Nouvelle loi électorale: des voix s'élèvent contre le seuil de représentativité à 3% des suffrages

Mercredi 29 Novembre 2017 - 17:45

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La disposition sur la représentation proportionnelle introduite dans le nouveau texte en débat tend à briser le pacte républicain obtenu à l’issue du dialogue inter-congolais à Sun city, se convainquent certains acteurs politiques.  

Le débat sur le seuil de 3% de représentativité de suffrages pour obtenir un siège au Parlement tel que proposé par le projet de loi électorale en  cours d’examen à la chambre basse se poursuit, même en dehors de l’hémicycle. La voix la plus audible est celle des personnalités qui rejettent cette disposition, selon elles, discriminatoire.

Les rangs des acteurs politiques qui s’opposent à cette innovation présentée par le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadari, comme le « correctif le plus acceptable à travers le monde », ne font que grossir. Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui voient, en cette disposition, une manière sournoise de favoriser le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) au nom d’un prétendu regroupement des partis politiques sur des bases idéologiques, quitte à faire disparaître les "partis mallettes" sans base du landerneau politique congolais. Une approche qui ne tient pas débout, selon certains acteurs politiques.

Leader du courant progressiste au sein de l’opposition issue de l’accord du 18 octobre, Samy Badibanga est de ceux qui pensent que cette disposition sur la représentation proportionnelle, avec un seuil de 3% des suffrages exprimés, vise in fine « à perturber durablement le paysage politique de notre pays et à instituer un parti unique », une expérience malheureuse que la RDC a connu dans un passé récent. L’opposant redoute l’émergence du PPRD comme parti dominant favorisé par l’instauration du seuil de représentativité. Il s'étonne en même temps que la majorité présidentielle continue à composer, pour le besoin électoral, avec des « petits partis » se revendiquant des courants de pensée divers. L’argument selon lequel l’introduction de ce seuil de représentativité viserait à la formation de deux grands partis politiques par le rassemblement des formations politiques en fonction de leur idéologie est une fausseté, à en croire l’ancien Premier ministre. Il a demandé à l’actuelle coalition au pouvoir de prêcher par l’exemple en se séparant de toutes les formations qui ne partagent pas la même vision de la société que son parti-phare, le PPRD.

Outre le fait que l’institution d’un seuil de représentativité de 3% au niveau provincial pour la répartition des sièges au niveau national rend d’office impossible toute élection des candidats indépendants dorénavant exclus du jeu politique, Samy Badibanga estime, par ailleurs, que la nouvelle loi électorale risquerait de réduire à néant les maigres acquis démocratiques issus du Pacte républicain du dialogue de Sun-City. Il est rejoint dans cette prise de position par la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo, Eve Bazaïba, qui plaide pour un minimum de consensus autour de cette fameuse innovation.

Plusieurs autres acteurs politiques tant de la majorité que de l’opposition s’accordent à reconnaître que les innovations introduites dans le présent projet de loi électorale, notamment avec la caution de 500 000 FC (plus de 300 USD) par siège, risquent de tout chambouler et en appellent à garder en l’état la loi électorale en ce qui concerne le mode de scrutin.

Alain Diasso

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