Ouganda : difficile rapatriement des ex-rebelles du M23 vers la RDC

Mercredi 17 Décembre 2014 - 16:15

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Plusieurs ex-combattants du M23 cantonnés en Ouganda depuis la défaite de cette rébellion congolaise ont été blessés par balles, le 16 décembre, lors d'une opération de « rapatriement forcé » vers la RDC menée par l'armée ougandaise.

L’Ouganda et la RDC ont pris l’option de procéder au rapatriement des ex-rebelles du M23 ayant trouvé refuge sur le sol ougandais depuis la débâcle de leur groupe armé en novembre 2013 face aux Fardc. Un protocole d’accord entre les deux parties avait été signé dans ce sens assorti de l’engagement pris de part et d’autre d’achever ce processus de rapatriement d’ici le 25 décembre. Outre le rapatriement des ex-combattants M23, tout le matériel roulant ainsi que les armes et munitions que ces troupes avaient emportées dans leur escapade sont censés être récupérer. Tout est donc mis en œuvre pour assurer la réussite de l’opération dont la première phase a concerné près de cent vingt ex-rebelles du M23 sur les quelque 1300 ayant quitté la RDC. La centaine des volontaires, à en croire le coordonnateur du mécanisme national de suivi de l’accord d’Addis-Abeba, François Muamba, ont bel et bien embarqué en début de semaine dans un avion affrété à l'aéroport international d'Entebbe à destination de la RDC.

Toutefois, ce rapatriement ne s’est pas négocié sans anicroche lorsqu’on considère l’agitation auquel il avait donné lieu. Les ex-rebelles du M23 ont dénoncé une opération de rapatriement forcé menée par l’armée ougandaise dans le camp de Bihanga à quelque 300 km au sud-ouest de Kampala où étaient cantonnés les ex-rebelles du M23. D’après le récit fait sur la base de recoupements de certains témoignages, il en ressort que la majorité des ex-rebelles du M23 avaient refusé d’embarquer dans le convoi craignant pour la plupart pour leur sécurité nonobstant l’amnistie dont ils sont bénéficiaires. Il s’en est suivi une vive altercation qui a fini par dégénérer sur fond d’échanges des tirs faisant au passage quelques blessés graves. Pour le gouvernement ougandais qui a vite réagi en envoyant des renforts afin de rétablir la situation et retrouver les fuyards, certains ex-officiers rebelles seraient à l’origine de cette situation. Ils auraient dissuadé les hommes des troupes à ne pas embarquer tout en leur faisant miroiter les dividendes qu’ils pouvaient tirer si jamais ils bénéficiaient du statut de réfugié que le président ougandais s’est dit prêt à leur accorder.

 Du côté de la direction du M23, l’on regrette amèrement ce qui s’est passé estimant que ce rapatriement volontaire des anciens rebelles réfugiés hors de RDC est une violation des règles du droit international et des déclarations signées le 12 décembre 2013 à Nairobi entre le gouvernement de RDC et le M23 mettant fin au conflit. Bertrand Bisimwa regrette, par ailleurs, que cette question n’ait jamais été traitée jusqu’à ce jour par les deux parties conformément aux résolutions de l’Accord de Nairobi. Entre-temps, Kinshasa y voit une manœuvre de plus de l’ancienne rébellion à faire échouer le processus de rapatriement. Et pendant que le porte-parole de l’armée ougandaise continue de marteler qu'aucun membre du M23 n'avait été forcé à être rapatrié vers la RDC, il y a lieu de rappeler que ce sont quelques 560 ex-combattants déjà amnistiés qui doivent être rapatriés d'Ouganda et du Rwanda d’ici le 25 décembre 2014.  

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des troupes du M23