Proche-Orient : Qassem Soleimani tué par un raid américain

Vendredi 3 Janvier 2020 - 18:00

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Le puissant général iranien, émissaire de la République islamique en Irak, et un dirigeant pro-iranien ont été tués le 3 janvier à Bagdad. Leur mort a provoqué des appels à la «vengeance» de l'Iran et attisé les craintes d’un conflit ouvert entre Washington et Téhéran.

La frappe a été décidée par le président américain Donald Trump, qui a lui-même donné l'ordre de «tuer» Qassem Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, selon le Pentagone. Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l'Etat irakien, est également mort dans ce bombardement. Il s'agit de «la plus importante opération de 'décapitation' jamais menée par les Etats-Unis, plus que celles ayant tué Abou Bakr al-Baghdadi ou Oussama Ben Laden, les chefs des groupes Etat islamique (EI) et Al-Qaïda », a dit Phillip Smyth, spécialiste américain des groupes chiites armés.

Aussitôt, le président iranien Hassan Rohani a promis que «l'Iran et les autres nations libres de la région» prendraient «leur revanche sur l'Amérique criminelle pour cet horrible meurtre». Téhéran a convoqué le responsable de l'ambassade suisse, qui représente les intérêts américains, pour dénoncer le «terrorisme d'Etat de l'Amérique».

Cet assassinat ciblé va «enclencher une guerre dévastatrice en Irak», a prédit le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi. Dans ce contexte, les Etats-Unis ont appelé leurs ressortissants à quitter l'Irak «immédiatement», tandis que le leader chiite irakien Moqtada Sadr a réactivé sa milice anti-Américains, l'Armée du Mehdi. Au Liban, le mouvement chiite Hezbollah a estimé que venger le meurtre de Qassem Soleimani était désormais une «responsabilité» de la «Résistance» dans le monde entier.

Depuis des années, Bagdad est pris en étau entre ses deux grands alliés, américain et iranien et la mort du général Soleimani laisse craindre un conflit ouvert. La frappe américaine intervient après l'assaut mardi de l'ambassade américaine à Bagdad par des milliers de partisans du Hachd. «Les renseignements américains suivaient Qassem (Soleimani) depuis des années, mais ils n'ont jamais appuyé sur la détente. Lui le savait mais n'a pas mesuré à quel point ses menaces de créer une autre crise des otages à l'ambassade (à Bagdad) changerait la vision des choses», a expliqué Ramzy Mardini de l'Institut of Peace.

Le raid américain a visé avant l'aube un convoi de véhicules dans l'enceinte de l'aéroport de Bagdad, tuant au moins neuf personnes au total, selon des responsables des services de sécurité irakiens. Trois jours de deuil ont été déclarés en Iran.

Cette frappe américaine intervient à la suite d'attaques à la roquette contre ses diplomates et ses soldats. Non revendiquées, elles ont tué le 27 décembre un sous-traitant américain et ont été attribuées par Washington aux forces pro-Iran en Irak. Deux jours plus tard, Washington avait rétorqué en bombardant une base près de la frontière syrienne, faisant vingt-cinq morts.

Le raid américain va «accroître les tensions», a jugé Moscou, tandis que Pékin a appelé au «calme». Damas a dénoncé une «lâche agression américaine». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, de son côté, écourté un séjour en Grèce pour rentrer dans son pays, où un secteur du plateau du Golan, frontalier de la Syrie et du Liban, a été fermé vendredi par mesure de sécurité.

 

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

La foule brandit un portrait de Qasem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad ce 3 janvier (Tauseef MUSTAFA / AFP)

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