Nomination de Bruno Tshibala : le Rassemblement face à ses contradictions

Mardi 11 Avril 2017 - 19:22

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Alors que l’aile du Rassemblement de l’opposition proche de Félix Tshisekedi considère que cette nomination va à l'encontre de l'accord du 31 décembre, la branche dissidente voit les choses autrement.

Depuis la nomination de Bruno Tshibala à la Primature de la transition, il s’observe une forte agitation au sein du Rassemblement aile Félix Tshisekedi. Cette frange de l’opposition qui paie aujourd’hui les frais de sa témérité et de sa fixation sur la personne du fils Tshisekedi qu’elle voulait à tout prix imposer à la nomination comme Premier ministre en faisant fi du pouvoir discrétionnaire du cen train hef de l’Etat en cette matière, est en train de perdre du terrain. L’édifice est en voie de se fissurer. L’unité d’esprit et d’action qu’incarnait autrefois le Rassemblement (version Genval), ou mieux, ce bloc compact qu’il représentait avant le 19 décembre, s’est effritée comme peau de chagrin. La dissidence de Joseph Olenghankoy et compagnie a fragilisé cette plate-forme de l’opposition qui ne représente plus un épouvantail aux yeux du pouvoir. Les deux ailes concurrentes du Rassemblement ne donnent curieusement pas des signes d’une volonté de réconciliation. Un peu comme qui dirait, les dés sont jetés.

Les points de vue développés dans les deux camps sur la nomination de Bruno Tshibala à la tête du gouvernement de transition sont diamétralement opposés rendant quasi impossible tout effort de conciliation. Si dans un camp, la procédure de nomination est présentée comme conforme à l’esprit et à la lettre de l‘accord de la St sylvestre, dans l’autre, il est dénoncé une supercherie sur fond de violation dudit accord. Les pourfendeurs de Bruno Tshibala qui se recrutent essentiellement dans l’aile Félix Tshisekedi pensent que cette nomination va à l'encontre de l'accord du 31 décembre et que le président de la République, en prenant une telle décision, s’est mis en dehors du cadre tracé. « Cette décision qui n’a rien à voir, ni avec l’accord, ni avec le Rassemblement, est une conséquence des tripatouillages du pouvoir en place, organisés autour d’individus instrumentalisés par celui-ci, au service de ses seuls intérêts pour s’en servir ensuite comme faire-valoir fictif d’un pseudo rassemblement sorti droit du palais de la Nation », a déclaré Félix Tshisekedi au détour d’une interview accordée à la presse internationale.

Pour lui, le seul mérite de cette décision est « d’avoir mis au grand jour la connivence entre la soi-disant dissidence du Rassemblement et le président Joseph Kabila.  Il est vite recadré par d’autres leaders du Rassemblement aile Olenghankoy qui ont une autre lecture des faits. Pour les responsables de cette aile dissidente, la nomination de Bruno Tshibala est bien conforme à l’esprit et à la lettre de l‘accord du 31 décembre. Raphael Katebe Katoto, porte-étendard du soutien à Bruno Tshibala et proche de l’aile Olenghankoy estime que Joseph Kabila n’a fait qu’appliquer l’accord. Il fustige en même temps le camp Félix Tshisekedi qu’il tient pour responsable de l’imbroglio actuel. « Ce n’est plus la peine de commencer à se battre ou à dire, "c’est illégal ou c’est légal". C’est une transition : il n’y a personne qui a gagné aux élections. Tous ceux qui se disent populaires, la transition va durer quelques mois s’ils se présentent aux élections et à ce moment-là, quand ils vont gagner, avec leur popularité, ils pourront revendiquer tout ce qu’ils veulent. Mais pendant la transition, il n’y a pas à revendiquer quoi que ce soit. Nous observons l’accord et l’accord dit bien : le Premier ministre sera présenté par le Rassemblement », fait observer le président de l’Union des libéraux démocrates (ULD) par ailleurs frère ainé de l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi réputé proche de Félix Thisekedi.      

Alain Diasso

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