RDC : l’opposition exige l’organisation de la présidentielle avant le 19 décembre 2016

Vendredi 10 Juin 2016 - 20:00

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Après deux jours de joutes oratoires et d’empoignades démocratiques, les membres de l’opposition congolaise, qui se sont réunis à Genval en Belgique du 8 au 9 juin, ont obtenu aux forceps un « acte d’engagement des forces politiques et sociales acquises au changement en République démocratique du Congo ». Objectif principal : le départ du pouvoir de Joseph Kabila le 20 décembre 2016 à minuit.

Deux jours d’âpres discussions auront permis de dynamiter les divergences, de gommer les querelles internes et de ranger au placard les égo, parfois surdimensionnés, afin de parvenir à un accord qualifié d’« historique ». Les rôles sont désormais distribués pour que l’opposition entame le premier acte de la conquête du pouvoir lors des prochaines élections. A cet effet, pour matérialiser les engagements solennels pris lors de la conférence de Genval, les forces politiques et sociales acquises au changement ont décidé de mettre en place un mécanisme de suivi, dénommé le « Rassemblement » doté  de deux organes à savoir le conseil des sages et la coordination des actions.

Cette dernière est chargée d’exécuter les résolutions de la conférence et de coordonner les actions en vue de favoriser l’avènement de l’alternance démocratique en RDC. Le conseil des sages est présidé par Etienne Tshisekedi wa Mulumba en sa qualité d’initiateur et composé par des membres de chaque partie prenante que sont l’Udps, la dynamique de l’opposition, le G7, l’alternance pour la République (AR), le Front du peuple, la MPP, le G14, la convention des Républicains et la Société Civile. Dans ce conseil des sages figurent notamment des personnalités comme Katebe Katoto, Muando Simba, Laurent Batumona et le docteur Bwassa-Bu- Tsumbu.

Convoquer la présidentielle le 19 septembre   

Sur le plan des décisions, les forces politiques et sociales acquises au changement ont rejeté toute idée ou projet de référendum pour élaborer une nouvelle Constitution et ont totalement refusé le dialogue convoqué par l’ordonnance présidentielle du 28 novembre 2015. Pour ce faire, ils exigent   l’organisation des élections dans le délai constitutionnel notamment l’élection présidentielle avant le 19 décembre 2016, conformément à l’article 73 de la Constitution. A ce sujet, elles invitent la Céni à convoquer le scrutin pour l’élection du président de la République le 19 septembre de cette année, conformément à l’article 73 de la Constitution. Dans l’« acte d’engagement des forces politiques et sociales acquises au changement en République démocratique du Congo » , l’opposition exige également la mise en œuvre intégrale de la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies sous la modération du facilitateur international renforcé par un panel des représentants des Nations unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de l’Organisation internationale de la francophonie ainsi que des Etats-Unis d’Amérique ; la libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques et d’opinions, des activistes des droits de l’homme et des journalistes ; le retour au pays de tous les exilés politiques congolais ; la libéralisation de l’espace politique ; l’ouverture des médias privés fermés arbitrairement et/ou confisqués ; le libre accès aux médias publics à tous les courants politiques et sociaux ; l’arrêt et l’abandon des tracasseries fiscales, administratives, policières ainsi que de toute procédure judiciaire arbitraire contre les membres de l’opposition et de la société civile ; l’examen de la question de l’organisation et du fonctionnement de la CENI et de la Cour constitutionnelle. « Nous avons réalisé le vœu du peuple congolais qui ne souhaite pas voir se prolonger le mandat de monsieur Kabila. Il faut organiser les élections et aujourd’hui la voie royale c’est la résolution 2277. Dans ce cadre, nous allons nous retrouver et débattre des questions liées au processus électoral. Nous sommes heureux et nous devons être fiers », a déclaré Martin Fayulu, membre de la dynamique de l’opposition. Pour sa part, Olivier Kamitatu, membre du G7, a estimé que tout le monde s’est accordé sur le fait que les ambitions personnelles devaient céder le pas à l’intérêt supérieur de la nation. « Nous devions nous rassembler autour d’un idéal, l’organisation des élections, autour d’un homme à savoir Etienne Tshisekedi, parce qu’il est le doyen de l’opposition. Donc c’est un grand pas qui est franchi. Cela a mis beaucoup de temps car les uns et les autres redoutaient des agendas cachés. Ce qui explique les tensions mais surtout l’enthousiasme qui clôture cette rencontre de Genval », a-t-il souligné.

Tshisekedi pas candidat unique

Néanmoins, ce rassemblement derrière Etienne Tshisekedi, ne fait pourtant pas de lui le candidat unique de l’opposition à la future élection présidentielle. Les ambitions personnelles pourraient de nouveau semer la discorde au sein de ce rassemblement quasi discipliné derrière le président de l’Udps. Vital Kamerhe, président de l’UNC et absent à Genval, s’est déjà déclaré candidat à la présidentielle pour le compte de son parti. Le G7, pour sa part, soutient la candidature de Moïse Katumbi, également grand absent de la Conférence de Genval mais représenté par son plus proche collaborateur.

Quoiqu’il en soit, à travers cet acte d’engagement, l’opposition congolaise semble avoir exprimé le besoin d’enterrer ses égarements du passé et manifesté l’envie d’un avenir radieux, vidé des incertitudes du présent. Reste à savoir si l’accord de Genval sera applicable sur le théâtre des opérations qu’est la RDC.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo1: Tshisekedi signe l'acte d'engagement Photo2: Une vue des participants dans la salle

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