Perspective africaine : une bataille acharnée entre l’Occident et la Chine pour le contrôle des secteurs porteurs de valeur

Samedi 24 Mars 2018 - 17:37

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Rien ne freine décidemment l’élan du continent africain qui enregistre les plus forts taux de croissance économique du monde et propose les plus grandes opportunités de développement des affaires. D’ici à 2030, c’est également en Afrique que l’on retrouvera 1,7 milliard de personnes, soit la démographique la plus importante. Ce qui sous-entend que les dépenses cumulées les plus élevés des consommateurs et même des entreprises vont se concentrer dans cette partie du monde.

 

Au moins dix secteurs partant de la nourriture aux télécommunications en passant par les transports et le tourisme vont attiser l’appétit des grandes puissances en Afrique, analyse la Harvard Business Review. L’énorme potentiel de développement du continent cache mal un profond malaise. En effet, les pays africains n’arrivent pas à voler la vedette à d’autres sous-régions émergentes dans la course vers des nouveaux marchés. Selon la Harvard Business Review, la région ne figure pas parmi les priorités des chefs d’entreprises occidentaux. Ce qui pouvait constituer hier un sérieux handicap, au regard du rôle moteur de l’Occident, n’en est plus aujourd’hui, car la configuration de l’économie mondiale a changé profondément au fil des décennies et les moteurs de la croissance mondiale ne se retrouvent plus dans le nord.

Les chiffres de la Harvard Business Review suffisent à confirmer les nouvelles tendances. Entre 2014 et 2016, il y a eu un véritable effondrement des exportations américaines vers l’Afrique, passant de 38 à 22 milliards de dollars américains américains. Par contre, le Royaume-Uni a réussi une véritable percée en Afrique entre 2005 et 2014. L’on parle de 42 milliards de livres sterling (57 milliards de dollars américains) d’investissements. Sur le plan des exportations totales britanniques, moins de 3 % sont orientées vers cette partie du monde.

L’espace perdu par les Occidentaux est rapidement occupé par la Chine qui a multiplié par 7 ses exportations, touchant le pic de 103 milliards de dollars américains en 2015. Si la domination des économies émergentes, dont la Chine particulièrement, est indiscutable en Afrique, le monde occidental n’a pas dit son dernier mot. Il a déjà l’avantage d’une tradition de coopération avec le continent. Cela explique qu’il connaît mieux le terrain. La prochaine bataille pour la conquête des marchés se fera autour des secteurs d’activité ayant le plus fort potentiel de croissance en Afrique. On le sait, la RDC fait partie des sept pays (Nigeria, Ethiopie, RDC, Egypte, Tanzanie, Kenya et Afrique du Sud) qui abriteront la moitié de la population de l’Afrique. A cela, il faut ajouter que 43 % des Africains appartiendront aux classes moyennes ou aristocratiques. Il s’agit d’une catégorie socioéconomique qui consomme énormément des biens et services. Les dépenses des ménages exploseront, dépassant les 2,5 milliards de dollars américains. Autre précieux renseignement de Harvard Business Review, des pays comme le Nigeria, l’Egypte et l’Afrique du Sud vont concentrer près de la moitié de ces dépenses. Des opportunités lucratives sont signalées dans des pays comme l’Algérie, l’Angola, l’Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Maroc, le Soudan et la Tunisie.  

Enfin, il y a la grande révélation de Harvard Business Review sur les secteurs qui vont se démarquer d’ici à 2030. Au total, les experts ont identifié au moins dix secteurs qui vont produire le plus de valeur en Afrique, à savoir la nourriture, les boissons, l’éducation, les transports, le logement, les biens de consommation, le tourisme et loisirs, la santé, les services financiers et les télécommunications. L’érection d’une zone de libre-échange continentale offre des opportunités nouvelles dans les secteurs de la connectivité, des infrastructures, des transports et de l’énergie. Bien entendu, il y a aussi les Ntic et les ressources en eau qui vont tirer un large profit du marché unique.

Par ailleurs, les dépenses de commerce des entreprises devraient dépasser les quatre milliards de dollars américains, essentiellement orientées dans les secteurs de l’agro-industrie, l’industrie, le bâtiment, les services publics, les transports, etc. En définitive, le continent africain devrait sans aucun doute devenir le prochain grand centre industriel mondial. Nous y reviendrons.         

Laurent Essolomwa

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