Pétrole. Conférence décisive des pays producteurs au chevet d'un marché dévasté

Jeudi 9 Avril 2020 - 15:12

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Les principaux pays producteurs de pétrole, l'Opep en tête, se sont retrouvés jeudi par écrans interposés pour tenter de s'accorder sur des baisses de production afin de soutenir les prix qui se sont effondrés avec la pandémie de Covid-19.

Seul espoir pour le marché d'éviter un effondrement des prix et un arrêt de la production dans certains sites, cette conférence exceptionnelle prévue jeudi après-midi est cruciale. Organisée par les autorités saoudiennes à la demande du président américain, Donald Trump, la rencontre vise à ouvrir la voie à un accord équitable qui rétablira l'équilibre des marchés pétroliers.

Il s’agit pour les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les autres participants, dont leurs partenaires via l'accord Opep+, de discuter d'une réduction massive de la production mondiale de brut, leur arme principale face à la chute de la demande mondiale en or noir.

L'objectif d'une coupe commune de "10 à 15 millions de barils par jour (mbj)", a été confirmé par le ministre koweïtien du Pétrole Khaled al-Fadhel, cité par le quotidien koweïtien Al-Rai. Ce volume, évoqué par Donald Trump la semaine dernière, semble faire consensus mais son partage entre pays s'annonce épineux. La Russie, au cœur de la négociation en tant que deuxième producteur mondial et chef de file des partenaires du cartel, semble néanmoins cette fois prête à coopérer, contrairement à la précédente réunion début mars qui s'était soldée par un fiasco et avait débouché sur une guerre des prix. Un porte-parole du ministère de l'Energie russe a ainsi indiqué mercredi à l'agence Tass que Moscou était "prêt à réduire de 1,6 mbj" sa production.

La conférence, mise en place dans l'urgence, est exceptionnelle à plus d'un titre.

Les capacités de stockage de brut, qui arrivent à leurs limites avec l'effondrement actuel de la demande, obligent de facto les pays producteurs à freiner leur production. Mais "ce n'est pas parce qu'un tel accord est dans l'intérêt de tout le monde qu'il sera forcément trouvé", prévient un analyste. L’Arabie Saoudite et la Russie ont clairement dit qu'elles trancheraient dans leur production uniquement si d'autres grands producteurs de pétrole les rejoignent. Les États-Unis, premiers producteurs planétaires, poussent pour un accord afin de redonner de l'air à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté aux niveaux de prix actuels. Alors que les entreprises américaines extrayaient jusqu'à présent à des niveaux record autour de 13 mbj, leur production a amorcé une baisse la semaine dernière et devrait plafonner à 11,8 mbj sur l'année. Mais contrairement à d'autres, Washington ne peut contraindre les producteurs dans son propre pays car les règles sur la concurrence empêchent les entreprises de se coordonner.

L'invitation a été envoyée largement au-delà du cercle habituel car pas moins de dix pays hors Opep+, dont les Etats-Unis, ont été conviés, selon l'agence russe Tass. Elle survient au moment où l'industrie pétrolière mondiale traverse un choc sans équivalent. De fait, les mesures drastiques de restriction des déplacements des marchandises et des personnes pour enrayer la pandémie de Covid-19 à travers le monde devraient conduire à un excédent de brut qui pourrait atteindre 25 mbj au mois d'avril.

Devant le déficit abyssal de la demande, les cours du Brent européen et du WTI américain ont touché la semaine dernière des niveaux jamais vus depuis 2002 et bouclé le pire trimestre de leur histoire, mais ils étaient orientés à la hausse jeudi, signe de l'optimisme des investisseurs sur un accord à venir.

Toujours à l'initiative de Ryad, une seconde conférence est prévue vendredi sur le même thème avec des ministres de l'Energie du G20.

 

La rédaction avec AFP

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