Pour le Vatican, le trafic des êtres humains et des organes constituent des crimes contre l’humanité

Samedi 4 Juin 2016 - 16:27

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Des magistrats réunis au Vatican appellent les Etats à mettre dans la justice les moyens de leur action de lutte contre les trafics illicites.

Devant un parterre de magistrats et d’experts, le pape François a signé vendredi, au Vatican, un document qui range le trafic des êtres humains et des drogues parmi les crimes contre l’humanité. Réunis pendant deux jours au  Vatican, ces magistrats et ces experts ont examiné les mesures à prendre pour lutter contre les formes modernes d’esclavage tel le trafic des migrants, des organes, des drogues ou la prostitution qui en est un corolaire.

Lorsqu’il s’agit de droits humains, l’Eglise doit s’immiscer dans la politique, a soutenu le Souverain pontife lors de la cérémonie de signature du document final de cette rencontre. « Il y a un adage qui dit que l'Eglise ne doit pas se mêler de la politique, mais l'Eglise doit s'immiscer dans la grande politique », a dit le chef de l’Eglise catholique qui considère qu’il y a de « la grande politique » partout où le sort de l’humain se joue, où sa dignité est bafouée : le rôle des juges est essentiel pour défendre et réprimer dans de telles circonstances.

En responsable spirituel de plus d’un milliard de croyants, le pape François a appelé les juges à allier justice et miséricorde. « Le travail des juges ne finit pas avec la condamnation, il se poursuit par l'accompagnement, la réinsertion et la réhabilitation, soit de la victime soit du coupable ». Pour lui, les magistrats doivent résister aux pressions, d’où qu’elles viennent : des gouvernements ou de ce qu’il appelé des «structures du péché ».

La conférence a été organisée par l’académie pontificale des sciences sociales. Elle a fait le constat que devant des trafics en tous genres qui affectent aujourd’hui plus de 40 millions d'hommes, de femmes et d'enfants à travers le monde, les trafics d’êtres humains, les trafics d’organes et la prostitution « doivent être reconnus comme étant des crimes contre l'humanité par tous les leaders religieux, politiques et sociaux, et sanctionnés comme tels par des lois nationales et internationales ». Le pape a fustigé l’idée courante selon laquelle il ne fallait pas sévir contre la prostitution, parce que c’est le plus vieux métier du monde. Cela n’est pas acceptable, a-t-il lancé.

Le document final a formulé dix recommandations aux Etats, les appelant notamment à mobiliser des ressources pour faire condamner en justice davantage de trafiquants, à allouer les fonds illégaux saisis à la réhabilitation des victimes, à accorder à celles-ci une aide légale, une protection et une assistance médicale, et à poursuivre les clients de réseaux de prostitution. Le pape a loué pour cela le modèle italien qui redistribue aux organisations de lutte pour les droits de l’Homme ou des victimes, les terres et les biens arrachés à la mafia.

Il a lancé une pique ironique aux ambassadeurs qui ont boudé la rencontre, souvent des pays qui sont accusés de fermer l’œil devant le trafic des personnes ou de laisser prospérer le trafic d’organes. « Merci aux ambassadeurs qui sont venus à cette conférence, et merci aussi à ceux qui ne sont pas venus. Dites-leur que pour la prochaine conférence, notre porte est toujours ouverte, nous les attendons », a dit le Saint-Père dans un discours improvisé.

Lucien Mpama

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