Revue de presse internationale

Samedi 16 Juillet 2016 - 16:16

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Le boum démographique en Afrique constitue à la fois un danger et une opportunité, Financial Times, 7 juillet 2016.

Certains événements, tels que les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les attentats terroristes en Europe et en Afrique ou le Brexit, entrainent des changements dans le monde du jour au lendemain. D'autres le font plus discrètement, l'explosion démographique de l'Afrique est un de ces évènements majeurs que l’on n’appréhende pas d’emblée.

L'un des grands changements structurels des prochaines décennies sera l'énorme décalage relatif de la population mondiale par rapport à l'Afrique. Aujourd'hui, plus de 1 milliard de personnes vivent en Afrique, à peu près autant qu’en Europe ou aux Amériques. Mais si ces continents ont cessé de voir leurs populations croître, il n’en est pas de même en Afrique.

La population africaine va doubler pour atteindre 2 milliards d'ici 2050. L’Asie va également s’enrichir d’un milliard des personnes pour atteindre 5 milliards - et ensuite se stabiliser. L’Afrique, en contraste, verra sa population augmenter. En 2100, sa population pourrait doubler, selon les experts des Nations unies, source à partir de laquelle ces estimations sont fournies. Si cela est exact, à la fin de ce siècle, au moins 4 milliards des 11 milliards de la population mondiale sera africaine, contre seulement 1 milliard aujourd'hui.

La hausse vertigineuse doit au fait que la mortalité infantile a chuté de façon spectaculaire, et l'espérance de vie, quoiqu’encore faible, s’est améliorée. Les taux de natalité restent élevés à environ cinq enfants par femme. Jusqu'à ce que le taux de fécondité de l'Afrique diminue fortement, sa population va croître de façon exponentielle.

Néanmoins, un gros problème subsiste en Afrique et peut se résumer en un mot : emploi. Contrairement à l'Asie, qui a transformé les agriculteurs en ouvriers d'usine à la suite d’une industrialisation forte, le développement économique est insuffisant en Afrique. Seuls quelques pays, parmi lesquels l'Ethiopie, ont une politique industrielle cohérente permettant d’« absorber» le surplus de population.

L'histoire de l'Afrique se joue au niveau des États et des villes, c’est-à-dire de la politique conduite et de l’urbanisation. Pour ce faire, il faudra : une révolution agricole, des villes planifiées, une industrialisation, des dizaines de millions d'emplois créés et des institutions dignes de confiance.

 

Un volcan au Congo fertilise le sol, mais une nouvelle éruption menace, Boston Globe, 25 juin 2016.

Travaillant sous le soleil de midi, l’agriculteur Daniel Lazuba, âgé de 49 ans se souvient très bien du moment avant l’éruption de l’un des volcans les plus actifs de l'Afrique survenue il y a 14 ans. "Il y avait avant ici du maïs," dit-il en montrant des rangées de nouveaux bananiers qui poussent entre les pierres noires. « Le chou semble pousser de mieux en mieux, néanmoins il me faut repartir de zéro." Les agriculteurs traumatisés tels que Lazuba retournent lentement aux champs décimés par l'éruption de 2002 du mont Nyiragongo dans l'est du Congo. La lave a coulé jusqu’à la ville de Goma, située à 20 kilomètres de l’éruption volcanique. Près de 150 personnes avait alors péri et 400.000 ont fui vers le Rwanda voisin.

Maintenant, les agriculteurs qui retournent dans leurs champs constatent la richesse des récoltes de ce sol volcanique, mais il y a des signes que Nyiragongo va à nouveau cracher sa lave. Un agriculteur, Patrick Tamoini, a déclaré que ses récoltes avaient augmenté au cours des deux dernières  depuis son retour à son lopin de terre à proximité du cœur du volcan.

"La lave enrichit effectivement le sol qu'elle a initialement brûlé", a déclaré Mathieu Yalira, le président de la géochimie et de l'environnement du département de l'observatoire. Le sol volcanique comprend des éléments fertilisants tels que le fer, le phosphore et le potassium, dit-il. Dans les années qui suivent une éruption, un processus connu comme l'altération chimique rend le sol plus fertile qu’à l’ordinaire. Le risque d'une autre éruption est appréhendé selon certains agriculteurs, dont la vie dépend de leurs cultures et qui sont maintenant prêts à demeurer sur place.

L'art politique : Kader Attia au Museum für Moderne Kunst de Francfort (MMK), Financial Times, 8 juillet 2016.

18 imposants bustes en bois, leurs visages déformés et défigurés, cette installation frappant les esprits est l’œuvre majeure d'une exposition de l'artiste franco-algérien Kader Attia au Museum für Moderne Kunst de Francfort (MMK). « Je suis fasciné par la façon dont les sociétés traditionnelles restaurent leurs objets, non seulement en Afrique, mais aussi au Japon et ailleurs en Occident, quand un objet cassé est réparé, le processus de réparation garde toujours la trace de la blessure », explique l’artiste.

Ce fut pendant un séjour en République du Congo, au milieu des années 1990, que l’artiste fut fasciné par la façon dont les gens restauraient les objets. Alors que les sociétés traditionnelles réparaient les objets pour leur donner une nouvelle vie, incorporant souvent des éléments de la culture européenne dans le processus, l’approche occidentale est de jeter les objets endommagés, pour ne conserver que les originaux en parfait état.

Pour Attia, la réparation est devenue une métaphore de réappropriation culturelle, une résistance politique, et estime que l'approche non-occidentale à réparer les objets constitue un indice psychique sur la façon dont nous pourrions apprendre à exprimer les idées refoulées et redonner de l’élan au vivre ensemble. "Oxymorons de Reason" (2015), une vidéo de 18 minutes, dans laquelle l’artiste discute du colonialisme, de la maladie mentale et du génocide avec des psychiatres, des historiens, des guérisseurs traditionnels et d'autres personnes, la plupart d'entre eux Africains, a servi d’introduction à cette exposition.

 

 

 

Sonya Ciesnik

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