Musique : les archives de l’association Bisso na Bisso prennent feuSamedi 23 Août 2014 - 16:00 L'incident s'est produit jeudi à Makélékélé, derrière le commissariat de police Lemina, où l’association culturelle Bisso na Bisso loue un local pour conserver une importante partie de ses archives de musique composées des milliers de disques vinyles recherchés sur le marché du disque. Le désastre causé par une fuite au niveau de la cuisinière à gaz est lourd avec une seule explication : une marmite laissée au feu par les voisins de l’appartement situé derrière la maison. Malgré l’intervention des pompiers, quelques minutes après l’incendie, le feu a gagné tous les compartiments de la maison consumant meubles, appareils électroménagers, plafond et même une partie de la toiture. À l’entrepôt de disque de Bisso na Bisso, situé à l’extrême droite du bâtiment, le décor est alarmant. Les étalages sont à même le sol et une bonne partie de vinyles reduite en cendres. Si d’autres ont pu être sauvés grâce au courage de Frédéric Mafina communément appelé Dj Maaph, membre de l’association Bisso na Bisso qui occupe par ailleurs une pièce dans cette grande maison, il faut craindre qu’une partie de ces disques ne répondent plus efficacement par l’effet de la forte flamme. « L’espoir est permis, car nous avons pu récupérer une partie des disques. Heureusement que nous avons bien disposé ces archives dans ce dépôt que nous occupons depuis des années en dehors de celui du marché Total qui nous servait de siège », explique Jean Basile Massamba, responsable de l’association culturelle. « Par manque de moyens nous sommes obligés de conserver les disques ici. Normalement, ce n’est pas dans ce genre de dispositif qu’on garde des disques vinyles », ajoute-t-il. Sauver le patrimoine musical L’association Bisso na Bisso est un musée musical. Elle est la seule institution qui détient le plus grand patrimoine d’archives musicales et audio au Congo, et certainement en Afrique centrale, à en croire des témoignages d’experts locaux et internationaux. C’est avec raison que certains disent d'elle qu'elle est « le témoin de la culture et de la mémoire de l'histoire musicale africaine et de la diaspora ». De fait, on y trouve des disques d’artistes congolais des deux rives, d’artistes de toute l’Afrique et du monde depuis les années 1944 à aujourd'hui. On y trouve également les discours prononcés par des hommes politiques, des chefs d'État notamment, et des conférences importantes ayant marqué l'histoire africaine. En vue d’améliorer sa visibilité, l’association a organisé des expositions avec l’aide des partenaires tels que l’Unesco, l’Institut français du Congo, l’ambassade des USA au Congo, le mémorial Pierre Savorgnan De Brazza. En 2009, le maire de Brazzaville avait fait un don d’ordinateurs à l’association en vue de numériser les disques et permettre une meilleure conservation de ce patrimoine. Grâce à la vente des copies, l’association a pu payer le loyer de son ancien siège au cœur du marché Total et de ses dépôts de conservation d’archives. L'association serait en voie de disparition Ne bénéficiant d’aucune subvention et menacée depuis des années de libérer son local du Marché Total de Bacongo, l’association Bisso na Bisso risque de disparaître. D’ailleurs, elle ne tient plus ses activités depuis des mois faute de moyens. Les responsables de l’association estiment qu’une trop faible importance de ce patrimoine est accordée alors qu’elle représente plus de 300 mille disques vinyles de tous les temps. Ce sinistre arrive au moment où Bisso na Bisso espère poursuivre sa mission de collecte, de conservation et de promotion, notamment dans le cadre du vaste projet du label « Brazzaville ville musicale de l’Unesco ». D'où l'appel à un soutien multiforme pour protéger ce patrimoine déjà examiné par plusieurs institutions à l’instar du Conseil africain de la musique. Quentin Loubou Légendes et crédits photo :photo 1 : La maison consumée après une fuite au niveau de la cuisinière à gaz
photo 2: L’entrepôt de Bisso na Bisso avec les disques vinyles abimés |