Réseau routier national : plus de 16 000 km de routes aménagées en dix ans

Mercredi 14 Août 2019 - 18:15

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Le chantier d’interconnexion des villes et villages, entre 2005 et 2015, a permis la réalisation de 16 000 km de routes, dont 2000 km bitumés. Une ambition ralentie par le poids de la conjoncture économique. Place aux réalisations sporadiques.

 

 

Sur un réseau routier national de 34 600 km, le ministère de l’Equipement et de l’entretien routier a pu tenir un pari qui ne saura être sans prix à payer à l’avenir. Malgré les efforts consentis, ce travail est aujourd’hui remis en cause par les populations, faute d’entretien. Et pour cause : les tensions de trésorerie.

En l’espace de dix ans, un record de 14 000 km de routes a été atteint, soit pratiquement la moitié du réseau routier en terre qui compte près de 26 000 km, toutes pistes prises en compte. Sur 34 600 km, le réseau routier national dispose à ce jour de 5000 km de routes bitumées.

Actuellement des projets amorcés par ce département ministériel, entre 2017 et 2018, se poursuivent sur l’ensemble du territoire national. En voici la répartition par département.

Dans la Likouala, en dépit des efforts de désenclavement, le bitumage des routes se fait encore attendre. Impfondo reste à ce jour le seul chef-lieu de département qui n’est pas relié à Brazzaville par une route bitumée. Pour faciliter la jonction entre les départements, le ministère de l’Equipement et de l'entretien routier s’attèle à maintenir un bon niveau de service entre Ouesso et Impfondo, car ce dernier n’est plus, depuis un moment, accessible par voie aérienne.

Dans la Sangha, après avoir raccordé Owando-Makoua-Ouesso en 2015, le raccordement de Ketta avec la frontière du Cameroun, et la bretelle avec Aladi se poursuit. Si tout va bon train, comme l’assure Blaise Onanga, directeur général de l’Equipement et de l’entretien routier, le second module de 600 km, qui part de Sembé à la frontière avec le Cameroun, sera inauguré en 2020. Cette route, qui vise à relier Brazzaville à Yaoundé, entre dans le cadre de l’exécution des projets d’intégration sous-régionale.

Après la mise en circulation du tronçon Ouesso-Pokola-Enyellé en 2017, les travaux se poursuivent, avec pour objectif de mettre cet ouvrage dans les dispositions d’accueillir le corridor n°13, qui reliera Ouesso à Bangui (Centrafrique) en passant par Bétou. Cette même route sera, à terme, raccordée à N’Djamena (Tchad). Grâce aux travaux de redressement accomplis par la Congolaise industrielle de bois (CIB-Olam), cette route qui était au départ de l’ordre de 600km a été ramenée à 300km.

En dehors des travaux exécutés les années précédentes dans la Cuvette, aucune réalisation en perspective n’est envisagée, en raison du manque de moyens d’accompagnement. Dans ce département, seuls les points d’urgence font l’objet d’une attention particulière.

Les chantiers sont également au point mort dans la Cuvette-ouest. Comme dans la Cuvette, les rares interventions surviennent en cas d’urgence, à l’instar de la menace d’érosion entre Okoyo et la frontière avec le Gabon. Suite à l’effondrement du pont de Lembesi entre Ewo et Talas, un autre ouvrage sur la Mbama a été installé avec le concours des forestiers, pour permettre aux populations d’Ewo de rejoindre Etoumbi. Ewo, chef-lieu de ce département, est toujours en attente du raccordement par route bitumée d’une vingtaine de kilomètres avec Boundji.

Un réseau émaillé d’érosions

Depuis 2016, la route Djambala-Lékana était menacée par deux érosions : au PK10 et au PK21 en partant de Djambala. La première a été comblée avec le concours de la société Escom. Le remblai de la seconde a été réalisé par la société Sipam. Présentement, cette société forestière exploite la carrière de latérite en vue de scarifier les parties les plus dégradées de ce tronçon.

Dans le Pool, sur la partie nord de Brazzaville, le renforcement de la Route nationale n°2 (RN2) sur son tronçon Brazzaville-Ingah se poursuit. Ici, les travaux s’exécutent à pas de tortue, faute de financement. Actuellement, le cap a été mis sur Odziba avant d’atteindre Etsouali. Avec pour objectif de restaurer la RN2 dans son entièreté, la société China state construction engineering corporation LTD a amorcé les travaux d’élargissement du tronçon Etsouali-Ngo-Djambala tout comme Gamboma-Ollombo, dans les Plateaux, où le revêtement est déjà à mi-parcours.

Dans un tel contexte, difficile de prédire la fin des travaux, même si le ministère de l’Equipement garde son optimisme face à la reprise sans encombre du chantier routier.

Toujours dans le département du Pool (sud de Brazzaville), Taman industries est à pied d’œuvre pour rétablir la circulation interrompue par une série de quatre érosions sur l’axe Louingui-Loumou-Tombo-Manianga. Une fois terminé avec les villages du grand Boko, cette société forestière procèdera à la réhabilitation de la route qui part de Nganga-lingolo en passant par Linzolo-Mbandza-Ndounga-Kimpandzou pour sortir à Voka, y compris quelques bretelles. Il sera ensuite question de s’attaquer à la jonction de la route qui part de Mindouli-Kindamba-Vinza-Kimba, en allant vers la Lékoumou.

La route Madingou-Kimandou-Sibiti, dans la Bouenza, a été aménagée pour servir de voie de contournement pour les véhicules traversant le pont sur le Niari à Loudima, interdit d’accès aux poids lourds. Ici, la société PTC en charge des travaux attend toujours la signature du contrat. « Je crois que les travaux vont aller plus vite sous peu », souligne Blaise Onanga.

Malgré les financements qui se font aux compte-gouttes, le pont sur la Lékoumou –la rivière qui sépare le district de Komono à celui de Sibiti- a été réhabilité. Bientôt, affirme le directeur général de l’équipement et de l’entretien routier, « nous allons aussi attaquer le pont sur la Mpoukou et le pont sur la Loyo ».

Dans le Niari, entre Dolisie-Kibangou-Nianga et Nianga-Divenié la route était impraticable. Cet axe prend peu à peu forme grâce au concours de Taman.

Sur la RN1 au niveau de Malélé, dans le département du Kouilou, les deux érosions qui menaçaient de coupure la route ont été remblayées. Actuellement des réalisations sont en direction de Nzassi.

Le fonds routier aux abois

Le désenclavement des départements est un processus de longue haleine qui nécessite des financements en continu. Depuis 2015, le fonds routier n’est pas alimenté au mieux. Ce qui met le chantier routier en difficulté.

« Nous prenions déjà même le risque de commencer à raccorder les chefs-lieux des districts qui sont situés au bord des rivières du fleuve Congo ou de l’Oubangui. Après avoir terminé avec Ngabé et Mpouya,  les travaux d’aménagement se sont arrêtés à 5 km de Makotimpoko. Nous rêvions même un jour de faire une pénétrante qui part d’Oyo pour aller jusqu’à Mossaka. Nous étions arrivés à ces ambitions, raccorder Impfondo à Liranga », explique Blaise Onanga.

Des ambitions qui ne verront certainement pas le jour de sitôt. Faute de mesures d’accompagnement. Selon le ministère sous tutelle, le fonds routier avait atteint cinquante-trois milliards de FCFA en 2013. L’année passée, ce fonds ne disposait que d’un milliard de FCFA pour dix départements. A ce jour, le fonds routier n’a même pas encore atteint cinq cent mille FCFA dans le cadre de ses ressourcements. « C’est insignifiant. C’est le seul guichet qui pouvait nous permettre de financer l’entretien ou la réhabilitation des routes », déplore Blaise Onanga.

Pour faire face à cette situation, le gouvernement a signé une convention de partenariat avec les sociétés forestières en vue d’étendre le réseau routier ou de réhabiliter les pistes endommagées par usure. « La retenue des taxes au profit de la société CIB-Olam sera fonction des factures des travaux réalisés sur le terrain. Le gouvernement s’engage à financer le projet sur la base des fonds générés par les taxes forestières », peut-on lire dans la convention de partenariat signée entre le gouvernement et CIB-Olam, en charge des travaux dans la Likouala.

Le gouvernement a accepté d’opérer aux compensations. En clair, les sociétés forestières travaillent les routes et en contrepartie, les taxes qu’elles devraient reverser à l’Etat congolais sont en partie compensées par les travaux. Un procédé de fait devant la difficulté. C’est dire que les quelques chantiers en cours d’exécution, en dehors des travaux sur le tronçon Ketta-Sémbé-Souanké co-financés par le Congo et la BAD et des travaux sur la RN2, entièrement financés par l’Etat, sont réalisés par les sociétés forestières qui interviennent sur la base des compensations. « S’il n’y avait pas cette initiative, je pense qu’il nous serait impossible aujourd’hui de faire face même aux urgences parce que sur le guichet du fonds routier on enregistre pratiquement rien », argumente le directeur général de l’Equipement et de l’entretien routier.

De sources proches du ministère, ce département ne sait compter que sur les sociétés forestières pour désenclaver ou prendre des mesures de riposte face au danger qui menace sans cesse le réseau routier congolais. Pour éviter le pire, des actions sporadiques sont menées dans quasiment tous les départements.

Au-delà des préjugés, de bonnes perspectives s’annoncent à l’horizon, en témoigne les appels d’offres relatifs à la réhabilitation et à la construction des routes et des ponts dans les départements de la Lékoumou, du Pool, des Plateaux, du Niari et de la Bouenza lancés récemment par le ministère de l’Equipement et de l’entretien routier.

Il convient de souligner qu’entre 1953 et 1960, 48 km de routes ont été bitumées à Brazzaville et Pointe-Noire. Le réseau routier a connu une expansion entre 1960 et1980 grâce à l’aménagement de 17 000 km de routes dont 500 km bitumés. Un total de 25 000 km de voies aménagées a été atteint, entre 1980 et 2000, avec environ 1200 km de routes bitumées. La barre des 34 600 km de routes en terre a été franchie entre 2000 et 2019, avec un total de 5000 km de routes bitumées.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: L'érosion du PK21 sur la route Djambala-Lékana Photo 2: La route Djambala-Lékana après le remblai de l'érosion Photo 3: Les travaux de remblai sur la rivière Motaba dans la Likouala

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