Processus électoral : la Céni accusée de contribuer à l’exacerbation de la tension politique

Mercredi 2 Mars 2016 - 17:12

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Le collectif de trente-trois ONG motive ses accusations par l’invalidation des candidatures des indépendants à l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces, « sans motif valable ».

Dans un déclaration du 1er mars, le collectif de trente-trois ONG a noté que la centrale électorale a contribué à l’exacerbation de la tension politique par la publication de la décision n°03 portant réaménagement du calendrier de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces.

Cette plate-forme a, en effet, souligné que le 23 février 2016, le président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité présidentielle a adressé à la Céni une lettre par laquelle il a demandé l’invalidation de certaines candidatures déposées par des indépendants aux postes de gouverneur et vice-gouverneur, au motif que leurs auteurs seraient toujours membres de sa famille politique. Ce regroupement d’ONG a, en plus, noté que, le 27 février 2016, il a tenu un point de presse, « largement diffusé par la RTNC », insistant sur l’éjection desdites candidatures, « mais sans que la RTNC n’ait accordé la possibilité aux personnes concernées pour leurs répliques ».

La réponse de la Céni

Le collectif de trente-trois ONG a regretté que le 28 février 2016, la Céni ait rendu publique la décision n°005/CENI/BUR/16 déclarant irrecevables des listes de candidatures des indépendants, des partis et regroupements politiques à l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs des nouvelles provinces et la décision n°006/CENI/BUR/16 déclarant recevables certaines listes des candidatures des indépendants, des partis et regroupements politiques. « La Céni a même déclaré recevables des candidatures des partis politiques conduits par des dissidents proches de la majorité présidentielle portant des mêmes dénominations et insignes que ceux qui existent déjà mais proches de l’opposition », a appuyé cette coalition d’ONG, en citant notamment le cas de la candidature de l’ex-ministre du Genre, Bijou Mushitu Kat, présentée sous le label de l’Unafec et sans mandat de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, qui est pourtant reconnu comme seul président dudit parti par la décision de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe rendue contradictoirement sous RCE 024 le 10 juillet 2015.

La Coalition qui dit condamner la décision d’invalidation des candidatures des indépendants, du reste, sans motivation requise, a également dénoncé la divulgation de la liste des candidatures déposées à la Céni avant sa publication officielle. Elle exige, par ailleurs, une enquête indépendante pour établir les circonstances dans lesquelles la majorité présidentielle a pu s’en procurer déjà le 23 février 2016.

La coalition de trente-trois ONG a également condamné les pressions que le président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité présidentielle a exercées sur la Céni qui ont conduit à l’invalidation irrégulière, scandaleuse et antidémocratique des candidatures, notamment des indépendants proches de l’opposition politique. Elle rejette toute justification de cette décision par l’article 34 de la décision no 002/CENI/BUR/15 du 28 février 2015 portant mesures d’application de la loi électorale, car ne concernant que des partis et regroupement politiques et non des indépendants.

La plate-forme a, en outre, fustigé le manque d’indépendance dont la Céni a fait preuve en invalidant des candidatures en dehors de conditions légales prévues notamment par « les articles 161 et 162 de la loi no 06/006 du 9 mars 2006 portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales telle que modifiée par la loi no 11/003 du 25 juin 2011 ». Elle dit avoir constaté que tout a été fait pour que les candidats indépendants proches de l’opposition politique soient écartés de la compétition et que l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs devienne une simple formalité de nomination des membres de la majorité présidentielle.

Tout en recommandant à la justice de statuer sur les recours qui lui sont adressés par les victimes de la décision de l’invalidation irrégulière avec indépendance et impartialité, cette coalition d’ONG a recommandé à la majorité présidentielle et au gouvernement de s’abstenir de toute pression ou influence sur la Justice.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le coordonnateur de la coalition de trente-trois ONG, Me Georges Kapiamba /Photo Adiac

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