Quand l’actualité brouille les politiques d' immigration

Mercredi 4 Janvier 2017 - 17:00

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L’Italie annonce qu’elle va accélérer les expulsions et les rapatriements de migrants vers leurs pays d’origine après des faits de violence des migrants.

Comme il arrive souvent en matière d’immigration, en Italie et en Europe, c’est l’actualité plutôt que la seule vision de l’avenir qui devient la boussole de la politique migratoire. Le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, (qui était encore, il y a peu, le ministre de l’Intérieur du gouvernement sortant de Matteo Renzi), a indiqué mercredi dans la presse que son pays allait accélérer les expulsions et les rapatriements de migrants.

Le déclencheur de cette fermeté est la révolte des migrants, lundi, à Cona près de Venise. La mort (semble-t-il par maladie) d’une Ivoirienne requérante d’asile, a suscité une violente protestation chez les 1400 migrants d’un camp de transit, accusant les services de secours d’avoir tardé à répondre à leur appel. Ceux-ci affirment qu’ils sont venus aussi vite qu’ils ont pu, en 20 minutes. Les médecins indiquent pour leur part, que la mort de la jeune dame de 25 ans était inéluctable. De leur côté, les 190 habitants de Cona se disent cernés par des étrangers en surnombre.

« Nous agissons avec rigueur et humanité: nous avons sauvé beaucoup de vies mais nous ne pouvons pas accepter de quiconque des violations des règles », a indiqué M. Alfano. « C'est pour cela que nous devons accélérer les expulsions et les rapatriements. Je travaille pour conclure des accords qui diminuent les arrivées et empêchent les départs », a-t-il souligné. Il a indiqué  qu’il collaborait dans cette logique avec trois pays africains avec lesquels il était sur le point « de conclure un accord » : le Niger, la Libye et la Tunisie.

La Tunisie est précisément l’autre pays d’où provient l’autre élément d’actualité qui a bouleversé l’opinion italienne ces derniers jours. Le 19 décembre dernier, le Tunisien Anis Amri avait tué en Allemagne un routier polonais, volé son poids lourd et foncé à son volant sur un marché de Noël de Berlin. Bilan : 12 morts et plusieurs blessés. Traqué par les polices européennes, c’est en Italie que le fugitif avait été abattu par les forces de l’ordre, près de Milan. Or, le Tunisien avait fait partie des vagues de migrants ayant débarqué à Lampedusa en 2011 à la faveur desdits « printemps arabes ».

Il avait été emprisonné pendant quatre ans en Italie pour avoir tenté de brûler le centre des migrants où il avait été accueilli. Mardi, la police scientifique italienne a indiqué que le pistolet avec lequel Amri avait tué le chauffeur polonais est bien celui qui a été retrouvé sur lui le jour de sa mort. Et avec lequel il a tiré sur un gendarme italien avant d’être abattu.

L’Italie, jusqu’ici préservée de la vague d’attentats qui a touché des pays comme la France, la Belgique où l’Allemagne, entend ne pas faire entrer les extrémistes dans les migrants qu’elle accueille par centaines sur ses côtes. Il s’agit de les expulser, mais il s’agit surtout de les empêcher de viser la Libye comme pays de transit pour une entrée clandestine en Europe. Immigration et extrémisme semblent désormais avoir partie liée aux yeux de l’opinion italienne.

Lucien Mpama

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