RDC : les pouvoirs publics complices des bourreaux des journalistes

Vendredi 3 Novembre 2017 - 16:00

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L'association de promotion et de défense de la liberté de la presse, Freedom for journalist (FFJ), a accusé, le 2 novembre à l'occasion de la journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, les décideurs politiques d'être de mèche avec les fossoyeurs de la presse.

L’Organisation non gouvernementale (ONG) a déploré l’impunité dont jouissent les bourreaux des journalistes, souvent identifiés parmi les détenteurs de la puissance publique en République démocratique du Congo (RDC).  Dans sa déclaration officielle pour la circonstance, elle note que « toutes les typologies des violations des droits civils et politiques ont été commis en cette année 2017, allant de la disparition à l’entrave à la libre circulation de l’information, où des journalistes et des médias ont été empêchés, par des moyens d’Etat, à faire, en toute liberté, leur travail ».

Des médias réduits au silence

Selon FFJ, tout au long de l’année en cours, des journalistes ont été l’objet de diverses pressions tandis que des médias ont été réduits au silence, principalement ceux localisés dans le centre et l’est du pays. « Les auteurs d’interpellations des journalistes sont des agents de l’Etat abusant de leur pouvoir pour traquer et inquiéter des médias indépendants », a insisté l’ONG. Pour le seul mois d’octobre 2017, en effet, FFJ a pu documenter une demi-douzaine des cas d’atteintes avérés à la liberté de la presse et d’expression. « Des journalistes sous pressions s’imposent désormais une censure dans l’exercice de leur travail, privant ainsi, malgré eux, la population d’une information exhaustive », a expliqué cette organisation.

 Lutte commune pour changer les choses

FFJ a, finalement, exprimé sa volonté de s’associer à d'autres organisations de défense de la liberté de la presse dans le monde pour « une déterminante lutte commune en vue de se défaire de l’étreinte des ennemis de la contradiction qui prennent, pour cible, les journalistes et les médias ».

L’ONG a, par ailleurs, avoué qu’en RDC, jamais une enquête a donné lieu à des inculpations sérieuses des agresseurs des journalistes, sinon de semblant de poursuites qui finissent par des arrestations de menus fretins, des vrais commanditaires restant tapis dans l’ombre. Dans cet ordre d’idées, elle a dit se rappeler l’assassinat, dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005 à Kinshasa, du journaliste Franck Kangundu, dit Franck Ngyke, tué avec son épouse, et celui des journalistes français Ghislaine Dupont et Claude Verlin, tués il y a quatre ans, au nord du Mali. « Nous avions, il y a peu, déposé une gerbe de fleurs avec la fille aînée du journaliste Ngyke, sur la tombe de l’illustre disparu et disons ça suffit. L’impunité doit s’arrêter », a martelé cette association dans sa déclaration.

FFJ a, enfin, noté que la RDC tarde à prendre des mesures qui s’imposent pour protéger les journalistes et tous ceux qui travaillent en lien avec les médias. En dépit d’une résolution de l’ONU condamnant l’ensemble des attaques et des violences perpétrées contre les journalistes et agents des médias, a relevé l’organisation, la RDC semble moins s’en préoccuper. « A la suite de l’Unesco, le gouvernement est invité à garantir un exercice libre de l’exercice de la liberté de la presse sur l’ensemble du territoire et à prévenir toute violence contre les journalistes et les agents des médias, afin de garantir que les auteurs des crimes les visant soient reconnus comme responsables et soient traduits en justice, et afin de garantir une possibilité de recours pour les victimes », a insisté l'association FFJ.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Une inscription pour la liberté de la presse/photo tiers.

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