Pool : Kindamba, une ville qui renaît

Lundi 26 Mai 2014 - 17:02

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Kindamba n’évoque rien de spécial aujourd’hui. D’aucuns n’ont pas hésité à avancer que l’avenir de cette localité, au nord-ouest du département du Pool, devait se lire au passé. En effet, Kindamba était connue comme le bassin de l’activité bovine et le grenier du riz. Elle est bien révolue cette période quand on sait que la fin du monopartisme, ajoutée aux conflits armés que le Congo a connus (entre 1998, 1999 et 2000), ont ruiné son image. Quel visage présente Kindamba aujourd’hui ? Reportage

Kindamba est située à moins de 300 km de Brazzaville. Ici vivent près de 6.380 âmes. Avec la municipalisation du département du Pool en 2012, la localité a retrouvé l’espoir et affiche un autre visage. Autre facteur incitatif, la politique de déconcentration qui a érigé la localité en communauté urbaine, parmi les cinquante-deux que compte le Congo.

Bien que non bitumée, la route Kindamba-Mindouli n’est plus un bourbier qu’elle était hier. Certes, ici et là, le trajet reste éprouvant car il faut une journée entière pour joindre Kindamba. Mais une fois les pieds à terre, on découvre une ville en pleine renaissance. Premier symbole de la modernisation de Kindamba : le nouvel hôtel de ville qui a sonné le glas à cette allure villageoise qui lui est restée longtemps collée.

Autres éléments de cette mue, la vingtaine de villas appartenant à la SOPROGI, le réseau électrique totalement refait avec les deux groupes électrogènes dont la ville est dotée. À propos, explique, l’air enjoué, Bienvenu Balossa, le maire de Kindamba, « une case moderne a été construite pour l’agent de la SNE qui y sera affecté. La maison est totalement équipée. Et son occupant n’aura que son corps et sa famille à amener ».

Pendant ce temps, la population guette avec intérêt non seulement la fin proche des travaux des sièges de l’hôtel de la sous-préfecture et du tribunal de grande instance de Kindamba, mais aussi le début annoncé de ceux de l’aéroport.

Changement de moeurs

Signe de la vie qui revient, les parcelles jadis abandonnées sont à nouveau occupées. Un changement qui n’est pas que physique, dit Alain Kifini, natif de la localité. « La population de Kindamba a vraiment changé. Avant, les gens étaient impulsifs et agressifs », reconnaît-il, expliquant que l’arrivée des fonctionnaires, l’implantation des infrastructures, le nouveau mode de vie et, partant, le brassage des cultures, y sont certainement pour quelque chose dans cette évolution des moeurs.

Sur le terrain, la mairie met les bouchées doubles pour embellir la ville. Jardins publics aménagés à certaines intersections, terrain de foot réhabilité, telles sont les actions qui apportent un renouveau à Kindamba. Comme d’autres localités du Congo, Kindamba peut maintenant jouir des fruits de la paix et de la sécurité. Pour le vérifier, il suffit de se rendre chez Mâ Edouard, Mâ Wa ou Rock. Des enseignes qui permettent aux habitants de Kindamba de noyer les soucis auxquels nul humain ne peut se soustraire.

Le cours du marché

Cette « révolution » pour la modernité a pourtant son revers : la flambée des prix des denrées alimentaires. « Enclavée comme elle l’était pendant des années, la population ne produisait presque plus, sinon pour une consommation locale. L’ouverture des routes permet désormais des échanges et la circulation des produits, au point que certains cultivateurs préfèrent envoyer leurs produits à Brazzaville », explique le maire de Kindamba.

C’est ainsi que le manioc vendu hier à 100 FCFA ou à 500 FCFA est passé à 1.000 FCFA pendant que le poisson d’eau douce se fait de plus en plus rare sur le marché. Pareillement pour le kilogramme de viande fraîche qui revenait à 450 FCFA, il y a quelques années, et qui se vend aujourd’hui 2.000 FCFA.

« Chaque matin, dit Bill, enseignant à Kindamba depuis six ans, je regarde avec regret les trois ou quatre doigts de bananes étalés à 100 FCFA. Pourtant lorsque je suis arrivé, j’achetais sept bananes à 50 FCFA. » Si la quantité de farine de foufou coûte toujours 100 FCFA, elle a cependant sensiblement été réduite. Pour les passionnés de légumes ou de fruits, commente Presley, jeune fonctionnaire, il faut arriver tôt au marché pour espérer en avoir sur sa table. Un tantinet cartésien, le jeune fonctionnaire résume : « En clair, il faut au quotidien 2.500 FCFA à 3.000 FCFA pour une famille (couple + 2 enfants) pour se nourrir. À moins d’opter pour le régime simple : makoualas (harengs) secs et coco (gnitum africanum). » En revanche, reconnaît-il : « Le loyer reste pour l’heure modeste soit 10.000 FCFA pour une maison en briques cuites composée d’un salon et d'une chambre. »

Les défis à venir…

La première bataille concerne l’eau. « Grâce à l’expertise chinoise, des rochers ont été percés jusqu’à 100 mètres de profondeur. Les fontaines publiques sont déjà montées », explique le maire Bienvenu Balossa, annonçant que l’eau va bientôt couler dans la ville. Sur la liste des défis, figure aussi l’assainissement des voiries urbaines avec « une équipe qui est à pied d’œuvre pour des opérations de désherbage et de ramassage des ordures ». Avec la création de jardins et espaces verts à travers la ville, à l’instar du jardin aménagé devant l’hôpital, la pose des pavés, etc., Kindamba s’est inscrite sur la voie du développement.

« Comme vous le voyez, c’est une course contre la montre pour faire de Kindamba demain, une commune de plein exercice », conclut le maire qui, en reconnaissant le poids de la charge, salue l’attention du gouvernement et du président de la République pour cette localité qui a su résister aux épreuves du temps.

 

Jocelyn Francis Wabout

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L'hôtel de ville de Kindamba (crédit photo, ADIAC) photo 2 : Une vue du marché de Kindamba (crédit photo, ADIAC) Photo 3 : Un espace vert en cours d'aménagement (crédit photo, ADIAC)