RDC : le Pr André Mbata : “il n’y aura pas de référendum pour rallonger le pouvoir en place”

Mardi 16 Mai 2017 - 17:15

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Pour ce constitutionnaliste congolais le mieux connu dans le pays et en dehors des frontières nationales, le référendum ne serait possible que sur les matières révisables et non pas sur celles qui sont implicitement ou expressément intangibles et qui sont verrouillées par l’Article 220 de la Constitution.

Interrogé lundi 15 mai 2017, alors qu’il revenait d’une conférence à Maputo au Mozambique, le professeur André Mbata, dans un message adressé à la Majorité présidentielle (MP) a noté que le président de la République en place ne bénéficiera pas d'un troisème mandat. “Cessez de rêver, il n’'y aura pas de référendum constitutionnel pour accorder un troisième mandat au président Kabila”, a-t-il clairement dit dans ses propos recueillis par Ibrahim Seck.

Pour ce constitutionnaliste congolais, en effet, la MP était certes battue K.O, mais elle n’avait pas abandonné pour autant. Enivrée récemment, a fait observer ce scientifique, par sa pêche miraculeuse dans la marre des opposants elle a réussi facilement à débaucher certains vrais-faux membres du Rassemblement et du Front pour le respect de la Constitution alors que la fameuse Opposition signataire de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine était déja bien en poche, la MP a finalement levé l’option d’un référendum en vue de faire sauter l’Article 220 de la Constitution. De l’avis du Prof André Mbata, cette décision aurait été formellement prise lors de la réunion de son Bureau politique tenue à Kinshasa le 13 mai 2017 et au cours de laquelle, comme à l’apogée du MPR, Parti Etat, la fidélite sans faille au chef de l’Etat comme règle de discipline a été rappelée aux membres de ce groupe.

Le premier à se jeter dans l’eau...

A en croire le constitutionnaliste congolais le mieux connu dans le pays et en dehors des frontières nationales, l’annonce en a été faite sur tous les médias par Alain Atundu Liongo, “l’ancien chef des services de sécurité de Mobutu devenu porte-parole de la MP par la magie de la Révolution de la Modernité”. Moins de 48 heures après, a-t-il relevé, pour confirmer que André-Alain Atundu ne faisait qu’exprimer la position de la MP et de son Autorité morale et initiateur du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), le président Kabila, comme dans le jeu de relais, c’est le tour de Me Célestin Tunda ya Kasenda de se donner une tribune pour repercuter la nouvelle dans un article publié par Forum des As et relayé par 7 sur 7 dans leurs éditions du lundi 15 mai 2017 sur la politique africaine du président français Emmanuel Macron. “Me Célestin Tunda, cet ancien vice-ministre de Kabila et collègue de promotion du Prof Evariste Boshab, est licencié en droit de la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa, mais nul ne sait quelle université ou académie lui avait otroyé un diplôme de spécialiste en géopolitique comme il se présente”, a-t-il martelé, comme pour nier à cet autre scientifique les capacités dont il se prévaudrait.

Une visée dévoilée

Pour le Prof Mbata, il était donc clair pour ceux qui étaient encore trop naïfs pour ne pas le croire que le chef de l’Etat ne voulait pas de la mise en oeuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre. “Très bien placé parce qu’étant la troisieme personnalité du parti présidentiel, Me Tunda nous apprend que contrairement au discours officiel, Joseph Kabila n’est pas favorable aux élections et cherche par contre à se cramponner au pouvoir par le recours au référendum”, a-t-il dit pince sans rire. Que ces messieurs et dames de la MP cessent de rêver. Il n’'y aura pas d’inanition de la Nation par référendum constitutionnel sur l’article 220 pour consacrer une monarchie présidentielle. Le compte à rebours a commencé. Cette MP dont vous entendez parler et qui vous donne l’impression d’être forte et soudée derrière son Autorité Morale ne sera plus. Si vous m’appelez le 15 mai 2018, un nouveau président de la République aura déjà  passé plusieurs semaines comme chef de l’Etat congolais au Palais de la Nation”, a avisé ce constitutionnaliste, pour rassurer son interlocuteur.

Pour ce professeur d’universités, en effet, le référendum ne serait possible que sur les matières révisables et non pas sur celles qui sont implicitement ou expressément intangibles comme la forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du gouvernement, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical ainsi que le nombre (deux) et la durée (cinq ans) du mandat du président de la République qui sont verrouillées par l’Article 220 de la Constitution. “La MP et ses juristes ont intérêt à apprendre ou à reapprendre les fondamentaux du droit constitutionnel congolais en vigueur au lieu de se fier aux nombreux aventuriers, affairistes, retraités ou ménopausés intellectuels qui se recrutent dans ses rangs ou à l’étranger”, a-t-il conseillé, notant que l’Autorité Morale qui avait déclaré ne pas avoir dans son entourage (PPRD et MP), dix personnes compétentes pour développer le Congo se moquerait bien de leurs gesticulations et prépare déjà sa vie après la présidence, en sachant que le peuple congolais est résolument debout pour contrer tout coup d’Etat contre la Constitution.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: le Prof André Mbata (devant l'ordinateur), lors d'une tribune sur l'affaire Diomi Ndongala/photo Adiac

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