Pas sûr que le terroriste de Berlin ait eu des complices en Italie

Jeudi 29 Décembre 2016 - 18:01

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Les enquêteurs tentent de suivre l’écheveau du Tunisien qui s’est baladé en Europe avant de passer à l’attaque en Allemagne et de périr en Italie.

A l’heure qu’il est, l’enquête que mènent les limiers italiens n’a pas permis de déceler d’éventuels complices sur leur territoire d’Anis Amri. C’est ce Tunisien qui avait foncé au volant d’un camion sur le marché de Noël de Berlin, le 19 décembre dernier, faisant 12 morts (dont une Italienne). « L'enquête n'a pas révélé de réseaux particuliers qu'Amri aurait eus en Italie », a expliqué jeudi le Premier ministre, Paolo Gentiloni.

Mais il ne fait aucun doute que le terroriste a eu une notoire prédilection à venir « roder » en Italie. C’est dans ce pays qu’il débarqua, à Lampedusa en 2011, dans la vague des migrants fuyant la Tunisie et la Libye dans le contexte des dites révolutions arabes qui avaient démarré en Tunisie, et de l’effondrement en Libye du régime du colonel Kadhafi. C’est dans ce pays aussi qu’il a été abattu par les carabiniers vendredi dernier à Milan, trois jours après avoir commis l’irréparable à Berlin, en Allemagne.

Entre les deux événements majeurs de sa vie en Europe, une arrivée agitée et une mort médiatisée, le Tunisien s’est littéralement baladé en Europe, en bus ou en train. Allemagne, Hollande, France et Italie : les enquêteurs sont étonnés de voir avec quelle facilité il a pu se jouer des frontières, présenter des passeports aux identités multiplies avant de mourir, arme à la main, devant une équipe de gendarmes italiens qui voulaient juste contrôler son identité !

A son arrivée en Italie, l'homme qui a péri à 24 ans, s’était déjà signalé par sa violence. La justice italienne l’avait condamné à 4 ans de prison après qu’il eût organisé l’incendie du centre d’accueil de Lampedusa où il attendait le résultat de sa demande de réfugié. A la fin de sa peine, en 2015, et alors qu’il  était déjà frappé par le foglio di via, le décret d’expulsion du territoire italien, il avait profité de l’atermoiement des autorités tunisiennes pour se soustraire à l’attention des policiers et gagner l’Allemagne.

Autre demande d’asile, autre rejet : autres violences. Les services allemands l’avaient déjà fiché comme un radical susceptible de passer à l’acte et signalé notamment aux polices d’Europe. Mais là aussi, baraka ou habileté extrême, il a su passer à travers les mailles des filets même après que, à attentat accompli, son identité et sa photo s’étalaient devant tous les écrans de télévision d’Europe. L’ironie veut que son parcours se soit achevé lors d’un banal contrôle de police, dans une gare italienne près de Milan.

Piquées au vif, les polices tentent désormais de remonter la ou les pistes de ses pérégrinations. En Italie, plusieurs perquisitions ont visé des logements où il avait logé par le passé et où il était susceptible de chercher à se cacher. Des questions continuent de tarabuster les enquêteurs : pourquoi l’Italie ? Venait-il y rejoindre des complices ou s’apprêtait-il à perpétrer des attentats dans ce pays jusqu’ici préservé des attaques du genre de celles qui ont frappé à plusieurs reprises la France, la Belgique et, donc, l’Allemagne ?

« L'Italie n'est pas seulement un lieu de passage pour les terroristes. Dans notre pays, il y a une offre de soutien logistique aux auteurs des massacres, qui consiste à leur fournir des papiers, des refuges... », explique le juge Franco Roberti, procureur antiterroriste et antimafia. L'enquête internationale en cours aurait révélé qu'Amri disposait d'une demi-douzaine d'identités. « Les petits terroristes ont besoin d'aide de la part du milieu criminel ». « Je pense aux faux papiers et ce n'est pas un hasard que se soient créées à Naples, Caserte, Bari et Rome des centrales de fabrication de faux papiers pour les migrants », ajoute le juge italien.

Lucien Mpama

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