Protection de l’enfance : l’Union européenne finance à plus de 390 millions FCFA

Mardi 22 Avril 2014 - 15:51

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Le projet de renforcement des capacités des acteurs locaux en faveur de la protection de l’enfance a été lancé, à Brazzaville, avec la participation du gouvernement et des partenaires étrangers dont l’Union européenne, selon les informations parvenues le 22 avril à notre agence de presse

Financé par l’Union européenne à hauteur de plus de 600 000 euros, soit plus de 390 millions FCFA, représentant 75% du coût total de l'action, le projet est mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat entre l’ONG Triangle Génération Humanitaire et le Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (REIPER).

L’objectif du projet est d’améliorer la protection et la réinsertion des enfants en situation de vulnérabilité par la sensibilisation et le renforcement des capacités d’intervention des acteurs publics et associatifs. « Ces jeunes en situation de grande exclusion, constituent pour nous pouvoirs publics et organisations de la société civile, un grand défi. Ce défi, c’est la protection sociale de l’enfant, en termes de santé, d’hygiène, d’éducation, de formation, de participation à la vie économique. En un mot, faire de ces enfants et de ces jeunes, des citoyens à part entière », a expliqué la ministre Émilienne Raoul.

La pérennisation de ce projet risque de poser problème à Brazzaville et à Pointe-Noire, lorsque les moyens mis à disposition par l’Union européenne seront épuisés. Les municipalités sont donc conviées à trouver des solutions et il revient au gouvernement d’accélérer la prise de textes pour le transfert des compétences et des moyens aux collectivités locales, dans le cadre d’une politique de protection de l’enfance. La ministre des Affaires sociales a également argumenté en indiquant : « La famille est le premier cercle de protection de l’enfant. Il est du devoir des familles de garantir le respect des droits de leurs enfants, de veiller à ce qu’ils soient protégés contre toutes formes d’exclusion, de violence et d’injustice. »

L'action du projet s'insère dans un cadre juridique national et international établi en s'inscrivant pleinement dans la cadre de la Convention internationale des droits de l'enfant (1989), ratifiée par la République du Congo, ainsi que la loi 04-2010 du 14 Juin 2010 portant sur la Protection de l'enfant en République du Congo.

Pour la conseillère politique de la délégation de l'Union européenne, Isabelle Edet : « L'État facilite le dispositif d'antenne mobile, et d'accès aux mineurs incarcérés dans la maison d'arrêt de Brazzaville pour une réussite des activités socio-culturelles et éducatives programmées. De même, il faut l'implication des agents de la sécurité publique pour faciliter les déplacements et l'accès aux quartiers. » La conseillère européenne suggère que l'État congolais s'assure de l'engagement personnel des juges et fonctionnaires clés, garants de la gratuité des actes juridiques et du bon déroulement des procédures de placement en familles d'accueil. Elle a également rappelé qu’il est, en effet, primordial que ces services bénéficient d'un encadrement financier juste, afin d'empêcher le prélèvement injuste de taxes aléatoires sur ce type de documents.

Les enfants de la rue, enfants incarcérés ou encore enfants en situation de rupture familiale ou sociale, demeurent particulièrement exposés à toutes formes de violences, mais aussi à la consommation de drogues, à l'infection par le VIH/sida ou la prostitution, aggravant encore leur isolement et leur situation de précarité. Rappelons qu’au mois de janvier de cette année, se tenait à Pointe-Noire un séminaire inter-municipalités consacré aux enfants et aux jeunes de la rue. L’objet de cette rencontre était d’échanger et de faire émerger des propositions pour accompagner le processus d’assistance des enfants en situation de rue dans les grandes villes africaines.

Par ailleurs, l’ONG Triangle Génération Humanitaire (TGH) dont le chef de mission est Diego Curutchet, existe depuis 1994 et mène des activités en République du Congo depuis 2011. En 2013, ses équipes engagées sont présentes dans 13 pays et territoires en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, gérant environ 50 programmes. Ceci grâce à des partenariats publics durables avec des bailleurs internationaux et locaux, en s’appuyant sur des structures de l’État et de la société civile locale.

Au Congo le phénomène des enfants vivant en situation de rue est une réalité. En 2003, l’IRC, une ONG américaine, menait une étude sur le sujet avec le concours de l’Unicef et de plusieurs ONG congolaises. Un total de 1.990 enfants de la rue a été dénombré, dont 1.100 à Brazzaville et 800 à Pointe-Noire. De cette étude, il ressort que la rue donne l’illusion de liberté et d’évasion, mais les expose à différentes formes de violences et maltraitance (viol, exploitation sexuelle, drogue) qui affectent leur développement et leur insertion dans la société.

Devenue une référence, cette étude a mis en évidence les caractéristiques relatives au profil des enfants en situation de rue. Il ressort que 95% des enfants de rue sont des garçons et 5% des filles. L’âge de ces enfants est compris entre 13 et 15 ans pour 35% des interviewés, 22% pour les 16 à 21 ans et 19% pour les enfants de 9 à 12 ans. Ils ont pour habitude d’évoluer dans les zones commerciales de Brazzaville, comme le port du Beach et le quartier de Poto-poto.

Au moment du recensement d’IRC, la plupart des enfants étaient dans la rue depuis un à six mois ou plus de deux ans. Les raisons principales qui les ont poussés à évoluer dans la rue sont à 40% d’ordre personnel, c’est-à-dire qu’elles sont liées au désir d’indépendance, à la recherche d’aventure ou à l’influence des amis. Viennent ensuite les raisons d’ordre interpersonnel (32%) qui sont directement liées aux problèmes de maltraitance, de bagarres, de divorces/séparations/décès des parents, à l’accusation de sorcellerie et enfin au manque d’affection.

Les raisons économiques représentent 23% des causes qui ont entraîné le départ du foyer. Elles sont essentiellement liées au manque de nourriture et d’argent ou simplement au rejet des parents.

Fortuné Ibara