Retombées des évènements du 30 décembre : la sécurité intérieure mise à rude épreuve

Samedi 11 Janvier 2014 - 14:45

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Les forces de police et de sécurité ont décidément du pain sur la planche en ce début d’année 2014.

Des foyers de tension ne cessent de se multiplier à travers le pays. L’autorité de l’État est sérieusement mise en mal dans certaines parties du pays. Il est temps de prendre la mesure du danger et agir efficacement afin d’éloigner le spectre d’embrasement qui plane sur le pays. Considéré comme le ventre mou de la République, l’est de la RDC fait aujourd’hui jeu égal avec le nord et le sud-est du pays en termes d’insécurité et de violence devenues leur lot quotidien. Depuis mars 2013, la ville de Lubumbashi est secouée régulièrement par des attaques à répétition des miliciens indépendantistes Maï Maï qui sont loin d’abdiquer comme en témoignent les affrontements du 8 janvier avec les Fardc lesquels ont fait vingt-six morts.

Entre-temps, les localités de Masaili, Selemena, Shipenka et Kapeta dans le territoire de Pweto au Katanga sont constamment visités par des Maï Maï qui y sèment la panique et la désolation. Les dernières informations font état de quatre villages incendiés le 6 janvier à Kizabi, situé dans ce même territoire, poussant à la brousse plus ou moins six cents familles, à en croire une notabilité locale citée par Radio Okapi. Face à l’insécurité quasi permanente, plusieurs villages de ce coin du pays ont été vidés de leurs habitants qui ont trouvé refuge dans des camps de pêche au bord du lac Moero.

Quiétude perturbée

En Province Orientale, et précisément dans la ville de Kisangani, le comité de sécurité provincial a maille à partir ces derniers temps avec les criminels et autres pyromanes. Après les échauffourées enregistrées le 2 janvier suite aux représailles des unités de la garde républicaine contre des jeunes gens accusés d’avoir tabassé un de leurs, la ville a été de nouveau sous tension après le meurtre d’un motard. À cela s’ajoutent de nombreux cas de vol, de viols, de pillages et de blessés par balles. D’où l’instauration des patrouilles mixtes motorisées et pédestres des policiers et militaires dans la ville.

À Mbuji-Mayi (province du Kasaï Oriental), la quiétude de la population a été perturbée le 9 janvier suite à la marche désamorcée des militants de ce parti. Ces derniers tenaient à protester contre l’arrestation et le transfert à Kinshasa de leur secrétaire fédéral arrêté après sa participation à une émission de radio portant sur les attaques du 30 décembre dernier. Plusieurs militants ont été arrêtés, d’autres interpellés par les forces de l’ordre qui ont mis en place un dispositif sécuritaire efficace. À Mbandaka, Gbadolité et dans d’autres territoires de la province de l’Équateur, l’infiltration des éléments incontrôlés de l’ex-coalition rebelle de la Seleka dans la foulée de la prise de Bangui, fait redouter une spirale de violence. Même ressentiment dans la Province Orientale où d’autres éléments Seleka et ex-Faca s’y sont déportés.

Une tâche ardue

Pendant ce temps, les sources locales font état du déplacement ces jours-ci des rebelles ougandais des ADF/Nalu du territoire de Beni (Nord-Kivu) vers la Province Orientale. Ils tenteraient, à en croire la société civile locale, de rejoindre d’autres groupes des milices actives en Ituri pour se prémunir contre les prochaines opérations militaires que les Fardc préparent  dans la région de Beni. C’est dire combien la tâche est ardue pour les Fardc obligées d’être regardantes sur divers fronts érigés par les forces négatives, tant étrangères que nationales. La débâcle du M23, fait-on savoir, ne constitue qu’une étape minime dans le processus de restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national qui passe pour une guéguerre.

Les groupes armés ont encore la peau dure dans l’est du pays. Parmi les chefs miliciens opérant au Nord-Kivu encore en cavale, l’on cite notamment Cobra Matata, le leader de la Force de résistance patriotique de l’Ituri (Province Orientale) et Ntabo Ntaberizi, alias Cheka, de Nduma Defense of Congo. Avec les Maï Maï pris dans leur diversité, mais aussi les FDLR et aujourd’hui les adeptes de la restauration de Jésus-Christ du prophète Mukungubila (auteurs des évènements du 30 décembre 2013 à Kinshasa), Lubumbashi, Kundu et Kolwezi, et tant d’autres groupuscules armés, l’on mesure parfaitement aujourd’hui l’étendue de la tâche qui incombe aux Fardc et à la Monusco.  

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments des FDLR à l'est de la RDC