Report controversé de la présidentielle : la Céni au pied du mur

Lundi 21 Mars 2016 - 18:50

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La décision de la Centrale électorale de saisir la Cour Constitutionnelle en vue d’obtenir la couverture judiciaire de l’organisation des élections en dehors des délais constitutionnels est au centre du débat politique.

La dernière sortie médiatique du président de la Céni sur la Voix de l’Amérique continue à alimenter la chronique de ces dernières heures sur fond des commentaires divers. Le fait pour Corneille Naanga d’avoir confirmé son incapacité à organiser la présidentielle dans le délai constitutionnel et de s’en remettre à la Cour constitutionnelle afin d’obtenir une « extension » censée lui permettre de s’exécuter au-delà de 2016, est perçu dans certains milieux comme un aveu d’échec. Aujourd’hui plus qu’hier, Corneille Naanga est l’objet de multiples critiques surtout de la part de l'opposition qui considère qu’il fait le jeu du pouvoir pour assurer le maintien au pouvoir de Joseph Kabila au mépris de la Constitution.

Jean Claude Mvuemba, président du MPCR n'y va pas par le dos de la cuillère et exige carrément la démission de Corneille Naanga pour "incompétence et usurpation des pouvoirs". Pour cet acteur politique, le président de la Céni, qui évoque des contraintes techniques comme un des obstacles à la tenue des scrutins en 2016, serait entrain de jeter la base d’une révision constitutionnelle pour permettre au président de la République de s’éterniser au pouvoir. Plus tranchant, le président de l’Envol estime, pour sa part, que Corneille Naanga vient de se fourvoyer dans une démarche infondée en cherchant à repousser à plus tard les différents scrutins prévus en 2016. Pour Delly Sessanga qui s’exprimait le 20 mars à la clôture du 1er congrès de son parti à Nioki (Maï-Ndombe), « la Céni n’a pas qualité pour saisir en interprétation la Constitution  qui énumère limitativement en son article 161 les autorités habilitées à cet effet, sans la mentionner ».

Juriste averti, Delly Sessanga trouve cette démarche simplement irrégulière et illégale en plus du fait qu’elle démontre les dérives du leadership actuel de la Centrale électorale. « La position militante de la Ceni de saisir la Cour Constitutionnelle en vue d’obtenir la couverture judiciaire de l’organisation des élections en dehors des délais constitutionnels est une forfaiture d’une institution chargée d’appuyer la démocratie », commente l’ancien président de la Commission PAJ de l’Assemblée nationale. Pour lui, l’extension sollicitée par la Céni ne viserait autre chose que la prolongation du mandat du Chef de l’Etat par l’entremise d’un pouvoir judiciaire réputé indépendant, qui n’a ni titre ni qualité pour conférer un quelconque mandat au président de la République. Ce qui, à ses yeux, constituerait à n’en pas douter une confiscation du pouvoir du peuple par des personnes non investies de ce mandat.

A la suite du leader de l’Envol, les leaders de la plate-forme G7 réunis le 20 mars, se sont eux aussi insurgés contre la démarche de la Ceni tendant à ne pas organiser les élections prévues en 2016 dans le délai constitutionnel. Pour eux, la Centrale électorale est devenue « un instrument de tous les coups du pouvoir vis-à-vis de la population ».

Dans les milieux de la majorité, la décision de la Céni est plutôt jugée responsable dans la mesure où l’impossibilité d’organiser les élections législative et présidentielle d’ici novembre 2016 parait de toute évidence. « Jusqu’à ce mois de mars, aucun dispositif clair pour la préparation de ces élections n’a été mis en place. Par conséquent, voir la Céni organiser les élections cette année paraît complètement exclu », argue-t-on dans les rangs de la Majorité.

Alain Diasso

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