Présidence de la République : le chef de l'Etat saisi du cas Roger Kibelisa

Mardi 9 Avril 2019 - 18:11

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Un collectif occasionnel composé des victimes de la répression politique qui a caractérisé les trois dernières années du pouvoir précédent sollicite du président de la République de surseoir son ordonnance portant nomination de l’assistant  principal de son conseiller spécial en matière de sécurité.

 

 

 

Dans une lettre publique adressée  au président de la République le 9 avril, et lue devant la presse dans une des salles du Centre de rééducation pour handicapés physiques à Gombe, le collectif indique que Roger Kibelisa, précédemment chef du département de la sécurité intérieure à l’Agence nationale de renseignement (ANR), était l'un des cerveaux de ce service reconnu dans la répression des Congolais et d’autres expatriés présents dans le pays. « Sous l’ancien régime, M. Kibelisa a été, sur le plan intellectuel et opérationnel, la cheville ouvrière de la répression visant à faire taire toutes les voix qui s’opposaient à une prolongation du mandat du président Joseph Kabila au-delà de la limite lui accordée par la Constitution en procédant à des arrestations arbitraires, des détentions au secret et des traitements inhumains et dégradants à l’endroit des dizaines d’activistes des droits de l’homme, des militants des mouvements citoyens et des opposants », a rappelé ce collectif, dans sa correspondance signée par une trentaine de personnes détenues au cachot 3Z et au quartier général de l’ANR, en marge de la répression politique entre 2015 et 2018.

Décrivant les conditions de leur détention et de leurs arrestations, ces victimes ont également relevé que les mauvais traitements subis ont conduit certaines d’entre elles à la mort. Aussi estiment-elles que la présence de Roger Kibelisa aux côtés du chef de l'Etat n’augurait pas un changement dans le secteur de la sécurité par rapport à l’ancien régime.

Réaliser les promesses faites à la nation et au monde entier

Ce collectif rappelle au chef de l’Etat ses promesses faites aux Etats-Unis de déboulonner le système dictatorial de son prédécesseur, relevant qu’il y a déjà des couacs avec certaines nominations. « Il s’agit là d’une forte promesse que nous apprécions à sa juste valeur. Seulement, quelques éléments questionnent notre conscience citoyenne en ce qui concerne votre réelle volonté de rupture d’avec le système et les pratiques du précédent régime », fait-il remarquer au président de la République.

Les signataires de la lettre affirment également avoir appris le départ de la tête de l’ANR de son administrateur général, Kalev Mutond, et son remplacement par son  adjoint, Inzun Kakiat. Cependant, estiment-ils, si « le départ du désormais ex-administrateur général, ayant fait de cette institution durant ces dernières années une machine de répression politique » est une excellence nouvelle, son remplacement par « un cadre qui a fait partie du noyau du système de répression » n’offre aucune garantie de changement dans ce secteur.

Rappelant que l’ANR disposait en son sein de plusieurs autres compétences, qui auraient sacrifié leur vie pour l’intérêt de la nation et qui ne seraient pas impliquées dans les violations des droits humains, ce collectif appelle le chef de l’Etat à faire plutôt recours à ses services en vue de déceler ces dernières et de leur donner la responsabilité de conduire ce service. Ces « victimes », qui attendent du chef de l’Etat de relever  Roger Kibelisa de ses fonctions, veulent aussi qu'il ne nomme plus des violeurs des droits humains à des postes de responsabilité. « Passer outre cette demande nous renverrait au fait que nous ne pouvons espérer, durant votre mandat, à une juste rupture avec l’ancien système qui a opprimé le peuple », ont-elles dit, promettant de se réserver le droit, dans le cadre d'une campagne intitulée "Zéro poste de responsabilité pour les prédateurs des droits de l'homme", d’ester en justice ou de d’user de toutes les voies constitutionnelles, conventionnelles et légales contre celui qu’elles considèrent comme l’auteur intellectuel de leur oppression.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Lecture de la lettre devant la presse/Adiac

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