Protection de l’ordre constitutionnel : des ONG proposent une feuille de route

Lundi 24 Octobre 2016 - 16:26

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Dans ce document de sortie de crise, ces organisations continuent à croire qu’il était encore possible de respecter la Constitution, notamment en ce qui concerne l’alternance à la tête du pays.

Dans une déclaration signée par 173 mouvements citoyens congolais et de la société civile rendue publique le week-end au Cepas à Kinshasa, ces organisations ont insisté sur l’alternance politique pacifique au 19 décembre 2016 à minuit. Indiquant que tous les signaux étaient au rouge, les signataires ont averti que la Nation congolaise dérivait dangereusement vers l’anarchie et le chaos. « Le rêve démocratique de toute une génération peu à peu s’évanouit dans un sinistre nuage où se mêlent cupidité, corruption, égoïsme et bassesse d’une certaine classe qualifiée de politique. Les larmes des vivants et les cris stridents des martyrs arrivent jusqu’aux confins de l’Afrique et du monde, d’où remonte, monotone, le même écho tantôt de lâcheté, tantôt d’indifférence, tantôt de complaisance, parfois même de complicité… », ont indiqué ces organisations, brossant ainsi un tableau sombre de la situation que traverse le pays actuellement.

Pour ces organisations, en effet, la situation que vit la RDC n’est pas le fruit du hasard. Elle a été, selon les signataires de cette déclaration, savamment planifiée et exécutée dans le but de mettre le peuple devant un fait accompli consistant à prouver qu’il était techniquement impossible d’organiser les élections. Ce constat devrait permettre, ont-ils souligné, aux animateurs actuels des institutions de rester en place au nom du fameux principe de continuité de l’État, faute d’avoir réussi à la faire autrement.

Préserver l’ordre institutionnel

Pour les signataires de cette déclaration, il était impérieux de préserver l’ordre institutionnel actuel. « Faire autrement sera ouvrir une boîte de pandore dont personne ne peut deviner comment elle se refermera. Une transition telle que proposée par les participants au dialogue de la cité de l’Union africaine (UA) n’aura aucune base constitutionnelle. Le danger c’est qu’en les laissant faire, cela rendrait l’actuelle Constitution caduque et ouvrira la voie à un référendum », ont averti ces organisations.

C’est dans cette optique que les signataires ont proposé que le chef de l’État actuel quitte ses fonctions au plus tard le 19 décembre 2016. Selon ces organisations, la vacance doit être constatée et le président du Sénat investi président de la République par intérim, comme le veut la constitution. Mais aussi un forum inclusif devra être tenu, au vu de la crise créée par la non-organisation de l’élection présidentiel dans le délai constitutionnel, la faible légitimité des institutions à cette date ainsi que la résolution 2277 de l’ONU. Le forum préconisé aura comme objectifs la validation d’un calendrier électoral global et la réorganisation de l’équipe dirigeante de la Céni.

Notant que c’est la volonté politique qui manquait à la RDC pour organiser ses élections, ces organisations ont appelé les Congolais, par les organisations de la société civile, à redoubler de pression pour faire prendre conscience à la classe politique et à la communauté internationale, qu’il n’a pas d’autre voie que de tenir les élections et laisser se poursuivre la marche vers la démocratie, indispensable à la paix, la stabilité et le développement du pays. « Tout schéma contraire expose le pays à des graves violences et à une grave crise dont personne ne saura prévoir le dénouement », ont-elles avisé.

Dans la feuille de route proposée, les signataires attendent du président de la République de s’engager solennellement à rendre le pouvoir le 19 décembre 2016 au plus tard et de prendre des mesures courageuses et sincères de décrispation du climat politique. Sollicitant le soutien de tous les acteurs politiques congolais à cette feuille de route ainsi que leur contribution, par tous les moyens, à sa mise en œuvre afin de préserver l’ordre constitutionnel et les acquis démocratiques, les signataires les appellent également à s’abstenir des actes de provocation et de violence dans la poursuite de leurs buts.

À la communauté internationale, en plus du soutien à cette feuille de route, les signataires ont également sollicité son engagement à accompagner le peuple congolais dans sa volonté de préserver ses acquis démocratiques et son ordre constitutionnel, d’encourager le président Joseph Kabila et les autres acteurs politiques congolais à suivre les recommandations formulées à leur égard dans ce document et de s’abstenir de toutes déclarations et de tous actes de nature à faire douter de leur considération pour la souveraineté, la dignité et l’aspiration légitime du peuple congolais à la démocratie. Les signataires exhortent, enfin, la société civile à l’adhésion, au soutien et à sa contribution à la mise en œuvre de la feuille de route et du plan d’actions citoyennes dont elle est assortie, à intérioriser le fait que personne ne va sauver le Congo et rendre la dignité au peuple, en dehors de ses propres filles et fils, et agir en conséquence, ainsi qu’à mobiliser les citoyens pour le respect de l’ordre constitutionnel, et pour la résistance pacifique, s’il le faut. Mais déjà les signataires ont appelé à un sit-in de  deux jours, les 26 et 27 octobre, devant la siège de l’UA, à Kinshasa et devant les Assemblées provinciaux, sur toute l’étendue du pays, pour rejeter les conclusions du dialogue de la cité de l’UA et rappeler la détermination du peuple congolais à avoir l’alternance au pouvoir suivant le schéma proposé dans leur feuille de route.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Lecture de la déclaration par Claude Imani, encadré par Me Venance Kalenga et Carbone Beia/Photo Adiac Photo 2: La secrétaire générale du MLC, Éve Bazaïba, et l'ancien secrétaire général de l'UDPS, Jacquemin Shabani, dans l'assistance/Photo Adiac

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