Modification de la Constitution : Vital Kamerhe redoute le prolongement du mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016

Lundi 20 Octobre 2014 - 16:12

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L’opposant continue de faire une fixation sur l’échéance du 19 décembre 2016 qui, théoriquement, est censée consacrer la fin du mandat de l’actuel président de la République.

Président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe s’affirme au jour le jour comme un des prétendants sérieux dans la course à la présidentielle de 2016. Relayant la voix de plusieurs acteurs tant de la société civile que de l’opposition qui se sont déjà prononcés contre la révision constitutionnelle, Vital Kamerhe estime que c’est la voie obligée pour épargner à la population les effets néfastes d’une guerre civile tant redoutée. Il l’a déclaré au détour d’une récente interview sur le site Afrikarabia et rendue par Christophe Rigaud.

Dans cet entretien, l’ex speaker de la chambre basse exhorte le chef de l’État à passer le relai moyennant des garanties que lui accorderait un statut spécial pour les anciens présidents de la République au risque de faire sombrer le pays dans des affrontements. D’après lui, il n’y a pour l’heure aucun consensus pour modifier la Constitution comme en témoigne le front commun érigé contre cette approche par la quasi-totalité des composantes sociales. Ces dernières se sont liguées contre l’initiative de révision de la Constitution, à commencer par l’opposition, la société civile, le président du Sénat, une partie de la majorité etc.

Analysant les signaux qu’envoie le pouvoir par rapport à cette question cruciale, Vital Kamerhe entrevoit quelques scenarii. Primo, il y a le forcing que risquerait de faire le président Joseph Kabila au Parlement en vue de réviser la Constitution, un schéma difficile à se concrétiser du fait de la division entretenue au sein de la majorité sur cette question avec, à l’opposé, une unicité de vue au sein de l’opposition. Secundo, il est question de faire passer cette approche par le référendum populaire avec le risque que le « Non » l’emporte au regard du climat social délétère de ces derniers mois. Tertio, la majorité peut opter pour la stratégie du glissement du calendrier en misant sur un vaste recensement de la population. Le pays n’ayant pas de voies de communication avec environ soixante-dix millions d’habitants à recenser, l’opération pourra prendre au minimum trois à quatre ans. Là-dessus, Vital Kamerhe vend la mèche en ces termes : « En commençant ce recensement fin 2015, il terminera vers 2020. Au bas mot, Joseph Kabila aura gagné un mandat supplémentaire de cinq ans ». Le dernier scenario que caresserait le pouvoir, de l’avis de Vital Kamerhe, consisterait à « créer des troubles partout, aux quatre coins du pays… avec des groupes armés comme les ADF-Nalu, Cobra Matata, les Simba, les Bakata Katanga ». Dans ce quatrième scénario, Joseph Kabila chercherait, d’après l’opposant, « à créer un régime de peur pour instaurer une gouvernance d’exception ».

Pour un dialogue conforme à l'Accord-cadre

En tout état de cause, le leader de l’UNC soutient l’idée du dialogue prôné par le chef de l’État qui tend à s’ouvrir à l’opposition. Toutefois, pense-t-il, ce dialogue s’il a effectivement lieu, devrait se conformer au format d’Addis-Abeba et à la résolution 2098. Au-delà de questions taboues qui pourront éventuellement s’inviter au débat, Vital Kamerhe pense qu’il faudra aussi aborder d’autres contenues  dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. « Cela nous donnera l’occasion de tirer les conséquences des mauvaises élections de 2011, afin de baliser le chemin vers les bonnes élections », a-t-il indiqué.

Tout ceci n’occulte cependant pas la fixation que l’ancien secrétaire général du PPRD continue de faire sur l’échéance du 19 décembre 2016 qui, théoriquement, est censée consacrer la fin du mandat de Joseph Kabila à la tête du pays. « Pour nous, le 19 décembre 2016 à minuit, il faut absolument qu’il y ait un autre président de la République en RDC. De l’opposition, de la majorité ou de la Société civile… mais dans tous les cas de figure, la Constitution interdit qu’une même personne puisse cumuler trois mandats. Ce n’est donc pas un combat contre le président Kabila, mais pour les valeurs républicaines et du droit », a-t-il avancé.

 

 

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Vital Kamerhe prononçant un discours à l'ouverture d'une convention de l'opposition