Organisation des élections dans le délai : la Céni sollicite une « petite extension »

Lundi 21 Mars 2016 - 16:47

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La Centrale électorale pourrait incessamment introduire une requête à la Cour constitutionnelle pour obtenir « une petite extension » afin de lui permettre d’organiser les élections au-delà de 2016.

Plus les jours passent, plus l’impossibilité d’organiser les législatives et la présidentielle d’ici novembre 2016 devient manifeste. Il serait même illusoire de penser que cela peut être possible au regard des contraintes techniques qui se mettent au travers d’un processus électoral déjà vicié avec un calendrier électoral suranné. A la Céni, on est conscient de cette réalité et tout est fait dans le sens de faire digérer à l‘opinion l’option d’un glissement devenu inévitable par la force des choses. De passage récent à Washington, le président de la Centrale électorale Corneille Naanga n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour confirmer l’impossibilité pour son institution d’organiser les élections dans le délai constitutionnel en raison des contraintes techniques.

Dans un entretien à la Voix de l’Amérique, il a déclaré que la Céni s‘apprêtait à introduire une requête à la Cour constitutionnelle pour obtenir « une petite extension » dans l’organisation de ces scrutins. C’est dire qu’à la Céni, l’idée du glissement est déjà consommée et n’attend qu’à être entérinée par une décision de la Haute Cour. Le successeur de l‘abbé Malumalu explique que si l’on tient mordicus à organiser la présidentielle dans le délai échu, il faudrait alors renoncer à la révision du fichier électoral. A noter qu’il s’agit là d’un fichier datant de 2011 et contenant des données qui ne cadrent plus avec les mutations intervenues entretemps. Considérer un tel fichier devenu anachronique reviendrait à dire qu’on accepte indirectement que ces élections soient organisées « sans 10 à 12 millions de jeunes » et « avec plus ou moins 2 millions de morts dont les noms sont sur la liste ».

L’option de l’utilisation du fichier de 2011 devrait être levée par la classe politique, indique Corneille Naanga qui se dit prêt à actionner la machine électorale si le feu vert lui était donné. « Si les acteurs se mettent d’accord là dessus et lèvent cette option, nous irons aux élections en 2016 », dit-il sans trop y croire. Pour une classe politique qui tient à obtenir des garanties d’un scrutin transparent et crédible, une telle option est suicidaire et risque même d’être source de profondes contestations. D’où, l’alternative la plus plausible pour espérer des élections réellement crédibles serait de réviser ledit fichier électoral, ce qui permettrait d'intégrer 10 à 12 millions de nouveaux majeurs et de radier entre 1 et 2 millions de morts depuis la dernière élection en 2011.

Toutefois, ce processus requiert du temps (treize mois selon les experts), ce qui inévitablement fera basculer le processus électoral au-delà de 2016. Face à l’impasse, la Céni s’est crue en droit de solliciter de la Cour constitutionnelle une « petite extension » qui, selon les dires de Corneille Naanga, « ne sera pas éternelle » puisque « limitée dans le temps en tenant compte des exigences ». Cela, à en croire le président de la Céni, ne sera pas une première pour la RDC qui a déjà expérimenté cette exception en 2006. Reste à savoir comment cette requête sera-t-elle perçue au niveau de la classe politique et de l’opinion intérieure.

Alain Diasso

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