Peine de mort : la tendance à la baisse se confirme, mais…

Samedi 27 Juillet 2013 - 13:10

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L’organisation italienne Nessuno tocchi Caino regrette que des pays abolitionnistes se remettent à donner du travail aux bourreaux

Suivant le principe des trains qui arrivent en retard et qui seuls font la nouvelle, l’organisation italienne de lutte contre la peine de mort dans le monde, Nessuno tocchi Caino (Que personne ne touche à Caïn) se focalise sur ce qu’il y a de moins bien. Elle regrette que les exécutions capitales se poursuivent dans le monde malgré une tendance à la baisse générale. L’organisation encourage les États à adhérer au moratoire de suspension de la peine capitale acceptée par l’ONU. Mais elle regrette que des États naguère abolitionnistes aient repris la pratique de recourir aux exécutions capitales même dans des cadres juridiques délimités.

Ils sont ainsi dix pays qui, après avoir adhéré à la campagne internationale d’abolition, ont de nouveau succombé aux vieux démons. Le comble est qu’il y a parmi eux des pays africains, alors que dans le rapport de l’an dernier, l’organisation mais aussi la communauté catholique de Sant’Egidio ne tarissaient pas d’éloges sur les avancées africaines rapides accomplies en ce domaine. Pour cette année, on déplore le retour à la pratique décriée par la plupart des nations dans des pays comme la Gambie, le Botswana, l’Égypte. Le cas le plus criant reste toutefois celui du Nigeria, pays qui, ayant pris le leadership de l’abolition, n’a rien trouvé de mieux que d’y revenir pour tenter de freiner les attentats terroristes de facture islamiste sur son sol.

Un total de 22 pays a eu recours à cette pratique dans le monde au cours de cette année. Le primat continue de revenir au quatuor qui se maintient en tête depuis quelques années : la Chine et l’Iran auxquels s’est ajouté l’Irak aux côtés de l’Arabie saoudite. La seule Chine représente 76% du nombre d’exécutions relevées, affirme le rapport. Mais ce tableau ne saurait cacher la confirmation de la baisse continue du nombre des États où les bourreaux ont des fonctions officielles. Le rapport souligne en effet que de 5 004 en 2012, les exécutions sont tombées cette année à 3 967. Et la cause, encore une fois, en est la Chine qui a fait des efforts notables pour baisser le nombre de ses exécutions.

L’Italie, par sa ministre des Affaires étrangères, a d’ailleurs relevé cet aspect. Mme Emma Bonino, venant des milieux de l’humanitaire, s’est en effet réjouie que, malgré tout, en Chine on ait accompli des pas importants en matière d’information et de transparence dans ce domaine. Et de souligner que la décision des autorités chinoises de réserver à la seule Cour centrale de justice la faculté de prononcer et faire exécuter des peines de mort « a entraîné un filtrage significatif ».

Reste que « les droits ne sont jamais acquis une fois pour toutes », a réaffirmé la ministre. Tout en confirmant la volonté de son pays de s’en tenir au moratoire, Mme Bonino a lancé « un appel renouvelé » aux États qui hésitent encore ou qui font la sourde oreille pour qu’ils comprennent que même les crimes les plus abominables ne peuvent se résoudre par un crime légal. Elle a aussi rappelé que le moratoire de suspension sera renouvelé à l’ONU l’année prochaine, une occasion propice pour que le monde s’accorde de manière homogène sur ce que le président italien Giorgio Napolitano a qualifié de « saut de qualité, une marque de civilisation ».

Lucien Mpama