Processus électoral : l'inévitable dépassement du délai constitutionnel

Lundi 1 Février 2016 - 17:47

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Bien qu’une certaine classe politique congolaise continue de croire en la possibilité de tenir la présidentielle et les législatives cette année, les données techniques démontrent plutôt le contraire.

Chaque jour qui passe tend à repousser les échéances électorales au-delà des limites constitutionnelles. Réunis le 29 janvier pour examiner les voies et moyens de relancer le processus électoral, plus particulièrement la question de la révision du fichier électoral et celle du financement des élections,  le gouvernement, la Céni et les partenaires extérieurs se sont accordés sur le fait que cette opération prendrait au moins treize mois. À considérer ce timing, cela suppose que les élections attendues cette année ne pourront avoir lieu qu’au-delà du délai constitutionnel. Ce, d’autant plus que les scrutins ne pourront qu’intervenir à l‘issue de cette opération pré-électorale, c’est-à-dire au plus tôt début mars 2017.

Le côté laborieux que représente la révision du fichier électoral dont la première étape, en l’occurrence le lancement des appels d’offres aux éventuels fournisseurs des kits électoraux est censé intervenir le 10 février prochain, réconforte à l’idée du dépassement des échéances constitutionnelles. En effet, selon les experts, il faudra procéder à l’enrôlement de plus de quarante millions d’électeurs potentiels. Ce qui requiert la disponibilité d’un important stock des cartes d’électeurs (53 millions) en plus de 61 millions des formulaires d’identification pour plus de 6100 centres d’inscription et plus de 12200 kits d’enrôlement. L’opération est tellement énorme qu’il faut de gros moyens non encore disponibilisés à ce jour alors que le temps s’égrène.  

Avec un dialogue politique qui se fait toujours désirer, le processus électoral continue de battre de l’aile du fait de l’absence d’un calendrier électoral réaménagé. La Céni qui a promis de faire diligence est elle-même suspendue aux conclusions du consensus politique pouvant sortir du dialogue national avec éventualité de chambouler ses prévisions. Chargé de discuter notamment des questions de calendrier électoral, d’actualisation du fichier électoral, du financement des élections et de leur sécurisation, il est clair que les résolutions qui en sortiront changeront à coup sûr la donne électorale obligeant la Céni à se mettre au pas.   

En effet, la centrale électorale serait obligée de tout reprendre à zéro si les participants à ce futur dialogue décidaient, par exemple, de l’audit du fichier électoral ou de la recomposition de son staff. En attendant, le bureau piloté par Corneille Nangaa n’attend pas et est, d’ores et déjà, prêt à actionner la machine électorale, fort des assurances du gouvernement quant au financement des opérations électorales. Mais au-delà des simples déclarations d’intention, les Congolais attendent de l’exécutif national la concrétisation des promesses faites. Entre-temps, les partenaires extérieurs continuent de traîner le pas pour matérialiser en toute diligence leurs annonces de contribution à la tenue des élections dans les délais constitutionnels.

 Compte tenu de l’immensité du travail à faire, la Céni a donc tout intérêt à publier urgemment un calendrier réaliste et consensuel afin de relancer le processus électoral en panne depuis plusieurs mois. Et même si cela était fait, pensent certains experts, des préalables techniques s’inviteront sans doute au débat avec le risque d’entraver le processus. Comme quoi, les Congolais devraient donc se garder de trop rêver d’élections pour cette année 2016. Logiquement, les élections présidentielle, législatives et provinciales ne pourront pas se tenir dans le délai constitutionnel, quitte à accepter le glissement que requiert l’actualisation du fichier électoral avec le retard qu’elle pourra occasionner inévitablement.                

Alain Diasso

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