Nuit des idées : la quatrième édition commémorée avec faste

Samedi 1 Février 2020 - 15:00

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Organisée sur le thème « Etre vivant… Ensemble », la quatrième édition de la nuit des idées a réuni, le 30 janvier, à l’Institut français du Congo (IFC) sociologues, anthropologues, historiens, politistes, spécialistes de la littérature congolaise, écrivains, enseignants-chercheurs, étudiants et autres, en vue de dialoguer sur le sens de l’existence sous toutes ses formes.

Cinéma, table-ronde, déclamation poétique, chants et danses traditionnels étaient au menu de cette initiative culturelle. Et c’est tout naturellement que le public a pris plaisir à découvrir et redécouvrir le sens, la valeur, le combat et les victoires du terme « existence ».

La nuit des idées a débuté, un peu plus tôt en matinée, autour des films documentaires « La permanence » d’Alice Diop, « Libre » de Michel Toesca et « Il était une forêt » de Luc Jacquet, qui explorent notamment les questions de santé, liberté et biodiversité autour de la vie. Par exemple, le film « Il était une forêt » est un voyage extraordinaire avec le botaniste Françis Hallé sur les ultimes grandes forêts primaires des tropiques, au confluent de la transmission, de la poésie, de la magie visuelle et du déploiement de la vie chez les végétaux et les animaux. Des œuvres cinématographiques d’une grande portée éducative ont poussé haut la réflexion des spectateurs.

« Etre vivant… Ensemble » scruté par cinq chercheurs spécialistes du Congo

Autour d’une table-ronde, Joseph Tonda, Rémy Bazenguissa, Patrice Yengo, Florence Bernault et Nicolas Martin-Granel se sont interrogés, tour à tour, sur ce que signifie « être vivant » aujourd’hui à Brazzaville et ailleurs au Congo. Entre questionnements philosophiques sur la valeur du vivant et réflexions sur le cours ordinaire des différentes formes d’existence, ces enseignants-chercheurs ont avant tout fait circuler, à l’occasion de cette quatrième édition de la Nuit des idées, l’actualité de la pensée contemporaine sur le Congo et sur l’Afrique centrale.

Sur cette thématique, Nicolas Martin-Granel et Patrice Yengo s’accordent pour dire qu’on ne naît pas vivant, mais on le devient. Sur la base de sa déambulation à sauts dans l’humanisme vitaliste de la phratrie des écrivains congolais (Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si, Henri Lopes…) qui ont pour la plupart considéré la vie non pas au sens de naître et de respirer mais d’une certaine résistance, Martin-Granel estime que c’est la liberté qui rend vivant et, donc, qu’il faut y aspirer pour espérer devenir vivant.

Cette vision, Patrice Yengo la qualifie de « vivantité », une sorte d’exercice du devenir vivant en créant soi-même la syntaxe de la vie, c’est-à-dire donner vie au vivant au milieu des maux qui se déclinent en pandémies, guerres civiles, famines, etc. « Ce n’est pas la qualité des jours passés sur terre qui font un vivant mais la qualité de ce temps qui impose le devenir comme une réflexion dirigée contre la réalité d’une existence à l’horizon de laquelle se dresse toujours la mort », en pense-t-il.

Dans son intervention, Florence Bernault a parlé de l’avènement de la biopolitique (forme d’exercice du pouvoir sur les individus) en Afrique postcoloniale qui, d’après elle, a effacé l’ancienne frontière occidentale, multiséculaire, entre sujet politique et sujet vivant. A travers plusieurs interrogations et exemples quelque peu choquants sur l’Afrique à l’époque postcoloniale, l’historienne a tenté de retracer la généalogie et l’actualité brûlante d’imaginaires du vivant au pied de deux traditions plus semblables qu’opposées.

C’est dans ce même ordre d’idées que Remi Bazenguissa sous-entend la vie comme une expérience qui ouvre dans le présent, la dimension du futur. Comment arrive-t-on à vivre ou se reproduire en dépit des difficultés ? s’interroge-t-il. La question trouve en partie sa réponse dans la pensée de Joseph Tonda pour qui, à en croire ses propos, la vie se cherche (koluka bomoyi). « La vie est ainsi cette étrange expression que l’on entend partout en Afrique centrale et qui implique qu’être vivant dans un environnement où la vie est absente, ou encore difficile à trouver, relève de l’utopie », explique-t-il. Après ces riches exposés, le public a pu donner son avis sur la thématique et évoquer ses préoccupations qui ont été élucidées par l’ensemble des panelistes.

L’art et le vivant par Gabriel Okoundji

« L’art ne dit pas le vivant, il le montre et c’est tout ». C’est partant de ce constat et parce que l’art est la voie la plus immédiate et le moyen le plus sûr pour atteindre les fondements de l’émotion que Gabriel Okoundji a choisi d’illustrer l’art et le vivant à travers des déclamations poétiques en échos des poètes congolais, des chants et danses du terroir. Un spectacle festif qui a connu la participation de Stan Matingou, Arsène, Ndala Pépin et son groupe de danseurs, etc.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

1- Une vue du panel/Adiac 2- Le public dans le bain des échanges avec les panélistes/Adiac 3- Une partie de danse traditionnelle/Adiac

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