Nord-Kivu : Médecins sans frontières appelle les humanitaires à réinvestir le sud de la province

Lundi 16 Décembre 2019 - 18:45

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L'organisation indique que dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale, plus de 687 500 personnes déplacées par la violence vivent dans des camps ou des familles d’accueil, avec des niveaux inquiétants de malnutrition et de violence sexuelle.

Dans son communiqué du 16 décembre, Médecins sans frontières (MSF) alerte sur la situation inquiétante dans laquelle vit la population de certaines contrées du sud de la province du Nord-Kivu. « Loin des caméras, une crise humanitaire frappe le sud de la province congolaise du Nord-Kivu, avec un manque criant d’aide d’urgence sur place », a indiqué cette organisation.

Elle a rappelé que depuis des années, les territoires de Masisi, Walikale et Rutshuru, au sud de la province du Nord-Kivu, sont le théâtre d’affrontements armés et de banditisme. Depuis des mois, a souligné MSF, l’intensification des combats a encore aggravé la situation humanitaire, réduit l’accès aux champs et aux centres de santé, menant à des déplacements de population et des niveaux inquiétants de malnutrition, de violence sexuelle et de violence armée. « Depuis le début de l’année, nous constatons à Masisi une hausse des cas de malnutrition et nous avons pris en charge deux fois plus de victimes de violences sexuelles que l’an passé », a témoigné le coordinateur de terrain MSF dans la zone de santé de Masisi, Ewald Stals. A l’en croire, les affrontements en hausse ont aussi eu pour corollaire une augmentation des blessés par balles et un gonflement des camps déjà surpeuplés et manquant cruellement de sanitaires. « Le choléra a fait son apparition et nous avons dû mettre sur pied un centre de traitement en urgence », a-t-il regretté.

Une situation alarmante

MSF a également indiqué que de janvier à septembre de l'année en cours, ses équipes actives dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale ont soigné plus de 11 220 enfants en situation de malnutrition, 2 310 victimes de violences sexuelles et 1 980 personnes blessées par balles. « En dépit de cette situation critique, ces territoires souffrent d’un manque criant d’organisations humanitaires », a déploré cette organisation. « Ces dernières années, plusieurs acteurs d’urgence ont quitté le ‘’petit nord’’ à cause notamment de l’insécurité, des difficultés de mouvement et du manque de financements », a fait savoir le chef de mission de MSF en RDC, Karel Janssens. « Faute d’acteurs, nous répondons depuis des mois à des besoins médicaux et non médicaux croissants, en particulier dans les camps. Mais nous sommes au maximum de nos capacités. Il est urgent que d’autres organisations viennent répondre à la crise humanitaire sur place », a-t-il  lancé.

Dans ses estimations récentes, MSF plaide depuis des mois pour un retour physique d’organisations humanitaires sur le terrain, notant que près de 687 500 personnes vivent aujourd’hui dans des camps de fortune ou dans des familles d’accueil dans ces territoires du Nord-Kivu. Ce plaidoyer, s’est réjouie cette organisation, a contribué à l’arrivée de quelques acteurs mi-novembre, bénéficiant de financements temporaires du Fonds humanitaire RDC. « Cet appui est temporaire et bien insuffisant pour faire face aux besoins », a, par ailleurs, fait remarquer Karel Janssens, vu l’ampleur de la crise. Pour lui, le Plan de réponse humanitaire 2020 pour la RDC, en cours de révision, doit clairement prendre en compte cette réalité.

Lucien Dianzenza

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