Saisie d'ivoires à Kinshasa : un plaidoyer pour des sanctions exemplaires et conformes à la loi

Mercredi 24 Février 2016 - 17:00

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Ce châtiment, pensent l’Usaid, WWF, Traffic et l’ICCN, permettra de décourager le commerce illicite d’ivoires.

La conférence de presse tenue conjointement, le 23 février, dans les locaux de WWF par les représentants de l’Usaid, de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), du WWF et de Traffic, a constitué une sonnette d’alarme signalant le danger que court l’éléphant de la RDC en particulier et de toute l’Afrique en général. « Nous sommes réunis aujourd’hui en ce lieu pour tirer la sonnette d’alarme et dire : ‘’L’éléphant d’Afrique est en danger d’extinction à cause du commerce illicite de l’ivoire », a dit la directrice de l’Usaid/RDC, Diana Putman.

Au cours de cette activité, en effet, toutes ces personnalités, au nom de leurs institutions, ont salué le coup de filet réalisé par la Police nationale congolaise, qui a permis de saisir près de trente kilos d’ivoires ainsi que du matériel des ateliers de traitement d’ivoires, et de démanteler un réseau de trafiquants. Pour ces institutions, ce coup de filet constitue un signal fort lancé par la RDC, qui traduit son engagement à lutter contre ce trafic et à y mettre fin. Mais elles s’attendent à l’application des sanctions exemplaires et conformes à la loi afin de décourager le braconnage et le commerce de l’ivoire. « Ceci démontre que lorsqu’il y a de la volonté politique avec l’appui des bailleurs, il y a des résultats probants dans la lutte contre le commerce illégal des produits de la faune », a souligné la directrice de l’Usaid/RDC, qui a également réaffirmé l’engagement du gouvernement américain, à travers l’Usaid, d’accompagner la RDC dans la protection de la biodiversité. Il y a du succès, a-t-elle dit, cependant nous reconnaissons que beaucoup reste à faire.

Une activité interdite

Pour le chef de Programme faune à WWF, Alfred Yoko, l’attente est également de voir ce colis d’ivoires saisi être détruit afin de montrer que le commerce d’ivoires est une activité interdite, parce que la RDC a ratifié la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) et qu’il existait au pays un moratoire qui interdit le commerce d’ivoires. Mais il a également regretté que les meneurs de ces activités ne soient pas encore arrêtés. « Ce coup de filet servira à dissuader les trafiquants, qui doivent réaliser qu’ils ne sont plus libres d’exercer », a noté le représentant de Traffic, Cléo Mashini.

Le représentant du directeur général de l’ICCN, le directeur et chef de bureau du DG, Augustin Ngumbi, a rappelé les efforts fournis par cette institution de l’État et ses partenaires pour lutter contre le commerce d’ivoires. Mais il a aussi déploré la collaboration de la justice, qui n’accompagne pas souvent ces efforts, notamment quand les magistrats formés sont mutés ou déplacés. « Après sensibilisation, les magistrats sont souvent mutés. Ce qui oblige à aller plus loin dans la sensibilisation. C’est très décevant l’attitude du pouvoir judiciaire par rapport à l’accompagnement… », a-t-il noté.

Encouragement pour tous les acteurs

Cette saisie de près de trente kilos d’ivoires ainsi que toutes les autres qui ont précédé constituent, à en croire WWF, Traffic, l’ICCN et l’Usaid, leur bailleur de fonds, un encouragement pour aller de l’avant. À en croire Diana Putman, l’Usaid, à travers son Programme régional pour l’environnement en Afrique centrale (Carpe) va allouer plus de fonds pour la surveillance de l’application stratégique des lois et de l’équipement des éco-gardes dans les zones protégées du Bassin du Congo, et l’appui aux parcs, aux procureurs et aux juges pour arrêter les criminels et s’assurer qu’ils sont sanctionnés.

Le WWF et ses partenaires ont remercié l’Usaid. Ils ont également félicité le gouvernement de la RDC pour cette action qui a permis de saisir le colis et de démanteler le réseau de trafic d’ivoires. « Cette action montre que les trafiquants d’ivoires ne peuvent plus compter sur l’impunité pour leurs crimes dans le pays et démontre qu’avec détermination, le succès dans le combat contre la criminalité sur la faune, en RDC, est possible », a souligné WWF.

Il est noté que conformément à la loi congolaise de 2014 sur la faune, toute personne reconnue coupable d’avoir tué, blessé, capturé ou encore en possession d’un animal entièrement protégé, y compris l’éléphant, encourt une peine de prison d’un à dix ans et/ou une peine d’amende de 5 à 10 millions de francs congolais (FC). Le trafic international impliquant des espèces intégralement protégées, tel que le trafic illégal d’ivoire, est puni encore plus sévèrement de cinq à dix ans de prison et/ou d’une amande de 25 à 100 millions de FC.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Cléo Mashini, Augustin Ngumbi, Diana Putman et Alfred Yoko, lors de la conférence de presse /Photo Adiac

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