Pépé Felly : « Papa Wemba ne laisse pas un vide »

Vendredi 6 Mai 2016 - 21:22

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Guitariste de talent, ancien chef d'orchestre de Zaiko Langa Langa, Félix Manuaku Waku dit Pépé Felly, évoque son passé commun avec Papa Wemba dont il a été l’un des fidèles amis et frères

 

 

En décembre 1969, lorsque Pépé Felly rencontre Papa Wemba pour la première fois sur Luozi au cœur du quartier Matonge, il était loin de se douter que leur destin serait lié à jamais aussi bien sur le plan personnel qu’artistique. « J’ai eu l’occasion de partager l’intimité avec Papa Wemba. Artistiquement, je crois qu’à travers ses compositions j'ai été positivement influencé à bien jouer à la guitare. ». Cet ancien de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa dit tout son admiration pour celui qui lui demandait des choses complexes, l’invitant à se surpasser. « Des fois, il me demandait des choses qui me paraissaient impossible à réaliser. Et lui-même ne parvenait pas à me le décrire parce qu’il ne connaissait pas le code. Mais, avec la patience et la persévérance que j’avais pendant qu’on travaillait et que je déchiffrais les accords, je parvenais à cerner sa demande et à pénétrer la profondeur de l’expression dont il avait vraiment besoin ». Cette connivence a permis aux deux compères de créer des chansons fabuleuses.

« En 1970-1971, confie-t-il, nous avions chanté ‘‘Marie Rosa Bibi’’. Il s’agissait d’un boléro. Cependant, après avoir fini d’arranger la première version du boléro, Papa Wemba me regarde et me dit, ‘c’est bien ce qu’on a fait. Mais essayons d’introduite un deuxième rythme qui sera le refrain tout en étant assez rythmé’’. C’était une bonne idée. Mais pour qu’on y arrive, il fallait bien casser le premier rythme lent. Pour aborder la partie assez rythmée il fallait faire une modulation. Nous sommes partis de la tonalité « DO », la fondamentale, pour atteindre la quinte qui est la note « SOL ». Alors quand on s’est retrouvé sur la gamme de « SOL », curieusement la carte c’est « Do ». Tout ceci est mathématique. Et, il n’était pas capable de me donner la formule telle que je viens de l’expliquer ».  Patience et écoute ont caractérisé leur collaboration. Pépé Felly en garde de bons souvenirs et se dit ravi d’avoir « bénéficié des sages conseils de Monsieur Papa Wemba »

S’il doit son pseudonyme à Papa Wemba, il demeure à ce jour, le seul musicien de Zaïko ayant joué dans un album de Viva la Musica, « Pole position ». Malgré le décès de Papa Wemba, dit il, « il ne laisse pas un vide. Sur le plan artistique, il a légué un bon patrimoine. Il a produit plusieurs albums. L’artiste ne meurt pas. On ne va plus le voir certes, heureusement que la technologie a bien évolué. Nous gardons ses images. On va le revoir et écouter ses mélodies tel qu’il chantait. »

Puis de conclure, pour lui rendre un meilleur hommage, « nous continuerons de perpétuer sa mémoire en utilisant l’art d’Orphée ».

 

 

 

Meryll Mezath

Légendes et crédits photo : 

Pépé Felly à Kinshasa lors des obsèques de Papa Wemba

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