Primature-FEC : Albert Yuma veut la tête de Matata

Mardi 4 Février 2014 - 20:00

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Le président du patronat congolais entrevoit une inadéquation entre les statistiques présentées par le Premier ministre en termes de croissance économique et les faibles retombées socioéconomiques sur le vécu quotidien de la population.

Alors qu’avec son vice-Premier ministre en charge du Budget (toujours suspendu aux séances de la Troika stratégique) l’attente est encore loin d’être scellée, voilà qu’un nouveau front vient de s’ériger contre Augustin Matata Ponyo. Elle porte la marque du tout-puissant président de la Fédération du Congo (FEC). Ce dernier, qui visiblement attendait le Premier ministre au tournant après qu’il a fait étalage de ses prouesses économiques à la faveur d’un récent point de presse, était en quête d’un prétexte pour apporter la contradiction. Sous le couvert d’une cérémonie d’échange des vœux organisée par la FEC, Albert Yuma s’est lancé dans une satire contre Matata Ponyo. Il a balayé d’un revers de main tout ce que le Premier ministre a égrené comme performances tout au long de son mandat. Dans son allocution, il s’est appesanti sur l’état de la Nation en 2013 en mettant une emphase particulière sur la situation socioéconomique.

Pour lui, le pays tangue avec un taux de croissance du PIB de 8,1% (...), un taux d’inflation de 1% à fin décembre 2013 (…) et un taux de change moyen à 926,88 FC (…). Les réserves de change se situeraient, d’après lui, à 1,72 milliard de dollars, soit 9,1 semaines en couverture d’importations de biens et services non liées à l’aide extérieure. Et faisant l’analyse qualitative de la croissance tant vantée par le Premier ministre, Albert Yuma stigmatise la nature non inclusive et non distributive de la politique gouvernementale. Une politique socioéconomique caractérisée, d’après lui, par une faible capacité à générer des emplois décents et durables et à distribuer des revenus qui permettraient de réduire significativement la pauvreté. Il entrevoit une inadéquation entre les statistiques présentées par le Premier ministre en termes de croissance économique et les faibles retombées socioéconomiques sur le vécu quotidien de la population.

Cette sortie du numéro un de la FEC avait suffi pour mettre de l’huile au feu sur fond d’une levée des boucliers dans le camp de Matata Ponyo. La réaction ne s’est pas fait attendre via la presse. Elle s’articule sur des justifications assorties des contre-chiffres avec, en toile de fond, un satisfecit renouvelé sur l’action gouvernementale dont les effets seraient positivement ressentis aujourd’hui dans tous les les secteurs de la vie nationale. « La FEC n’a pas mandat de rendre des comptes à la population. C’est l’obligation constitutionnelle de l’exécutif », avait tenu à recadrer l’équipe Matata avant de rappeler au président de la FEC, par ailleurs président du conseil d’administration de la Gécamines, administrateur et membre du comité d’audit à la BCC, ses méfaits de gestion. Réponse du berger à la bergère, dirait-on. L’homme ne s’est jamais illustré dans le sens d’imprimer la bonne gouvernance et une gestion rigoureuse à ces structures, fait-on observer. « Nul n’ignore ce que perd le Trésor public à cause de la gestion ombrageuse de la Gécamines, et ce, en dépit de différentes périodes d’embellie des cours du cuivre et du cobalt », soutiennent les pro Matata enfonçant le clou dans une guéguerre qui a fini par arpenter les allées des attaques personnelles et d’imputations dommageables. D’après maints observateurs, Albert Yuma ne serait que la partie visible de l’iceberg et porterait les intérêts d’un puissant lobbie qui tient à obtenir le départ d’un premier jouant au dur à cuir.  

Pendant que Matata Ponyo recommande à la FEC de se choisir un nouveau président qui représenterait mieux « ses intérêts professionnels en lieu et place d’un politicien en quête de positionnement », Albert Yuma, de son côté, exhorte le chef de l’État à tenir compte des souhaits du Patronat « lors de la constitution du gouvernement de cohésion nationale tant attendu ». C’est dans cet état d’esprit que les deux personnalités évoluent désormais, chacun campant dans ses positions. Nul ne sait comment cette histoire va se terminer. Ce qui est sûr, c’est que l’un des protagonistes finira par vider le plancher. Quoi qu‘il en coûte. Dossier à suivre.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Matata Ponyo et Albert Yuma