Primature : qui succédera à Matata Ponyo ?

Lundi 24 Octobre 2016 - 18:55

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Pour mieux gréer les ambitions des uns et des autres, la composante opposition politique ayant pris part aux travaux du dialogue réclame la mise en place d’une structure de coordination pour faciliter la composition du gouvernement de transition.

Qui succédera à Matata Ponyo à la tête de l'exécutif national ? La question taraude bien les esprits à l’heure actuelle où il est question de mettre en application les recommandations issues du dialogue de la Cité de l'Union africaine. L’une d’elle qui est censée être traitée de toute urgence est la formation du gouvernement devant gérer la période de transition jusqu’à l’organisation des prochaines élections. C’est autour de cet enjeu politique majeur que se cristallisent toutes les autres questions subséquentes dont la gestion socioéconomique du pays censé repartir sur des nouvelles bases avec un exécutif requinqué. Le temps presse et, aujourd’hui plus qu’hier, le besoin de doter le pays d’un nouveau gouvernement conformément au point C du chapitre IX du compromis politique conclu à la Cité de l’UA se fait cruellement sentir.

En principe, la nouvelle équipe gouvernementale est attendue d’ici le 9 décembre prochain pour respecter les vingt et un jours requis après la signature le 18 octobre de l’accord politique qui attribue le poste de Premier ministre à l'opposition.  Cependant, les choses ne paraissent pas aussi simples que cela au regard des ambitions qui se dessinent déjà parmi les opposants ayant pris part aux conciliabules du Camp Tshatshi. Le premier acte, selon la procédure, consistera à désigner un informateur pour effectuer des consultations auprès de groupes intéressés à se faire représenter au sein du gouvernement en gestation. Il est question de trouver la nouvelle majorité qui conduira la destinée du pays en cette période de transition et de laquelle sortira le prochain Premier ministre. Il va de soi que l’on assistera inévitablement à une recomposition des alliances nées des accointances conjoncturelles entre l’opposition présente au dialogue et la majorité présidentielle.

Ce qui fait dire à maints analystes que l’opposition pro dialogue devient de facto membre de la majorité présidentielle. Le contraire mettrait la nouvelle équipe gouvernementale en porte-à-faux avec les prescrits de la Constitution qui fait de la gestion du gouvernement une chasse gardée de la majorité au pouvoir. Entre-temps, on continue à se bousculer au portillon de la primature. Plusieurs noms sont avancés comme virtuel Premier ministre. Vital Kamerhe, qui a joué un rôle de premier plan pendant le dialogue et dont la présence aura donné une relative caution de crédibilité à ce forum boudé par le Rassemblement, serait bien positionné pour succéder à Matata.

Le président de l’UNC bénéficie, en outre, d’un immense capital de confiance auprès des acteurs politiques, financiers et autres en Occident et apparaît comme l’homme de la situation. Toutefois, ses démêlés avec certaines têtes couronnées de la majorité, qui tentent de lui régler des comptes ainsi que la déroute de ses militants par rapport l’idéal politique qu’il défend désormais contre leurs aspirations, risquent d’hypothéquer ses chances. À l’abordage, il y a le sénateur Mokonda Bonza, économiste de renom et professeur d’université, auteur d’un récent ouvrage qui a tout l’air d’un programme de redressement économique de la RDC. L’ancien directeur de cabinet de feu Maréchal Mobutu ne manque pas d’atouts en tant qu’intellectuel comme en témoignent ses interventions pertinentes à la chambre haute et sa riche expérience politique glanée au fil des régimes.

Kengo Wa Dondo et Jean Lucien Bussa, deux acteurs politiques appartenant à deux écoles différentes et qui diffèrent tant par le style que par l’approche des questions politiques et sociales, ne manquent pas non plus d’atouts pour prétendre être les dignes successeurs de Matata Ponyo. À côté de ces quatre noms, d’autres  personnalités de poigne pourraient tout aussi jouer les trouble-fêtes dans une configuration où le pouvoir discrétionnaire du chef de l’État peut tout chambouler. Joseph Kabila, qui a l’habitude de surprendre en piochant là où ne l’attend pas forcément, détient seul le secret de l’énigme.

C’est ainsi que, conscients des difficultés qui se posent à l'opposition pro-dialogue de se choisir un candidat Premier ministre consensuel, d’aucuns pensent que la meilleure formule consisterait à mettre en place d’une structure de coordination pour faciliter la composition du gouvernement de transition. Cette structure aurait pour tâche essentielle de gérer les ambitions des uns et des autres en définissant, entre autres, les modalités ainsi que les critères d’éligibilité étant donné que l’accord politique signé le 18 octobre n’a pas prévu des modalités pratiques de la mise en place du gouvernement de transition.  

Alain Diasso

Notification: 

Non