 5 juin, les services du FMI ont projeté un doublement des activités non minières au courant de cette année. Cette situation, note le document officiel, serait le fruit de la hausse des investissements publics et de l’optimisme post-électoral. « A moyen terme, la croissance globale avoisinerait 4 % sur la base des politiques actuelles, même si la mise en œuvre de réformes structurelles devrait stimuler la croissance, en particulier dans le secteur non minier », peut-on lire.

Par ailleurs, cette belle remontée peut être expliquée par le ralentissement de l’activité minière dans un contexte d’affaiblissement des prix du cobalt. Cet essoufflement intervient après la forte augmentation qui a conduit à une hausse plus rapide de la production minière. En effet, l’augmentation de la production minière a permis, à l’époque, de compenser le ralentissement de la croissance du produit intérieur brut (PIB) non extractif. Pour cette année, les évaluateurs projettent donc un ralentissement à 4,3 % de la croissance du PIB, à la suite du ralentissement de l’activité minière. Malgré tout, ils constatent une consolidation de la stabilité macro-économique en 2018 grâce aux politiques prudentes du gouvernement de la République depuis mi-2017.         

Accélérer l'adoption de la loi anticorruption

Selon les évaluateurs, les premières discussions depuis 2015 entre la RDC et le FMI ont porté sur les politiques visant, à terme, à diversifier l’économie et à s’attaquer aux niveaux élevés de pauvreté et de chômage. Pour y parvenir, les options envisagées sont, entre autres, « la réduction de la réglementation, la simplification et la consolidation des impôts et des paiements fiscaux, l’amélioration de la gouvernance et l’intensification de la lutte contre la corruption et la recherche des rentes ». Tout cet arsenal de mesures devrait aider à améliorer l’environnement des affaires et encourager les investissements du secteur privé. Par conséquent, la mission invite les autorités congolaises à accélérer l’adoption du projet de loi anticorruption et de la loi portant création d’une Commission indépendante de lutte contre la corruption. Il s’agit, insiste-t-elle, des mesures essentielles pour assurer la crédibilité du gouvernement de la République dans sa quête permanente de croissance inclusive.  

Entre les deux volets de discussions précités, il y a bien entendu la sempiternelle question de la mobilisation des recettes publiques. Si les services du FMI reconnaissent la cohérence des plans de réhabilitation et de construction des infrastructures par rapport à la recherche de la croissance durable et inclusive en RDC, par contre ils insistent bel et bien sur la nécessité de créer des bases plus solides pour la mobilisation des recettes. L’équipe du FMI a « exhorté » le gouvernement de la République à rationaliser les dépenses fiscales, consolider les diverses sources de recettes minières au sein du Trésor et promouvoir la transparence dans la gestion des ressources naturelles. En s’assurant de la bonne mise en œuvre de ces mesures, les autorités nationales disposeront sans aucun doute d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire et d’une capacité d’emprunt accrue pour soutenir les investissements publics et les priorités sociales.

Laurent Essolomwa

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