RDC-Liban : des jeunes congolaises livrées à la merci d’un réseau de proxénètes

Lundi 16 Décembre 2013 - 17:29

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L'Assemblée nationale a dénoncé, depuis quelques jours, l'existence d'un trafic d’êtres humains qui concernerait surtout des jeunes congolaises envoyées au Liban pour servir comme esclaves sexuelles.

Une commission parlementaire chargée d’investiguer sur les allégations de trafic humain en RDC vers le Liban avait finalement dévoilé ses secrets lors de la plénière du 6 décembre à la chambre basse du Parlement. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont et on en sait un peu plus sur ce trafic d’un autre âge. De quoi s’agit-il ? D’après la commission d’enquête parlementaire instituée à cet effet, il existerait effectivement un réseau de trafic d’êtres humains en RDC vers le Liban avec des ramifications dans les églises sur fond de complicités internes. Un pasteur est même cité comme membre actif du réseau. Le député national Benjamin Mukulungu cité par la Tempête des tropiques explique : « Plusieurs filles adolescentes ont été amenées au Liban, pour devenir des esclaves sexuelles et également servir pour de basses besognes. Entre 500 et 1.000 filles se trouveraient actuellement au Liban ». À en croire les deux rescapées ayant témoigné devant la commission, plus de 400 victimes de cette pratique abjecte et avilissante seraient actuellement livrées aux fantasmes de leurs tuteurs libanais.   

Deux sujets libanais, en l’occurrence, Fady Karout, le directeur général de Méditerranéen Service Congo (MSC) et Antoun Heloud, seraient les principaux cerveaux moteurs de cette opération. Ils sont  appuyés par deux Congolais chargés d’appâter les filles moyennant des espèces sonantes et trébuchantes. Il s’agit, à en croire le rapport de la mission, de convaincre les jeunes filles de l’existence d’un marché de l’emploi au Liban où elles iraient travailler dans les hôpitaux, alimentations et supermarchés moyennant paiement d’une somme de 2 500 dollars chacune. Une fois sur place, les concernées se rendent alors compte de la supercherie et, n’ayant plus de choix, se résignent devant la réalité des faits.   

Le Procureur général de la République qui a été saisi de cette situation, a ouvert un dossier judiciaire à charge des responsables du réseau dont certains seraient déjà aux arrêts, apprend-on. Utilisées dans le nettoyage des maisons et concessions, dans la garde d’enfants et vieillards, ainsi que dans des maisons de passe, ces jeunes filles vivraient un calvaire au grand dam de leurs familles restées au pays. Il est temps de démanteler ces réseaux de proxénètes et les traduire devant les Cours et tribunaux pour qu’ils soient jugés, recommande la mission d’enquête parlementaire. Et de plaider en faveur de l’assainissement de la Direction générale des migrations (DGM) ainsi que des autres services aux frontières afin de rendre plus rigoureuses les formalités à l’embarquement.  

Alain Diasso