Production pétrolière : 3% de hausse du brûlage à la torche des gaz en 2018

Samedi 6 Juillet 2019 - 17:15

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Environ cent quarante-cinq milliards de mètres cubes sont produits annuellement dans le monde, soit l’équivalent de la consommation annuelle totale de gaz en Amérique centrale et du sud. Pour la Banque mondiale (BM) qui livre ces données recueillies par satellite, tout doit être fait afin d'endiguer ce phénomène en raison du caractère très nocif de ces rejets sur l’environnement.

Le brûlage à la torche est l’une des techniques les plus courantes dans le monde pétrolier et les plus critiquées pour le danger tant pour l’homme que son environnement immédiat. La pratique consiste juste à éliminer le trop plein de gaz contenu dans le pétrole pour en faire finalement un brut commercialisable. Dans la cité congolaise de Muanda, une partie du gaz de la production pétrolière sert à alimenter le tiers de la localité en électricité. D’ailleurs, le Groupe Perenco, la seule société à produire du pétrole sur l’étendue du pays, projette de construire une centrale électrique d’une capacité de 100 MW, avec une possibilité de passer au double, soit 200 MW, sur une période de vingt ans. Il s’agit d’une centrale fonctionnant exclusivement au gaz.

Pour autant, il y a l’autre aspect de la production pétrolière : la pratique de brûlage à la torche. Celle-ci existe aussi bien dans les sites pétroliers tant de la République démocratique du Congo que du reste du monde. Cette technique souvent cachée ou très peu médiatisée provoquerait des sérieux dégâts au niveau de l’environnement. En effet, un trop plein de gaz est refoulé dans les airs après avoir été extrait dans le sous-sol. Et les estimations de la Banque mondiale (BM) viennent en fait relancer une vieille polémique qui oppose les producteurs de pétrole aux experts. Comme l’explique l’institution de Bretton Woods, la pratique consistant tout simplement à rejeter des gaz à différentes étapes de l’extraction de pétrole représente environ trois cent cinquante millions de tonnes d’émissions en équivalent CO2 chaque année. « Ces rejets contiennent du méthane brûlé en partie uniquement et du charbon noir très nocif. Ils constituent également un gaspillage de précieuses ressources énergétiques », fait savoir la Banque.  

L’augmentation de 3 % enregistrée l’année dernière n’est que le fruit de la hausse systématique de la production de pétrole aux États-Unis d’Amérique. « Le brûlage  s’est envolé d’environ 48 % entre 2017 et 2018 à la faveur d’un bond de 33 % de la production d’or noir », a-t-elle poursuivi. Toutefois, même si le pays de l’Oncle Sam met à profit ses gisements de schistes bitumeux de Bakken et ses sites de Permien et Eagle Ford, l’intensité du brûlage des gaz dans ce pays reste insignifiante. « Le volume de gaz brûlé par baril de pétrole produit est resté modéré en 2018, soit 0,3 m3. Il est en recul par rapport à 2012 », a indiqué la BM Dès lors, l’attention des experts se tourne vers les pays en développement, plus précisément les pays en conflit. Il y a, par exemple, le Venezuela qui aurait enregistré une recrudescence de cette pratique. « Au Venezuela, en Syrie et au Yémen, le "torchage"a grimpé en flèche alors que la production pétrolière s’est effondrée », a-t-elle fait remarquer. 

Pour la BM, il est impossible de renforcer un contrôle sur ce phénomène mais il existe une solution intéressante. «  Nous ne pouvons certes pas contrôler tous les facteurs qui contribuent au brûlage du gaz, mais nous pouvons et devons agir sur les cadres réglementaires, les infrastructures et les retards technologiques afin d’exploiter et de conserver les gaz associés », a-t-elle conseillé.

 En Angola, les autorités  ont réussi à faire reculer de 27 % la pratique de brûlage des gaz. « Au lieu d’être torchés, les gaz ont été exportés via l’usine de gaz naturel liquéfié du pays », a signifié la BM. Une piste que devrait étudier plus profondément la République démocratique du Congo dont les ménages se mettent progressivement à l’heure du gaz. Pour conclure, la BM estime que la pratique a bien connu une réduction sur une période de vingt ans, alors que la production pétrolière n’a cessé d’augmenter. Nous y reviendrons.  

Laurent Essolomwa

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