Présidence de la République : Félix Tshisekedi boude un plan de sortie de crise proposé par Martin Fayulu

Mardi 2 Juillet 2019 - 17:45

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Dans un document daté du 10 mai dernier adressé aux chancelleries occidentales et aux institutions de la République, le candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre propose une transition allant de douze à dix-huit mois et la création d’un Haut conseil des réformes institutionnelles (HCRI) qu’il chapeautera sous la présidence du chef de l'Etat.

Un fait à la limite rocambolesque à mettre à l’actif de Martin Fayulu et qui ne va pas dans le sens de renforcer son leadership au sein de Lamuka, c’est sans doute ce document daté du 10 mai, en forme de plan de sortie de la crise, dont il serait l’auteur.

Dans ce texte distribué dans les chancelleries occidentales, le candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018 proposerait une transition qu'il appelle période des réformes allant de douze à dix-huit mois, avec Félix Tshisekedi comme président de la République. Il propose la création d'une institution dénommée HCNRI qu'il dirigera lui-même. Une institution qui se chargera, explique-t-il, des réformes à opérer, notamment à la Commission électorale, à la Cour  Constitutionnelle, à la Défense et sécurité, dans la gouvernance (lutte contre la corruption) et au niveau des droits humains. Martin Fayulu propose également l'organisation de nouvelles élections (présidentielle, législatives nationales et provinciales, plus les sénatoriales) ouvertes à tout le monde.

Comme il fallait s’y attendre, la publication de ce document dont l’authenticité reste néanmoins sujette à caution a enflammé la toile ces dernières semaines. La proposition de sortie de crise de Fayulu est décryptée par maints analystes comme un aveu d’échec de sa part, mesurant à présent les limites de son combat pour la vérité des urnes. D’aucuns y voient un appel de pied à son ex-challenger à qui il avait, en son temps, refusé la main tendue, obnubilé par l’ivresse de la popularité. La réponse de Félix Tshisekedi ne s’est, d’ailleurs, pas fait attendre.

Le chef de l’Etat a simplement prié son ancien compagnon de lutte de se diriger vers le parlement pour faire ses propositions en tant que député. « Les réformes ont des endroits pour être discutées. Fayulu est un élu. En allant au parlement, il peut emmener ce projet. Nous sommes en démocratie. Nous avons aussi la possibilité de refuser ou d’accepter ses propositions. Je ne vois pas l’utilité. Dans mon message du 30 juin, j’ai parlé des réformes, sans dire si je vais l’accorder à un individu. Moi, je ne vois pas l’utilité de créer une autre institution », a déclaré le 1er juillet, à Bunia, le président de la République, lors d’une conférence de presse.   

D’un document à un autre…

Notons que depuis l’arrivée à Kinshasa de Jean-Pierre Bemba précédé par le retour au Katanga de Moïse Katumbi, tous deux leaders cofondateurs de Lamuka, Martin Fayulu, le candidat unique désigné par la plate-forme à la présidentielle du 30 décembre, est visiblement en train de perdre du terrain. L’aura que s’est adjugée le principal leader de Lamuka tend à battre de l’aile dans un contexte où il n’est plus le seul, dans l’opposition, à accaparer les esprits; Bemba et Katumbi constituant deux pôles d’intérêts qui vont beaucoup influer sur l’avenir politique de la plate-forme. Ses principaux soutiens d’hier donnent aujourd’hui l’impression de vouloir récupérer leurs espaces perdus en projetant, d’ores et déjà, le prochain challenge de 2023.

Déjà, la marche interdite du 30 juin dernier a semblé être l’affaire de Martin Fayulu seul. En l’absence de Jean-Pierre Bemba qui s’est rendu discrètement, la veille, à Gemena pour se soustraire, selon des indiscrétions, d’une démarche à laquelle il n’avait souscrit que sur le bout des lèvres. Martin Fayulu n’avait qu’un seul appui : Adolphe Muzito. Le Mouvement de libération du Congo (MLC), à travers ses cadres, s’est fait un peu plus discret dans cette activité en évitant d’être aux premiers loges. En fait, cadres et militants de Lamuka sont allés dans cette marche sans trop de conviction, en plus du fait que l’objectif de l’activité, en lui-même, n’était pas très clair. Entre réclamation de la vérité des urnes, condamnation de l’invalidation des députés de l’opposition par la Cour constitutionnelle et besoin de changement, l’objectif de la marche est allé dans tous les sens.

Le hic dans cette histoire, c’est le communiqué attribué à Lamuka publié au lendemain de ces manifestations, sans le quitus d’autres leaders du regroupement dont le coordonnateur Moïse Katumbi. Pour un document qui rend compte de l’organisation et du déroulement de la marche du 30 juin, Martin Fayulu aurait agi de manière unilatérale, sans consulter le reste des leaders, tempêtent les Katumbistes. « Cette erreur, volontaire ou pas, est contraire au règlement de la coalition », a fait savoir Ensemble pour le changement, la plate-forme de Moïse Katumbi. « Les leaders déplorent et condamnent les événements d’hier mais n’ont pas signé cette déclaration », entend-on dire.   

Alain Diasso

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