Retombées de l'opération "Mbata ya bakolo" : plus de 500 étudiants congolais en RDC regagnent Brazzaville

Samedi 26 Avril 2014 - 16:43

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Plus de 500 étudiants congolais victimes de violences diverses de la part de certaines populations de Kinshasa ont regagné Brazzaville, samedi matin par le Beach grâce à un bateau affrêté par les autorités

Victimes des effets collatéraux de l’opération "Mbata ya BaKolo" lancée à Brazzaville par la police congolaise, le 4 avril, pour contrer le banditisme et lutter contre l’immigration clandestine, des étudiants congolais, particulièrement ceux de la province de Kinshasa, ont évité le pire en faisant le choix de rentrer à la maison malgré eux. 

Il était 11heures lorsqu’ils sont sortis du Beach de Brazzaville envahi depuis quelques jours par les ressortissants de la RDC qui regagnent en masse leur pays. Valises en main, sacs à dos pour certains et drapeau tricolore en exhibition, c’est  nonchalamment qu’ils se sont dirigés vers la sortie pour saluer les parents et amis venus les accueillir devant l’immeuble du 5-février. Dans ces retrouvailles inopportunes, aucune autorité compétente pour conforter ces étudiants qui voient toute une année scolaire compromise. 

Mais pourquoi ont t-ils décidé de rentrer ?

L'amplication et la distorsion que la presse kinoise a faites dans le traitement de l’opération "Mbata ya baKolo" ont chauffé les esprits des populations de Kinshasa qui ont décidé de s’en prendre maladroitement aux ressortissants congolais, étudiants compris. Mis au pilori dans les quartiers et cibles d’agressions verbales et physiques, ces étudiants ont craint pour leur sécurité, explique l'un d'eux.

« Nous sommes menacés dans les quartiers. À l’université, la violence a commencé à monter par des  influences et autres agissements. Ils nous demandent de rentrer chez nous. Nous rentrons par mesure de prudence », raconte un étudiant en médecine à Bel Campus. « Si nous rentrons, c’est parce qu’au regard du rapatriement des sujets de la RDC qui ne sont pas en règle, la population a décidé de molester tous les Brazzavillois et étudiants. Pour des mesures de sécurité nous avons décidé de rentrer chez nous », complète Gony, étudiant en 2ème année de médecine. 

Grâce à l’Association des étudiants congolais évoluant en RDC, l’initiative a été prise afin d’alerter tous les étudiants de regagner l’ambassade du Congo à Kinshasa. C’est par le biais de cette coordination que plus 500 étudiants ont été hébergés à l’ambassade, depuis jeudi, dans des conditions que l’on peut imaginer difficiles. « L’ambassade nous a pris en charge. Nous étions environ 500. Les autres nous ont rejoints pour traverser aujourd’hui. Nous sommes autour de 600 étudiants rentrés ce matin. Ceux qui sont restés ne mesurent certainement pas l’ampleur de la situation », explique un étudiant finaliste en Télécommunication.

Mais comment rattraper toute une année universitaire dont les examens de fin d’année sont prévus en juin prochain ?

La question fâche et les étudiants commentent. «  Nous ne sommes pas contre l’opération Mbata ya ba kolo. Mais il fallait attendre que les enfants partent en vacance pour régler le problème. Même les Kinois qu’on rapatrie ont des enfants à l’école. Donc nous on doit sacrifier notre vie pour cela ? », s’interroge un finaliste de l’IPG, étudiant en forage et production.

Devant le regret de perdre une année de cours et, peut-être, de voir être hypothéquée toute une formation, les étudiants congolais en appellent « au ressaisissement des deux gouvernements ». « Nous avons nos papiers, nos titres de séjour et cartes consulaires. Pourquoi devons-nous subir ? », se demandent-ils.

Si dans la province de Kinshasa la majorité des étudiants congolais sont rentrés, ceux évoluant dans d’autres régions ne semblent pas être inquiétés pour l’heure. Pourvu que le venin de la désinformation n’incite pas les populations à la bêtise.

 

 

Quentin Loubou