Prison centrale de Makala : la FBCP dénonce les décès quotidiens des détenus

Lundi 25 Février 2019 - 18:09

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L'organisation de défense des droits de l’homme parle d'une situation due à la mauvaise gestion du personnel médical et administratif du centre de santé de l'institution pénitentiaire.

La Fondation Bill-Clinton pour la paix (FBCP) s’est dite très préoccupée par les décès quotidiens des détenus de la Prison centrale de Makala (PCM). Cette situation, a-t-elle estimé, serait causée par la révocation ou la sanction de trente-deux membres du personnel médical et administratif du centre de santé de cette institution carcérale qui compte, à ce jour, au moins 7 750 détenus dont 1 061 seulement sont condamnés.

Dans une déclaration rendue publique le 25 février, la FBCP, citant des prisonniers malades, a, par exemple, relevé qu’en date du 22 février, aucun médecin n’a été présent dans ce centre de santé. « Nous sommes malades mais nous ne pouvons pas être soignés parce qu’il n’y a aucun médecin pour la consultation », ont indiqué ces prisonniers malades à cette ONG de défense des droits de l’homme.

Une décision illégale

Les trente-deux fonctionnaires membres du corps médical et administratif du centre de santé de la PCM y ont été affectés par le ministre de la Santé publique. Il appartiendrait donc, selon la FCB, au ministre de les faire partir de ce lieu d’affectation ou de les remplacer par d’autres. D’ailleurs, a-t-elle rappelé, ces fonctionnaires n’ont jamais été frappés par une mesure disciplinaire ou une sanction, pour être remplacés selon la procédure administrative.

Par ailleurs, indique l'ONG, il y a plus de deux cents personnes recrutées, d’une façon floue, par le ministre de la Justice, qui sont affectées à la PCM alors qu’elles sont sans numéro matricule et sans prime de l’Etat. Pire encore, a-t-elle fait constater, parmi les nouvelles recrues, il y a des enfants, des femmes et des copines de certaines autorités du pays qui assument de hautes fonctions de l’Etat. « La PCM ne disposant pas d’un budget administratif pour mieux s’occuper de ces fonctionnaires de l’Etat exerçant leur métier dans ce centre pénitentiaire, leur gestion sera très difficile », a prévenu la FBCP, qui note que même les anciens fonctionnaires qui y évoluent ainsi que les directeurs des prisons ne vivent que de leur maigre salaire sans primes.

Soulignant le droit au travail pour tous, l'organisation de défense des droits de l'homme fait savoir que le recrutement devrait être fait selon la procédure établie. Elle dénonce également ces recrutements à caractère politique dans les parquets, cours et tribunaux de paix, tribunal de grande instance, Cour d’appel, Cour de cassation et Cour constitutionnelle, dont la majorité ne dispose pas de frais de fonctionnement, les obligeant à monnayer tout service. « Alors que certains anciens recrutés ont fait plus de cinq voire quinze ans sans matricule et sans salaire, au lieu de régler leur problème, on préfère recruter de nouveaux et sans prime. Les victimes de cette situation, c’est le peuple. Ce qui fait que, pour obtenir un jugement ou faire la citation directe, il faut que l’intéressé débourse une somme de deux cents dollars américains ou plus », a regretté cette association.

Dans le cadre de la recherche des solutions pour l’amélioration des conditions des détenus, la FBCP appelle, à court terme, à une réunion urgente entre les ministres de la Santé publique et de la Justice en vue de remettre dans leurs droits les trente-deux agents renvoyés depuis le 29 décembre 2018. L’intervention de la ministre des Droits humains est sollicitée pour que les droits des détenus et les fonctionnaires des prisons sur l'ensemble du pays soient respectés.

A long terme, cette association attend du président de la République, Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, la réhabilitation de toutes les prisons du pays ainsi que la réalisation de toutes ses promesses de campagne. Il s’agit notamment, selon elle, de la libération de tous les prisonniers politiques ou assimilés, ainsi que les amnistiés de 2014 dont Me Firmin Yangambi, et ceux qui ont été accusés d’avoir participé à des mouvements insurrectionnels, dont les adeptes de Bundu dia Kongo, les sept militaires congolais en provenance de la République centrafricaine détenus pour avoir demandé le paiement de leur solde, les adeptes du pasteur Mukungubila, les membres de la milice Kamwana Nsapu, les vingt militants des ONG en provenance de Bunia, etc. Il est également sollicité au chef de l’Etat la mise en application des résolutions des états généraux de la magistrature de 2014 restées lettre morte.

 

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Des détenus dans un couloir de la Prison centrale de Makala /photo des tiers

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