Que nous réserve l'avenir ?

Nul, bien sûr, ne saurait le dire avec certitude, mais les indices ne manquent pas qui permettent aujourd'hui de se faire une idée assez juste de ce qui nous attend demain dans le domaine, sensible entre tous, des relations internationales. A commencer par le changement des rapports de force à l'échelle mondiale qui résulte des évènements auxquels nous assistons en divers points du globe.

Résumées en quelques phrases, les modifications majeures qui marqueront vraisemblablement l'avenir proche sont les suivantes :

1) Les conflits dits "de basse intensité" vont se multiplier, déstabilisant ainsi des régions entières de la planète. Quels que soient les moyens militaires déployés par les grandes puissances au Levant, en Libye, dans la région du Sahel et ailleurs, la déstabilisation qui frappe de nombreux pays s'étendra inexorablement. Fondée sur un mélange d'idéologie, de radicalisme, de fanatisme religieux, de trafics en tous genres elle ne pourra être stoppée que si les nations directement concernées s'entendent pour la combattre. On en est évidemment très loin en dépit des apparences.

2) Les puissances qui prétendaient jusqu'à présent être en mesure d'y ramener le calme vont devoir se retirer progressivement des zones de conflit. Il ne faut pas être spécialiste des questions stratégiques pour comprendre que les pays comme la France ne pourront pas longtemps encore intervenir avec leurs troupes sur le terrain en Afrique de l'Ouest comme en Afrique centrale. Ne disposant pas des moyens nécessaires et, surtout, ne pouvant pas compter sur l'appui de leurs partenaires européens qui ne mesurent visiblement pas l’enjeu de la partie qui se joue, ils devront tôt ou tard se retirer des zones de conflit.

3) Parallèlement il est probable, pour ne pas dire certain, qu'une série de guerres froides se développeront dans les différentes régions du monde où les "Grands" se retrouvent face à face. Tel est le cas du Moyen-Orient où, de façon très évidente les Etats-Unis et la Russie s'affrontent déjà à fleurets mouchetés tout en prétendant agir de concert ; mais c’est tout aussi vrai en Europe de l'Est où la Russie de Vladimir Poutine n'est pas près d'admettre l'extension de l'Alliance atlantique ou en Mer de Chine où l’ex Empire du milieu consolide de jour en jour sa présence au grand dam des Etats-Unis et du Japon.

4) Dans un pareil contexte de compétition entre les « Grands » il va de soi, même si ce n'est pas encore très visible, que l'Afrique subsaharienne deviendra pour chacun d’eux, dans le proche avenir, un enjeu stratégique majeur. Profitant du retrait progressif des anciennes puissances coloniales, la Chine, les Etats-Unis, la Russie mettront tout en œuvre dans les années à venir pour asseoir fortement leur présence sur le continent. Avec deux idées en tête : participer de façon plus active à l'exploitation des immenses ressources naturelles qui s’y trouvent concentrées, prendre une place éminente sur un marché qui sera demain le plus dynamique du monde étant donné son poids humain croissant.

5) Pour ne parler que de l'Afrique - mais le problème se pose dans des termes identiques pour l'Amérique Latine et pour l'Asie du sud - la grande inconnue de la situation présente concerne la capacité des pays du continent à s'organiser afin de constituer des ensembles économiques et politiques cohérents capables de négocier d'égal à égal avec les puissances extérieures. Comment faire de l'Union Africaine une entité capable de se faire entendre à l'échelle mondiale ? Comment constituer des communautés sous-régionales puissantes ? Telles sont les deux questions auxquelles les dirigeants africains devront rapidement répondre s’ils veulent être entendus et respectés.

Mieux vaut s'en convaincre dès maintenant, les années à venir seront tout sauf calmes et sereines pour la communauté des nations.