Musique: Sista Clarisse « Mon rêve serait de jouer sur ma terre natale, le Congo »

Jeudi 25 Juin 2020 - 19:49

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Mampila Julie Clarisse Mieté alias Sista Clarisse, auteure, compositrice, interprète, productrice phonographique et audiovisuelle. Elle vient de sortir son quatrième single « Queen » et entrevoit un nouvel album « Call me Mampila » dont la sortie est prévue pour octobre 2020. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC): Parlez-nous un peu de votre parcours artistique ?

Sista Clarisse(S.C) : C’est ma rencontre avec Rido Bayonne qui m'a révélé à moi-même. J'étais timide et manquait énormément de confiance. Je ne pensais pas être digne et à la hauteur de chanter et d'écrire. J'ai eu l'immense chance et plaisir d'ouvrir le show de deux géants du reggae U-ROY et LKJ. J'ai fait mes premiers pas en musique dans les sound systems à Paris, ce qui m'a ensuite amené à tourner en Province (Rennes, Toulouse, Lille...), en Europe (Allemagne, Espagne, Belgique...) puis dans un seul pays en Afrique, le Sénégal (Pour le Festival International de Jazz de St Louis). Mon rêve serait de jouer sur ma terre natale, le Congo. Dans ce parcours j'ai pu produire trois albums et quatre singles.

LDBC : Quel type de musique faites-vous ? et pour quel but avez-vous choisi la musique comme moyen d’expression ?

S.C. : Ce qui m'a amenée à la musique c'est le ragamuffin (un style à l'origine de ce qu'on appelle aujourd'hui Dancehall). Au hasard d'une écoute, je suis tombée amoureuse de ce style, dynamique, avec un phrasé assez soutenu et des textes plus ou moins engagés. J'étais à l'Université à l'époque et je commençais à me poser beaucoup de questions sur moi-même, le monde... En cette musique qui est une enfant du reggae je trouvais quelques réponses à mes questionnements. J'ai donc écumé les sound systems (soirée reggae / dancehall) dans lesquels je me suis faite un petit nom. Puis très vite à l'étroit dans ce milieu, j'ai cherché à expérimenter, à sortir de la zone de confort que m'avaient donné les sound systems. Les rencontres avec des musiciens talentueux tels Cool Jam, Ol, Pierre Chabrèle ont également été déterminantes. Les conseils et l'accompagnement qu'ils m'ont donné m'ont également forgée. La musique est un bon vecteur d'émotions. Comme je l'ai précisé auparavant, je suis timide et sensible à la base. La musique est pour moi un moyen de m'exprimer totalement, de dire ce que je n'oserais pas dire dans d'autres circonstances. C'est pour moi une manière saine de me libérer.

LDBC : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée en France ?

S.C. : Les difficultés sont à plusieurs niveaux. Sociétal, car grandir en France lorsqu'on est noir n'est pas toujours facile. Il y a une pression qui est là. On te rappelle sans cesse ta couleur de peau comme si c'était un handicap. Quand tu cherches un appartement ou que tu cherches à monter les échelons pour nous la réalité est bien différente et ceci est dû à notre couleur de peau, même si dans le discours et dans les textes le racisme n'existe pas en France. La seconde difficulté, je l'ai vécue et la vit dans la musique. La femme doit prouver qu'elle sait faire là où on donnera directement la chance à un homme (même s’il n'a pas les compétences). De plus nous pouvons aussi être des proies pour des esprits mal intentionnés. Nous manquons également de moyens car nous (je parle des Noirs) ne produisons pas beaucoup. Or on sait que dans ce monde sans moyens tu ne vas pas très loin. Nous ne savons pas être solidaires. L'union est un concept qui reste encore très beau sur le papier mais dans les faits, la réalité est autre.

LDBC : De quoi parle votre single « Queen » ?

S.C. : « Queen » est un titre dans lequel je m'affirme et défend avec fierté ma couleur et surtout je montre à celui qui ne m'aime pas comme je suis qu'il "saute et cale en l'air" comme le dit si bien cette expression camerounaise. Je suis fière de mes origines et de ma culture même si j'ai également adopté la culture de mon pays d'accueil, je ne vais pas et je ne veux pas effacer mes origines et mes racines congolaises.

LDBC : Un mot de la fin ?

S.C. : Je souhaite présenter mon album à venir, le 4e, au Congo. Car même si j'ai grandi et été sociabilisée en France j'ai mes origines. Je suis une enfant du pays qui m'a vu naître. Pour conclure, juste un rappel de mon credo, mon leitmotiv : Unis, nous serons plus forts ! Revenons à nos valeurs !

Propos receuillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo: La chanteuse Sista Clarisse

Notification: 

Non