Or gris : guerre des prix et début de faillite de certains cimentiers dans la région

Samedi 31 Août 2019 - 14:54

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Selon jeune Afrique, tirant sa réflexion d’un entretien avec Diamond Cement Congo de la République du Congo, le marché africain est en surcapacité de production et plusieurs pays africains présentent aujourd’hui des signes d’essoufflement de leur industrie du ciment. Même derrière son protectionnisme, la RDC n’est pas à l’abri du risque car elle dispose de la fiscalité la plus lourde de la région, soit soixante taxes dans le seul secteur du ciment.

Le marché africain du ciment est en surchauffe et de nombreux cimentiers de la région survivent en prospectant désormais d’éventuelles opportunités dans les pays limitrophes. Pour eux, il s’agit clairement d’arriver à écouler des millions de sacs de ciment sans preneurs dans le pays d’investissement. Dans la République sœur du Congo-Brazzaville, Diamond Cement Congo écoule une partie de son ciment en Centrafrique et dans l’enclave angolaise du Cabinda pour contourner la baisse des prix (cinq fois inférieurs) à la suite d'une surcapacité du marché congolais. En effet, la production globale est de l’ordre de 2,8 millions de tonnes par an, alors que la demande locale ne s’établit qu’a 600 00 tonnes par an. Pour autant, renseigne Jeune Afrique, les autorités congolaises sont assurées de la réouverture de certains chantiers stoppés et de la reprise de la collaboration avec le Fonds monétaire international. Ces deux paramètres permettront un réajustement des prix d’ici à 5 ans. .

Selon notre consœur, beaucoup de cimentiers sont de plus en plus tentés à élargir leurs marchés pour contourner les fluctuations de la demande locale et faire face à une concurrence de plus en plus rude dans la région. Les marchés les plus touchées seraient, renchérit-elle, ceux du Congo Brazzaville, du Nigéria, de la Zambie et de la Tanzanie. Même certains pays du Maghreb, dont l’Égypte et l’Algérie, sont affectés par ce malaise régional. Dans ce contexte difficile, plusieurs poids lourds du secteur renforcent leurs positions dans la région, à l’instar du groupe Dangote. Au cours de la dernière décennie, beaucoup d’entrepreneurs sont arrivés dans le secteur du ciment, instaurant ainsi une véritable guerre des prix et un début de faillite pour certaines compagnies. Comme l’indique d’ailleurs l’un des actionnaires de Diamond Cement Congo, en l’occurrence le géant afro-indien Wacem, plusieurs autres marchés dans la région s’avèrent  moins rentables pour son propre groupe. Il s’agit par exemple du Togo et du Burkina Faso. Dans sa stratégie de survie, Wacem a décidé d’installer, d’ici à un an, une nouvelle unité de broyage de ciment en RDC à 160 km de la capitale.

La RDC, pays protectionniste

Depuis 2017, la RDC évolue en mode protectionniste pour permettre à son industrie du ciment d’approvisionner toute la partie ouest du pays. Mais comme l’explique plusieurs cimentiers locaux eux-mêmes, le marché RD-congolais se trouve aussi à la croisée des chemins. Ils en appellent ainsi à des incitations fiscales additionnelles pour consolider leurs positions, car la menace angolaise et congolaise est très proche. L’industrie du ciment s’acquitte actuellement d’au moins soixante-deux taxes. «Nous disposons de trois nouvelles cimenteries intégrées construites par les deux leaders mondiaux dans le domaine et dotées d’équipements de la toute dernière génération », a rappelé Lenny Ilondo, le DG de PPC. Quant à la production globale, la capacité totale installée est estimée à 3,2 millions de tonnes par an, du reste extensible. « La RDC n’a pas besoin d’importer du ciment dans sa partie ouest pour réaliser les projets de production de l’électricité d’une mini-centrale hydroélectrique au méga projet tel qu’Inga », a-t-il déclaré.

Laurent Essolomwa

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